Gare du nord : Le dangereux terroriste à trompette Ibrahim Maalouf fiché par INTERPOL

Le célèbre et talentueux Ibrahim Maalouf [1] s’est fait serrer Gare du nord. Pas de chance pour lui, il a « bipé » au passage de la douane. Une grande première pour lui. Le garçon est un peu surpris et on le comprend... C’est pas comme s’il faisait des tournées mondiales très régulièrement...

J’ai été retenu par la police à la Gare du Nord. Il était indiqué sur leur ordinateur que mon passeport était signalé « Interpol positif ». Ils me l’ont confisqué et m’ont interrogé. J’ai raté deux trains supplémentaires, et annulé toute la journée de promotion que je devais faire à Londres. Puis, j’ai été relâché. J’avais ma carte d’identité sur moi, j’ai donc pu monter dans un train. Une fois assis, j’ai été rejoint par trois agents de la Douane qui m’ont demandé de descendre.
J’ai refusé et nous avons eu une explication musclée car je n’avais rien à me reprocher. En fait, ils avaient mal pris le fait qu’un article du Parisien, publié quelques minutes plus tôt, relate ma mésaventure en disant que la douane m’avait arrêté, sur la base de ce que j’avais raconté sur mon compte Facebook personnel. Ils m’ont accusé, devant tout les passagers, de « diffamation ».
Le pire, c’est que sur mon post Facebook je n’avais absolument pas écrit le mot « douane ». Je n’y ai mentionné que la police. Le journaliste du Parisien s’est trompé. A la suite de cet échange musclé, j’ai menacé les agents de police, qui avaient demandé à la sécurité de venir me sortir du train, d’en parler à la presse de manière beaucoup plus étendue, pour une imprécision dont je n’étais même pas responsable ! Ils se sont calmés, et une minute avant que le train ne démarre, ils m’ont laissé partir… J’ai pu arriver juste à l’heure pour le concert qui s’est très bien passé !

Serait-ce arrivé à André Dussolier ou Béatrice Dalle ?
Surement pas...
Il faut dire que le nom du redoutable trompettiste sonne quand même franchement terroriste... Ibrahim. N’aurait il pas pu s’appeler Antoine ou François ?
Malheureusement, Maalouf ne se leurre pas : il sait qu’il s’agit du quotidien de nombreux français.

J’ai reçu de nombreux messages de soutien. Plus de trois cents mails, et messages Facebook en moins de deux ou trois heures. Tout le monde a été très émouvant. Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est qu’une bonne moitié des messages me demandaient de ne pas trop en parler pour ne pas créer de psychose, pour ne pas affoler tout le monde et pour ne pas passer pour un « martyr » du système. Et l’autre moitié m’encourageait à en parler allègrement.

Certains messages étaient très touchants, notamment ceux qui me disaient « Ibrahim, s’il te plaît, parle car, toi, on t’écoutera. Nous, on en parle tout le temps mais tout le monde s’en fout. Toi, tu es connu, si tu le dis, les gens vont prendre conscience de ces situations. Raconte-leur ce qu’on subit tous les jours. Si tu ne le fais pas ça veut dire que tu nous laisses tomber. »

A bon entendeur !

Notes

[1Ibrahim Maalouf, né le 5 novembre 1980 à Beyrouth, est un musicien (trompettiste et pianiste), compositeur, notamment de musiques de films, arrangeur, producteur et professeur d’improvisation et de trompette français.

Mots-clefs : anti-racisme | police
Localisation : Paris 10e

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