Petit tour d’horizon
Pour le gouvernement aux manettes, la plus grande entourloupe pratiquée consiste à récupérer des thématiques avancées par ses opposants. Ainsi, à Biarritz, ce rendez-vous veut se donner des airs de forum quasi altermondialiste capable de régler des problèmes qu’il génère. Il s’agit de faire croire qu’un tel rendez-vous est nécessaire et altruiste alors que dans la plupart des cas, c’est l’échec diplomatique et la non-tenue des engagements préconisés. À cela s’associe la « facilitation » d’un contre sommet, dans une recherche de « convergence d’intérêts » destinée à canaliser les franges adverses jugées les plus acceptables. On nous le répète assez, tout le monde a le droit de s’exprimer en démocratie et un sommet réussi est également un contre-sommet réussi.
Autre campagne de propagande à effets multiples : l’instauration d’un climat de peur par l’annonce de l’arrivée massive de black blocs et autres antisystèmes. Dans notre cas, on ne les a pas encore vus à l’œuvre qu’ils ont déjà virtuellement saccagé la côte basque ! On occulte la brutalité du système défendu par le G7 (sans commune mesure avec la violence des manifestants), on militarise le territoire, on met en place une batterie de mesures d’exception jusqu’à des appels à la délation et on tente de diviser l’ennemi, en allant jusqu’à promettre de la « protection » aux plus non violents.
Réactions révélatrices
L’attitude d’un certain nombre d’élus locaux en prévision de ce « tsunami » est pour le moins surprenante. Même si, à ce jour, la seule victime violentée à l’occasion de ce G7 est une jeune fille blessée par un tir de flashball, c’est silence radio sur la gestion plus que musclée de la part de l’exécutif des manifestations de tout type ces derniers mois.
Pas un mot non plus sur les politiques mortifères de Macron, de Trump, du gouvernement d’extrême droite italien ou sur l’imposition de la tenue de ce sommet, décidée sans aucune concertation.
Non seulement nos représentants acceptent le tout, mais jouent à leur tour le jeu de l’enfumage des retombées positives, en désignant les « éléments radicaux » comme uniques fauteurs. On entend ici et là que nombre de décideurs du coin ne sont pas très chauds à l’idée de recevoir ce sommet, mais chut, en public, c’est défense sacrée de l’État et de l’économie libérale. Au point que ce sont des villes mortes qui sont envisagées pour laisser les coudées franches aux interventions répressives.
On est là, on sera là
Dans les réseaux contre le G7, ça fuse dans tous les sens. À un mois du rendez-vous, on s’attend à une montée en puissance. L’occasion d’organiser une action efficace se pose au vu d’éléments connus : répulsion majoritaire du sommet, mouvements populaires en France, date et lieu du rendez-vous compliqués, potentiel local, etc.
Alors, que fait-on ?
Une constante des contre-sommets est la diversité des revendications et des modes d’action. Pas la peine d’en faire une dramatisation à outrance. Des pacifismes symboliques aux insurrectionalistes tranchants, toutes les couleurs seront sur place.
Au-delà des débats sur le bien-fondé et le dogmatisme de chaque composante, la question à se poser est la suivante : comment fait-on pour empêcher, ensemble, le G7 de discourir de manière normalisée, tout en offrant des espaces de collaboration aux différentes dynamiques ? Il s’agit de donner un socle commun à ce qu’on pourrait appeler la voie du milieu. Celle qui se développe partout et n’attend qu’une nouvelle impulsion au sein de plusieurs collectifs disséminés sur le territoire basque.
Monter la désobéissance d’un cran
Comment ? En s’inspirant de pratiques concrètes : herri harresiak (murs populaires) contre les arrestations, blocages en faveur de la justice climatique (Ende Gelände en Allemagne, émergence d’Extinction Rebellion, sommet du pétrole à Pau en 2016…) occupations de zones à défendre, Gilets jaunes sur les ronds-points et Gilets noirs au Panthéon, comités de défense de la République catalans sur les péages, Sea Watch III, paysans basques s’opposant à l’abattage de canards, parapluies de Hong Kong, solidari@s con Itoiz…
Si nous sommes des milliers à entourer Biarritz, à nous asseoir, nous coucher, nous souder sans déchaînement d’agressivité dans le maximum de lieux stratégiques et représentatifs de leur monde en opposant nos corps aux uniformes, qui gagnera la partie ? Aux organisations de la plateforme G7 EZ et celles d’ailleurs de s’engager dans cette bataille, dans la complémentarité.
Montrer au G7 et à ses supporters qu’en plus de refuser leur monde, nous sommes motivés à le bloquer pour en construire un autre.
Avec toutes nos expériences, nos ressources et de façon festive, diverse, solidaire, bienveillante. Comme le dit le préfet Éric Spitz, en étant « souples, félins et manœuvriers ».
Si tel est le cas, leur sommet sera une débandade, la conjonction des luttes aura bien lieu et les militances du Pays basque auront un précédent dont elles pourront faire usage dans les années à venir.