- L’éclatement est de mise : les personnes qui campaient devant la Mairie du
XVIIIe ont été relogées intra muros ou en première couronne (à l’exception du
CHU dans le CRA de Vincennes, d’un foyer à Bobigny et du triste CASP de
Nanterre) et celles d’Austerlitz beaucoup plus loin : Persan, Saint-Ouen
l’Aumône (95), Champceuil sur Marne et Saint-Pierre-du-Peray (91), Mezy sur
Seine (78) Choisy le Roy et Vitry sur Seine (94) - Les conditions d’hébergement vont du catastrophique comme à Nanterre (mais aussi à La Caserne de Reuilly dans le XIIe où ce sont des personnes solidaires qui ont apporté serviettes de toilette et couverture car pour l’instant, il n’y a pas le chauffage !) au relativement correct.
- Cette page (malheureusement Google) recense les différents centres avec lesquels il a été possible de faire le contact : https://docs.google.com/spreadsheets/d/1zh-7AuwuJL2zrmjr0lHxmKei20hJZlSouFfpuj0axyg/edit?pli=1#gid=1338952884 et la situation au sein de ceux-ci.
- On y voit donc que le fait de laisser rentrer ou non des personnes de l’extérieur dépend totalement de l’arbitraire de celui ou celle qui dirige le centre, quand les ordres ne viennent pas directement de plus haut (cf. affaire avec Emmaüs).
Dans tous les cas, ce ne sont que des hébergements cache-misère qui ont été proposés, et l’État et les instances gestionnaires de la situation suivent la même logique : disperser, briser les liens, réprimer quand les personnes osent leur dire que ça ne convient pas, et mettre des bâtons dans les roues des tentatives d’organisation autonomes avec les personnes.
Il n’y a aucune harmonisation dans la durée d’hébergement, qui est arbitraire : il semblerait que la logique générale soit « un mois ou plus sauf contre-ordre au niveau des changements de situation administrative des personnes ». Quand on sait qu’un mois est la durée réglementaire entre le dépôt du dossier OFPRA et le premier rendez-vous en préfecture - et la durée du récépissé fourni à ce moment, on comprend mieux ce chiffre.
Mais, du fait du blocage total des administrations du droit d’asile, les personnes en demande attendent souvent beaucoup plus longtemps, et surtout toutes les personnes n’en sont pas au même point de leur demande. Des centres d’hébergement annoncent ainsi que les personnes pourront rester jusqu’à l’aboutissement de leur demande d’asile, tandis que d’autres sont sur des durées arbitraires de 21 ou 35 jours. Dans le premier cas, cela pose un réel souci : qu’en sera-t-il de toutes les personnes Dublinées (que l’État français va renvoyer vers un autre état membre) dont certaines ont déjà été mises à la porte de leur hébergement début septembre ? Et pour toutes les personnes déboutées ?
De plus, deux choses importantes sont à signaler :
- pour toutes les personnes non relogées, l’OFII, en charge de leur hébergement en CADA (Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile) est incapable de faire face à la demande, et renvoie les personnes vers France Terre d’Asile pour que l’association les aide à remplir leur dossier de demande d’hébergement. Il y a donc actuellement des personnes qui font la queue toute la nuit devant les locaux du 4 rue Doudeauville, pour espérer remplir un dossier qui ne leur donnera droit à rien au vu de la situation actuelle !
- il faut aussi signaler qu’un réfugié hébergé a vu des policiers venir arrêter une personne dans un centre d’hébergement. Cette personne était protégée de par sa situation administrative, mais il faut penser à l’accès que les noms donnés pour les hébergement fournit à la préfecture. N’oublions pas non plus que la simplification des démarches de demande d’asile annoncée par le gouvernement va de pair avec un meilleur taux de reconduite à la frontière pour les débouté-e-s !
Nous réfugiés avons fui des situations critiques, nos vies étaient menacées, nous avons migré dans des conditions catastrophiques et risqué nos vies chaque jour. Beaucoup d’entre nous sont morts en traversant le désert et la mer. Le peu qui est arrivé en France espérait une vie digne sur cette terre d’asile et des droits de l’homme comme elle est présentée dans les médias. Mais, l’accueil a été la misère des rues, la clochardisation, la pluie, le froid, et le dénuement.
Après l’évacuation du campement de la mairie du 18e, nous avons été amenés dans un centre d’hébergement d’urgence où tous les engagements des autorités et de l’administration se sont avérés faux. Lors de notre arrivée au CHU de Nanterre, annexe de l’hôpital psychiatrique, la vision était surprenante et terrifiante pour nous, à cause de la laideur, et des nombreux malades dont l’état nous inquiétait. Nous ne sommes pas descendus du bus par crainte. L’administration nous a demandé de choisir 3 d’entre nous pour visiter les dortoirs à l’intérieur du centre et faciliter le dialogue. Les 3 réfugiés ont confirmé que l’endroit n’était pas convenable et non conforme aux promesses des responsables intervenus le matin même avant l’évacuation du campement.
Lorsque nous avons tous refusé d’accepter cet hébergement à cause des conditions indignes, la police est intervenue sur ordre des autorités. Ils ont alors interpellé les 3 personnes désignées pour discuter avec l’administration et faciliter le dialogue en ce qui concerne l’hébergement. L’administration a usé de ruses contre nous et a employé 50 policiers pour nous effrayer et exercer des pressions. Ils ont pris les 3 que nous avions choisis, la police les a emmenés à un endroit inconnu et nous n’avons plus eu de nouvelles d’eux.
Le cauchemar ne s’est pas arrête là, nous sommes restés enfermés durant plusieurs heures dans le bus. Ils ont interdit l’accès aux toilettes, et nous ont affamé, pour nous obliger à accepter cet hébergement. Nous avons été choqué de l’attitude et du comportement inacceptable de l’État français envers les réfugiés.
Au final certain réfugiés ont accepté cet hébergement contraire à la dignité humaine mais sous la contrainte.
Nous autres vu ces mauvaises conditions, avons délaissé ce centre, et préféré l’errance.
Nous ne demandons que le respect de nos droits humains et une vie digne. Nos droits ne sont pas des exigences élevées. Nous ne demandons qu’un logement dans des conditions normales et dignes, et la reconnaissance de notre statut de réfugiés, dans les pays qui prétendent respecter les droits de l’homme.
Des migrants témoins ayant fuit l’hébergement
(traduit de l’arabe)
Témoignage d’un des gardé-à-vue :
On est arrivé en bus et par la vitre on a vu qu’il y avait là des gens qui avaient des problèmes et des comportements étranges.
Quand ils ont ouvert les portes du bus vers 8h30, cinq ou six personnes sont sorties pour aller voir. On a vu des gens bizarres. On a été 3 à partir visiter à l’intérieur. En revenant j’ai dit que ce n’était pas des conditions valables : c’était sale, mal aménagé, que ça ne convenait pas à une situation de réfugié.
Cela ne correspond pas à ce que l’on nous a promis.
La responsable de l’hébergement a dit qu’on allait nous aider pour nos demandes administratives.
Le traducteur nous a dit qu’on ne nous avait pas trouvé d’autres solutions d’hébergement.
On est remonté dans le bus. Et on y est resté plusieurs heures. Les responsables nous ont dit plusieurs fois « attendez 10 minutes »Quatre voitures avec 10 flics en civil sont venues puis 40 policiers en tenue.Quelqu’un s’est présenté en disant qu’il était le directeur de l’hôpital. Il parlait arabe, il m’a dit de descendre pour discuter. Il m’a demandé si j’estimais que cet hébergement n’était pas convenable et je lui ai dit que non ce n’était pas convenable. Il a alors parlé en français avec les policiers en civil et la police m’a emmené.
D’autres policiers en civil sont montés dans le bus et ont choisi 2 personnes qu’ils ont emmenées. C’était des porte-paroles.
On nous a conduits au commissariat en fourgonnette sans être menottés. Au poste on nous a fouillés et on nous a enfermés en cellules de garde à vue. D’abord deux ensemble et un tout seul puis les trois ensemble. On a d’abord été interrogés avec une traduction par téléphone. Plus tard on a de nouveau été interrogés et il y avait un avocat et un interprète.Les policiers nous ont notamment demandé depuis combien de temps nous étions en France, combien nous avions payé les passeurs et par où nous étions arrivés en France.
Ils ont demandé nos empreintes. Deux les ont données et un a refusé.
Les policiers nous ont dit que c’était l’organisme de charité qui avait porté plainte contre nous. Ils nous ont aussi accusés d’être des passeurs.
Nous sommes restés là plusieurs heures puis un chef du tribunal a dit que nous devions être libérés. Nous sommes deux à être sortis mais je ne comprends pas car ils ont gardé le 3e.