Pour frimer en cultivant votre esprit d’insoumission, que ce soit à la plage, à la ZAD, à la montagne, en colo, en rando, et pourquoi pas, au taf, en prison, en contrôle judiciaire, voici une sélection des livres que vous n’avez jamais pris le temps de lire !
Tout le monde en parle, mais personne ne l’a lue : La Conquête du pain est au départ une compilation d’articles du journal Le Révolté qui est devenu un grand classique de l’anarchisme, particulièrement parce qu’elle décrit les moyens de production et les buts d’une société anarchiste/communiste.
Anthropologue et géographe, Kropotkine est un drôle de personnage : provenant d’une lignée ancienne de la noblesse russe, petit-fils d’un général qui a mis la pile à Napoléon, il grandit dans un domaine agricole riche. Il est d’abord affecté à l’armée impériale, chez les Cosaques, puis suit des études de géographie et d’anthropologie. Il explore la Sibérie… ainsi que les idées proudhoniennes qui lui plaisent drôlement.
Dès 1872, il adhère à la Fédération jurassienne, et donc à l’Association internationale des travailleurs.
Il est arrêté à Saint-Pétersbourg en 1874 pour « activités révolutionnaires » : il s’évade et part en Europe, s’installe en Suisse et devient ami de Malatesta, Jean Grave.
Sa conception de l’anarchisme, à l’époque, est la propagande par le fait ; il a une vision très scientifique de la politique comme beaucoup d’anarchistes de l’époque et fait un travail de théorie particulièrement remarquable.
L’Anarchie est une conception de l’Univers basée sur l’interprétation mécanique des phénomènes, et qui embrasse toute la Nature, y compris la vie des sociétés.
Il publie beaucoup d’articles dans Le Révolté à partir de 1879. Expulsé de Suisse, il s’installe à Thonon-les-Bains, mais la période 1882-1886 ne lui sera pas faste : accusé (à raison) d’appartenance à l’AIT (Procès des 66), il est prisonnier durant 3 ans à la prison de Clairvaux.
Il s’installe donc à Londres une fois sa peine purgée, et continue à fréquenter les hautes sphères du milieu libertaire d’alors : Élisée Reclus, Charlotte Wilson, dont il rejoint l’ambition de fonder un « anarchisme scientifique » dans la lignée de Proudhon.
C’est dans cet environnement qu’il réalise La conquête du pain, avec une préface d’Élisée Reclus : c’est un sacré petit condensé d’idées plus qu’une compilation d’articles. Kropotkine explique longuement les méthodes et processus divers du capitalisme pour accaparer les richesses, naturelles comme humaines.
L’exploitation est le sujet phare de cet essai : Kropotkine y oppose le modèle d’une société d’entraide, vraiment humaine, et prend des exemples particulièrement modernes (le train, le trafic fluvial, l’organisation du travail capitaliste, etc.) pour affirmer clairement que le but de la révolution, c’est justement d’être à l’aise.
La Conquête du pain se lit comme le récit d’une Commune dont le souvenir est encore brûlant : pour un jour, être libres et solidaires.
Ainsi le simple fait de l’accaparement étend ses conséquences sur l’ensemble de la vie sociale. Sous peine de périr, les sociétés humaines sont forcées de revenir aux principes fondamentaux : les moyens de production étant l’œuvre collective de l’humanité, ils font retour à la collectivité humaine. L’appropriation personnelle n’en est ni juste, ni utile.
Tout est à tous, puisque tous en ont besoin, puisque tous ont travaillé dans la mesure de leurs forces et qu’il est matériellement impossible de déterminer la part qui pourrait appartenir à chacun dans la production actuelle des richesses.
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