Personne n’y croyait plus. Après plus de quatorze ans de guerre, Damas est tombée à l’issue d’une blitzkrieg orchestrée par le mouvement islamiste HTS. Au lendemain du 8 décembre 2024, la Syrie s’est réveillée libre du clan Assad qui menait le pays d’une main de fer depuis plus de cinquante ans. Très vite, les scènes de liesse se multiplient dans les rues de Damas, d’Alep, d’Homs ou d’Hama. Sous les caméras, les statues d’Hafez et de Bachar el-Assad qui scrutaient leurs habitants depuis des décennies sont déboulonnées tandis que le drapeau syrien à trois étoiles, iconique de la révolution en cours, est brandi par les communautés syriennes du monde entier.
Des images historiques d’autant plus que la Syrie avait disparu d’une scène médiatique internationale bien insuffisante et bien inégale depuis de nombreuses années. Comme si le monde avait oublié les plus de 300 000 civils tués entre 2011 et 2022 et les plus de 12 millions de personnes ayant dû fuir le pays. Désormais la page est blanche et les inquiétudes omniprésentes dans ce pays ruiné, dévasté par la guerre, hanté par le djihadisme et dont l’unité peut vaciller d’un jour à l’autre.
Mais parmi les innombrables défis de ce nouveau chapitre syrien, dans l’ombre des radars médiatiques et maintenant que l’attention générale est retombée, une question centrale est en train de se jouer en ce moment même. Une question qui pourrait bien peser sur l’avenir du pays tout entier.
Car au nord-est, au Kurdistan syrien, la guerre continue sur d’autres fronts. Si dans cette région vaste, multiculturelle et frontalière de la Turquie, la chute de Bachar el-Assad est arrivée comme une bonne nouvelle attendue de longue date, les populations kurdes et arabes de la région continuent de vivre sous le spectre de la guerre imposé par Ankara. Les combats et les frappes de drones n’ont jamais vraiment cessé tandis que depuis des années, plusieurs organisations internationales condamnent les exactions de la Turquie et des groupes armés qu’elle soutient dans le nord de la Syrie.
À la fin du mois de décembre, quelques jours après la chute de Damas, l’un des journalistes de Blast, Thibault Izoret, s’est rendu au Kurdistan pour réaliser un long format vidéo. Alors que la majorité des journalistes ont choisi de couvrir les événements depuis les grandes villes syriennes, ce reportage s’est attaché à parcourir l’ensemble de la région kurde, souvent laissée dans l’ombre.
Dans une école désaffectée de Raqqa, devenue refuge pour une centaine de personnes ayant fui les violences perpétrées par les milices pro-turques, les témoignages recueillis révèlent une population prise au piège, marquée par l’abandon et l’incertitude. À Kobané, Raqqa, Qamishli ou encore Hassaké, la même inquiétude règne : quelle sera la place des Kurdes dans la Syrie de demain ? La Turquie étendra-t-elle son influence sur la région ? Les combats cesseront-ils un jour ? Et quel sort sera réservé aux dizaines de milliers de prisonniers de l’État islamique encore détenus sur zone ?
Au camp d’al-Hol, plus de 40 000 personnes — majoritairement des familles de djihadistes — vivent dans des conditions précaires, posant d’immenses défis humanitaires, sécuritaires et politiques.
Ce reportage entend apporter des éléments de réponse à ces questions brûlantes, à travers des images tournées sur le terrain et les éclairages de chercheurs et spécialistes rencontrés durant l’enquête.
En partenariat avec France-Kurdistan et Cause Kurde, la projection du long format « Syrie : quel avenir pour les Kurdes du Rojava ? »du journaliste de Blast Thibault Izoret aura lieu en accès libre à 19h, le lundi 2 juin, au Dissident Club, 75009 Paris. La projection sera suivie d’un débat animé par le réalisateur, en présence de Pascal Torre, co-président de France-Kurdistan. Venez nombreuses et nombreux !
Projection du long format « Syrie : quel avenir pour les Kurdes du Rojava ? »
En partenariat avec France-Kurdistan et Cause Kurde, la projection du long format « Syrie : quel avenir pour les Kurdes du Rojava ? »du journaliste de Blast Thibault Izoret aura lieu en accès libre à 19h, le lundi 2 juin, au Dissident Club, 75009 Paris. La projection sera suivie d’un débat animé par le réalisateur, en présence de Pascal Torre, co-président de France-Kurdistan.