Face aux féminicides, police et justice répondent en arrêtant 7 colleuses à Lyon et Paris

Aujourd’hui, 4 novembre 2019, nous en sommes au 127e de l’année en France et rien n’est fait pour stopper l’hécatombe. Si la police et la justice se montrent d’ordinaire peu promptes à protéger les victimes de violences conjugales, la première sait être efficace contre celles et ceux qui la dénoncent en arrêtant 7 colleuses à Lyon et Paris.

Durant la nuit du 3 novembre, dans de nombreuses les villes françaises, des « colleuses » ont recouvert les murs de messages destinés à visibiliser les féminicides.
Communiqué des « colleuses »

Pour la première fois, dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 novembre, plus de 300 colleuses ont été coller simultanément sur les tribunaux de la France entière pour exiger des actions et pointer du doigt la responsabilité de l’État, de la justice et de la police dans les féminicides. À Lyon, 4 de nos colleuses se sont fait embarquer au commissariat et sont convoquées la semaine prochaine. À Paris, 3 de nos colleuses ont été interpellées et ont subi un interrogatoire.
Depuis le 30 août, nous envahissons les rues de France en allant coller contre les féminicides et les violences conjugales pour reprendre la place qui nous est due dans l’espace public et alerter sur cette situation dramatique : tous les deux jours, une femme meurt assassinée par son conjoint ou ex-conjoint. Chaque année, 219 000 femmes sont victimes de violences conjugales. Depuis le début de l’année, 127 femmes ont été assassinées par leur conjoint ou leur ex-conjoint.

Notre objectif est clair : arrêter de compter nos mortes.

Alors que 70% des auteurs de féminicides avaient déjà commis des violences sur la victime et que dans 1 cas sur 3 les pouvoirs publics en avaient été alertés, rien n’est fait pour mettre fin à ce massacre.

Par son inaction, l’État est coupable. Par son inefficacité, la justice est complice.

Nous déplorons n’avoir pas d’autres choix que d’entrer dans l’illégalité pour espérer nous faire entendre. Nous nous trouvons dans l’obligation de prendre la parole pour toutes celles qui ne le peuvent plus. Nous sommes révoltées de devoir crier notre colère dans toutes les rues de France pour alerter sur l’inertie des pouvoirs publics.
Cette inaction rend prisonnières les femmes de cycles de violences toujours plus brutaux.
L’État ne peut plus détourner le regard, la justice ne peut plus dire qu’elle ne savait pas. Nous avons collé noir sur blanc la vérité sur leurs murs.
Il est temps que la France honore les mortes et protège les vivantes.

Les colleuses.

Aix-en-Provence, Angers, Annecy, Antibes, Bayonne, Béziers, Bordeaux, Caen, Châlons-en-Champagne, Cherbourg, Cholet, Grenoble, Lyon, Marseille, Nancy, Nantes, Nice, Paris, Périgueux, Reims, Saint-Étienne, Strasbourg

Témoignage d’une « colleuse » interpellée la nuit du 3 au 4 novembre à Lyon

J’ai été interpellée hier. Nos collages ont été arrachés par les flics immédiatement. Nous avons été amenées à l’hôtel de police où l’un des policiers a fait une blague d’excellent goût : « Oh bah R. t’éviteras de claquer ta femme ». Ces hommes sont censés nous protéger. [...]

Mots-clefs : justice | arrestation | police | femmes

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