La Préfecture de police de Paris vient de pondre environ 130 arrêtés d’interdiction de manifester en vue de la journée nationale du mardi 14 juin.
Comme lors de la précédente vague d’interdiction, ces arrêtés s’appuient sur l’article 5 alinéa 3 de la loi sur l’état d’urgence, utilisée de manière continue contre la contestation sociale et sans aucun rapport avec une quelconque menace terroriste. Et comme la fois précédente, l’interdiction de manifester se traduit par la défense de se rendre dans la journée dans un certain nombre d’arrondissements de Paris (les 5e, 6e, 7e, 13e, 14e et 15e) et le soir place de la République et alentours.
Il y a cependant une différence notable avec les arrêtés de la journée du 17 mai : il semble que les récentes interdictions, au lieu de viser des militants connus des services de police et de renseignement, concernent plutôt des manifestants interpellés durant les précédentes manifestations. Il s’agit sans doute d’éviter le camouflet qui avait été infligé à la préfecture le 17 mai, lorsque le juge des référés avait suspendu neuf des dix arrêtés qui avaient été contestés devant le tribunal administratif de Paris. L’espoir de la préfecture, c’est que l’interpellation subie par les manifestants justifie, aux yeux de la justice administrative, la mesure prise à leur encontre – et ce alors même que nombre d’entre eux, qui n’ont pas encore été jugés, sont présumés innocents.
Naturellement, cette manière de procéder est tout aussi inacceptable que la précédente. On sait combien les interpellations de manifestants sont arbitraires et brutales. Piégés dans des nasses, arrêtés au hasard, détenus dans des locaux de garde-à-vue et poursuivis sur la foi des seuls affirmations approximatives des services de police, ces manifestants sont à présent interdits de retourner exprimer leur opposition à la politique du gouvernement. On leur applique une véritable double peine : ils subissent d’abord la répression d’une police qui cherche à justifier, par des arrestations massives, sa propre violence, et ensuite la loi sur l’état d’urgence prétend les empêcher de continuer à participer à la lutte.
Des recours peuvent être préparés contre ces arrêtés. Afin de les aider dans cette démarche, nous invitons une fois de plus toutes les personnes concernées à envoyer un mail au groupe de défense collective (Defcol) : defcol(at)riseup.net.