Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes : notre indignation n’est pas sélective

Communiqué du Collectif 8 mars pour toutes du 23 Novembre 2013 suite à la marche contre les violences faites aux femmes

Alors que les violences envers les femmes ne cessent d’augmenter, et malgré un appel du CNDF (collectif national pour les droits des femmes) qui se voulait large, la manifestation du 23 novembre contre les violences faites aux femmes n’a rassemblé que quelques centaines de personnes, et s’est focalisée exclusivement sur l’abolition de la prostitution et la pénalisation des clients. Cette insistance sur la pénalisation des clients de la prostitution a non seulement provoqué le désistement d’une partie des organisations féministes, syndicales et politiques, mais semble surtout avoir découragé de nombreuses femmes de participer à cette mobilisation.

Les violences envers les femmes, toutes les femmes, sont loin de cesser. Aujourd’hui, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint, alors qu’il y a un an ce chiffre était d’une femme tous les trois jours ; les agressions de femmes musulmanes portant le foulard se multiplient, dans un climat d’islamophobie décomplexée. La précarité des femmes, aggravée par les politiques d’austérité, les rend plus vulnérables aux violences. Les politiques répressives, notamment en matière d’immigration et de travail sexuel, constituent pour de nombreuses femmes autant d’entraves à l’accès à leurs droits.

L’indignation du collectif 8 mars pout toutes n’est pas sélective. Dès la veille de la manifestation nous avons collé le long du parcours des affiches dénonçant les agressions de femmes voilées, et rappelant que « avec ou sans foulard, nos corps nous appartiennent ». Au départ de la manifestation, nous avons déployé une banderole pour rappeler que la pénalisation des clients des travailleuses du sexe entraînerait plus de violences envers celles-ci : « clients pénalisés = putes assassinées ». Nous avons également déversé du faux sang à la fin du parcours, symbolisant le sang des travailleuses du sexe dans lequel marchent celles qui défendent la proposition de loi de pénalisation des clients.

Face à un féminisme excluant, nous proposons de construire un féminisme qui soit une pensée et une pratique de lutte pour l’émancipation de toutes les femmes, et qui parte de la parole des premières concernées : putes, gouines, femmes portant le foulard, trans, handicapées, racisées, migrantes, précaires... Nous sommes les actrices de notre émancipation, et nous n’attendons pas que l’État ou la police nous libèrent.

Note

Collectif 8 mars pour toutes
23 novembre 2013

Localisation : Paris

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