Cela fait presque 10 ans qu’une filiale du groupe Auchan-Mulliez rêve d’une cité radieuse qui « réinventerait » l’hypercommerce en l’enrobant de concepts foireux comme le retailtainment, qui mélange divertissement, loisirs, voire même culture, avec la consommation de masse. C’est à Gonesse, dans le couloir aéroportuaire entre Le Bourget et Roissy, que le groupe a jeté son dévolu. Un projet inutile et nuisible qui prévoit même, entre piscine géante, salles de spectacles, écoles de danse ou de cirque, une piste de ski et de luge « indoor », comme à Dubai, sous une bulle artificielle qui va aider la France à atteindre les objectifs de la COP 21 ! Tout en rasant des centaines hectares de terres agricoles, qui se raréfient en Ile-de-France...
Pour faire avaler la pilule, entre mars et juillet 2016, alors que tout a quasiment été décidé entre la multinationale des supermarchés et les élus locaux, les décideurs du Grand Paris et des gouvernements sous Sarko et Hollande, un « débat public » a été organisé dans plusieurs communes du nord de Paris (93 et 95). La commission du débat public (CNDP), machin soit-disant « indépendant » tout en étant financé par l’État, a pris les choses en main, comme la loi l’impose sur tous les projets d’aménagement dont le budget dépasse les 300 millions d’euros. Pour le coup, Auchan — et son partenaire chinois, le groupe Dalia Wanda - prétend miser 3,1 milliard dans ce chantier, alors que les pouvoirs publics mettront au pot à peu près 1 milliard, selon diverses estimations, essentiellement en coûts d’infrastructures routières et ferroviaires. Europacity va par exemple bénéficier d’une gare toute neuve du futur métro du grand Paris, la ligne 17, une gare qui poussera en plein champs et ne desservira aucun lieu de vie à part la ville bidon d’Auchan. Car si ça s’appelle Europacity, ce ne sera jamais une ville puisque personne n’y habitera, la zone est trop bruyante pour être urbanisée. La première question à laquelle doit répondre un débat public, repose sur l’opportunité du projet : faut-il le créer ou pas ? Et bien à aucun moment lors des vingtaines de réunions dites « publiques » cette question a réellement été adressée. Auchan tient à son jouet toxique et s’est empressé de le dire début septembre, au moment du compte-rendu du débat bidon.
Certains pensent qu’il est encore temps d’amender le projet, d’y distiller davantage d’attractions vertueuses, de créer des emplois locaux pour le bon peuple chomardisé de la grande couronne. D’autres pensent que ce projet n’a pas sa place dans nos vies. A Gonesse ou ailleurs. Venez donc partager et échanger le 8 novembre à 19h à la salle Jean Dame (Paris 2e) pour faire barrage à Europacity, et non pour qu’il devienne un peu plus acceptable !