États-Unis : les nouveaux ghettos brûlent

À l’heure où la justice américaine acquitte le meurtrier de Mike Brown, où les meurtres policiers pullulent, où les victimes sont la plupart du temps des Noirs, parfois des enfants, et que les quartiers populaires, ghettos du centre-ville ou cité de banlieues s’embrasent, ce texte publié au lendemain des émeutes aoûtiennes de Ferguson nous éclaire sur le renouvellement de l’émeute étasunienne. Avec la crise, la restructuration urbaine et la ségrégation raciale en toile de fond.

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Ferguson. Missouri. La plupart d’entre-nous n’en avait jamais entendu parlé, et maintenant tout le monde a cette question en bouche : mais c’est où Ferguson ? C’est à Saint Louis ?

Saint Louis ? Pas tout à fait. Ferguson, n’est pas un simple quartier de cette ville tentaculaire, comme le serait Watts pour Los Angeles ou Flatbush pour New York. C’est ce que montre la répression des récentes émeutes. C’est bien le département de police (et la police du comté) de Ferguson qui l’a prise en charge, et non celui de Saint Louis, du moins jusqu’à ce que cette répression soit reprise en main par l’État le 14 août. Dans les rues de cette petite ville, la police militarisée n’avait rien à voir avec les familières armées permanentes, comme le NYPD ou le LAPD. À la place c’était un conglomérat groupes armés organisés au niveau du comté pour gérer ces zones qui s’étendent au-delà des limites traditionnelles des départements de polices urbaines.

Ferguson n’a pas seulement sa propre police, mais aussi ses propres pompiers et son propre réseau scolaire. Ce n’est donc pas un quartier urbain, mais plutôt une banlieue assez classique de l’Amérique d’après-guerre, clairement indépendante de sa propre ville.

Ce pourrait être une chose banale, mais ça éclaire de plusieurs changements notables dans la géographie économique et raciale des zones étasuniennes urbanisées des vingt dernières années.

Sans comprendre ces changements, nous ne pourrions espérer comprendre les émeutes elles-mêmes, et encore moins comment elles pourraient dépasser leurs limites pour devenir un assaut plus nourri et méthodique contre l’ordre actuel.

Ce n’était pas tellement un simple déclin du nombre total d’habitants qu’un processus de migration de personnes blanches, White flight, dans laquelle beaucoup de personnes aisées ont quitté la région alors que l’économie était restructurée

Certainement la chose la plus fréquemment répétée dans les récits de Ferguson : elle est devenue un quartier de la pauvreté classique, majoritairement noir, au cours de la dernière décennie. Comme beaucoup de banlieue post-guerre, l’apogée de la ville eu lieue dans les années 50 et 60, qui a vu des accroissements successifs de la population jusqu’à atteindre un pic de près de 30 000 habitants en 1970. La désindustrialisation débutée au début des années 70 correspond à une chute continuelle de la population, à environ 21 000 aujourd’hui, parallèlement à la chute historique de population à Saint Louis. Mais ce n’était pas tellement un simple déclin du nombre total d’habitant qu’un processus de migration des personnes blanches (White flight), dans laquelle beaucoup de personnes aisées ont quitté la région alors que l’économie était restructurée. Leurs vieilles maisons ont été récupérées par des personnes plus pauvres recherchant de meilleurs écoles et logements, choses qui n’existaient pas dans le centre désindustrialisé puis légèrement embourgeoisé du centre de Saint Louis.

Dans certaines villes, cette restructuration a laissé des quartiers pauvres hyper-diversifiés et des enclaves en banlieue d’immigrés à la place de l’ancienne banlieue blanche. Les banlieues sud de Seattle, pour prendre un exemple, sont remplies de 30% de personnes migrantes, avec un réseau scolaire écrasé sous la pression du nombre d’étudiant, avec plus de 30 langues maternelles, de l’amharique au mixtèque en passant par le cambodgien. Néanmoins, de nombreuses banlieues du sud et du sud-est des États-Unis ont maintenant plus d’habitants parlant l’espagnol comme première langue que l’anglais.

Mais dans beaucoup de villes de la vieille Rust Belt [1], le processus était moins une nouvelle migration et plus une restructuration des modèles existants de ségrégation. Ce fut souvent l’érosion de la vieille ville, la solidification de certains ghettos de centre-ville dans des décors de décomposition urbaine comme à Detroit, et, dans quelques villes, l’expansion de nouvelles zones de pauvreté en dehors. Dans ces villes, la nouvelle ségrégation n’a pas pris la forme de faible diversité/forte diversité, comme dans les villes de la côte ouest, Seattle, Sacramento ou San Francisco, mais a plutôt gardé son caractère de division Blanc/Noir. Saint Louis est l’une de ces villes, mais contrairement à d’autres comme Philadelphie, Detroit ou Baltimore qui ont simplement vu la consolidation de leur traditionnel ghetto de centre-ville au cours des vingt dernières années, Saint Louis a vu à la fois une concentration de sa pauvreté urbaine et une banlieueisation de cette pauvreté.

La part la plus importante de ce changement démographique a eu lieu dans les vingt dernières années. En 1990 encore, la ville était composée de 73,8 % de Blancs et 25,1 % de Noirs, mais en 2010, la situation était totalement inversée, avec 29,3 % de Blancs et 67,4 % de Noirs. La pauvreté a énormément augmenté et le revenu médian, ajusté à l’inflation, a stagné ou baissé dans la région. À Ferguson, le chômage a doublé, de 5 % en 2000 à en moyenne 13 % entre 2010 et 2012.

Zone métropolitaine de Saint Louis, en 1990, avec données de recensement par origine ethniques. Données de www.mixedmetro.us
Zone métropolitaine de Saint Louis, en 2010, avec données de recensement par origine ethniques. Données de www.mixedmetro.us

Tout ceci suit le modèle national dans la banlieueisation de la pauvreté, avec plus de pauvres habitant en banlieue que dans les grandes villes. Ces tendances nationales signalent aussi un changement radical dans la géographie raciale du pays ; les centres villes vraiment gentrifiés [2] comme New York, Seattle ou San Francisco pourraient bientôt être encerclés par des cités de banlieusards pauvres et de logements sociaux, et où le pauvre serait de plus en plus banni de l’intérieur de la ville, où des nouveaux migrants s’établiraient en dehors des limites municipales.

D’autres villes ont vu la résurgence d’une décomposition intérieure et l’aggravation de la ségrégation urbaine. La région de Saint Louis a vu les deux.

Les émeutes étasuniennes évoluent

Les années 60 et 70 furent une période d’émeutes en série à travers les États-Unis, depuis les mines de charbon jusqu’aux campus universitaires. Mais le terrain le plus familier à l’émeute, et de loin, est le ghetto centre ville. Contraints, par des contrats locatifs excluant, d’habiter dans quelques quartiers sélectionnés, les habitants les plus pauvres de la plupart des grandes villes étaient confinés aux centres urbains et excluent des nouvelles banlieues construites à l’après-guerre. Ça a condensé la géographie raciale du pays, alors même que ça divisait la géographie de classe d’après la couleur.

Après les années 70, le ghetto a été détruit, occupé ou plus encore cloisonné, et une part significative de cette population a été littéralement expulsée en prison.

Les événements que nous pensons comme l’archétype des émeutes étasuniennes (Watts, l’assassinat de King, etc.) sont en fait spécifiques à la géographie raciale particulière de ces régions. Et cette géographie raciale, dans beaucoup des grandes zones métropolitaines, n’est tout simplement pas la même. Après les années 70, le ghetto a été détruit, occupé ou plus encore cloisonné, et une part significative de cette population a été littéralement expulsée en prison. Les logements sociaux de Pruitt-Igoe, les seuls quasiment à Saint Louis, ont été détruits en 1972. La démolition a été acclamée comme un bond en avant dans les efforts de renouvellement urbain, et les logements sociaux ont été détruits par l’administration Reagan à des vitesses records, remplacés par les allocations Section 8, allocations elles-mêmes réduites sous Clinton et ensuite restreintes par les politiques d’austérité après la crise économique [3].

Démolition des logements sociaux de Pruitt-Igoe, Saint Louis, 1972.

Au final, les « projets » ont été complètement supprimés. Réforme du marché locatif et croissance de la bulle des emprunts sub-primes signifiaient également que beaucoup de pauvres locaux n’étaient plus autorisés mais également encouragés à quitter le centre-ville, sous la pression du redéveloppement. La gentrification s’est étendue sur les vieux taudis de New York, San Francisco et Seattle. Dans des villes comme Saint Louis, les centres urbains se sont littéralement décomposés alors que la gentrification n’avait lieu que dans quelques zones limitées, le réseau scolaire effondré et les populations saignaient. Le site de Pruitt- Igoe reste une ruine béante au cœur de la ville.

À présent, l’émeute se répand, et la ville entière est sa base matérielle

Et les émeutes ont commencé à changer en conséquence. Les émeutes de Los Angeles en 1992 ont été les premières d’un nouveau type – dénommées à tort par les médias, « émeutes raciales », les événements de Los Angeles étaient plus qu’une révolte générale, décentralisée, qui ne revendiquait rien et, en cela, étaient capables de rendre cohérent une nouvelle atmosphère nationale autour d’elles, comme les émeutes se diffusaient à travers le pays. Ce n’était plus la simple émeute limitée à un ou deux quartier, comme ce fut le cas lors des émeutes de Watts trente ans auparavant. À présent, l’émeute se répand, et la ville entière est sa base matérielle - une tendance vue à nouveau, bien que de manières plus limitées, à Cincinnati en 2001.

Ferguson offre une seconde fenêtre : cette période dans laquelle les nouveaux ghettos pourraient brûler.

Ce n’est pas une coïncidence que cette nouvelle séquence d’émeute a commencé à Los Angeles, l’une des villes étasuniennes les plus banlieueisée. Les émeutes de Los Angeles ont été une fenêtre sur le futur, leur géographie décentralisée présageant l’évolution de l’émeute étasuniennes adaptée aux nouveaux ghettos qui, en 1992, commençaient à peine à être construits. Et maintenant, vingt ans plus tard, Ferguson offre une seconde fenêtre : cette période dans laquelle les nouveaux ghettos pourraient brûler.

L’émeute de banlieue

Comme partisans de l’émeute, alors, quelles leçons pourrions-nous tirer des récents événements ? Certains semblent assumer que les modèles passés vont simplement se répéter. La jeunesse noire s’unira formellement dans un nouveau cycle d’organisations, reprenant simplement la torche laissée tombée quarante ans auparavant par les Black Panthers. Mais les particularités concrètes de la vie quotidienne qui ont donné les bases de ce processus d’organisation ont été démolies. Les communautés denses et très unies ont disparu dans la plupart des endroits. Où elles demeurent, elles sont fondamentalement fracturée par une surveillance constante, l’occupation policière et l’emprisonnement des jeunes hommes. Certainement plus important, il n’y a plus de processus de révolution nationale ou de décolonisation à travers le monde pour fournir les bases idéologiques pour des formes d’organisation exclusivement ethniques, tandis que la majorité des quartiers pauvres des villes sont de plus en plus multiraciales. Ce qui rend le « nationalisme révolutionnaire » et le pan-africanisme de moins en moins attractif comme principe organisationnel pour les jeunes d’aujourd’hui, alors même qu’un nationalisme réactionnaire pourrait planer à l’horizon. Un symbole de ce manque de pertinence et le prétendu « New Black Panther Party » que l’on a vu à Ferguson éloigner les protestataires des lignes policières et faire la circulation.

Malgré une apparente continuité, une nette séparation existe entre les révoltes raciales historiques étasuniennes et ce qui a eu lieu actuellement à Ferguson. Cette séparation a pris une forme concrète : de jeunes émeutiers ont commencé à rejeter explicitement le leadership des plus vieux, les leaders de la « communauté noire » désignés par l’État. Un article récent du New York Times l’exprimait clairement :

Un émeutier, DeVone Cruesoe, de Saint Louis, a déclaré cette semaine « Avons-nous un leader ? Non. » Pointant du doigt le spot où M. Brown a été tué, il dit : « Vous voulez savoir qui est notre leader ? Mike Brown ».

Mais si la méthode la plus cohérente de dépasser les limites de l’émeute du ghetto est venu avec la forme du Black Panther Party, et s’il est impossible d’en faire un parallèle aujourd’hui, alors à quoi pourraient ressembler l’organisation future ? Pour aborder cette question – et il n’y aura certainement pas de réponse ici, ni dans aucun texte, mais seulement les rues de banlieues embrasées par les flammes des stations services et des centres commerciaux pillés – nous pouvons explorer le contexte tactique qui a permis aux événements de Ferguson de prendre en caractère particulier.

Les meurtres de la police ont provoqué des émeutes outrées et limitées dans de nombreuses villes. Mais aucun de ces événements n’a été capable d’en arriver à un semblable caractère, et aucun n’a été capable de le supprimer. Un équivalent urbain des événements de Ferguson était les émeutes de Flatbush à New York. Ces émeutes, provoquées de manière similaire par un meurtre policier, ont été écrasées bien plus vite que les émeutes de Ferguson, malgré le fait qu’elles semblent avoir attiré plus de participants et ont recueilli un énorme soutien actif et immédiat des quartiers voisins. Alors, qu’est-ce qui a fait la différence ? Pourquoi Flatbush n’a pas crée ce type d’ambiance nationale comme Ferguson l’a fait ?

La différence entre les deux est d’abord celle du terrain. Flatbush est une zone du centre-ville, contrôlée et occupée par la septième armée du monde, le NYPD. La révolte a pris place dans une ville qui, après les émeutes du ghettos à la fin des années 60, a été complétement redessinée pour réprimer les émeutes – les rues ont été élargies, les logements sociaux dispersés, le mobilier urbain a été enchaîné au trottoir, etc. Quand l’émeute a éclaté, elle a été adroitement écrasée par des escadrons tactiquement bien entraînés, opérant sur un champ de bataille urbain littéralement construit pour eux.

Les deux premières nuits de répression douce ont été couronnés par une troisième nuit où la police a pris l’offensive et a procédé à des arrestations massives, ciblant spécifiquement les jeunes les plus actifs (43 au total) et les accusant de nombreux crimes – impactant l’émeute spontanée et empêchant la possibilité de futurs événements en coupant la tête d’un leadership naissant. Tout ça fut suivi, comme toujours, par une scène de « bon flic », où les hommes politiques progressistes comme Jumaane Williams ou d’ONG comme « Pères vivants sous la capuche » (FAITH) ont appelé à la fin des émeutes et au retour du status quo, encouragés par l’assurance d’une enquête officielle et la promesse d’une réforme législative – tout ceci posé, bien sûr, comme le souhait de la « communauté noire ».

Une arrestation lors des émeutes de Flatbush, 2013.

À Ferguson, au contraire, les émeutes ont éclaté dans une région aux multiple micro-municipalités où certains départements de police locale n’ont que cinq officiers. Le gouvernement du comté et de la ville, blindé d’équipements type militaire mais manquant de personnes sachant les manier, s’est retrouvé avec une police nulle mais lourdement armée. Ces policiers de banlieue étaient sur-armés, mais aussi inefficaces en matière de répression des émeutes. Ils ont directement tiré des gaz lacrymogènes – ce que fait peu couramment le NYPD, et que les autres grosses polices ne font que lorsque le terrain est dégagé ou qu’elles forcent l’évacuation d’un territoire occupé depuis un certain temps (comme la place Oscar Grant). Ils ont ensuite abattu une seconde personne. Et, pour couronner le tout, n’ont pas réussi à faire de vraies arrestations massives, étaient incapables de rassembler les manifestants, et se contentaient de rester planter devant les gros magasins en tirant des gaz lacrymogènes.

Une des raisons de l’échec de ces tactiques est que les banlieues ne sont pas organisées pour la prévention et la répression des émeutes, comme c’est le cas ans la plupart des grandes villes. Rassembler les manifestants devient quasiment impossible. La police a quelques arrières-bases sécurisées, proches et hors de vues. Les cibles des émeutiers sont plus dispersées et ne peuvent être facilement défendues – la plupart des forces policières sont assignées à se placer devant les centres commerciaux et autres grosses cibles, éparpillant la police à travers le territoire.

Les voitures permettent une mobilité jamais vue encore dans les émeutes urbaines.

Les émeutiers, cependant, peuvent se répartir dans les zones résidentielles plus facilement, et de nouveaux foyers d’émeutes peuvent n’être constitués que de 4 ou 5 personnes mettant le feu à quelque chose, ou cassant quelques vitres, après quoi d’autres les rejoignent. Les émeutiers sont extrêmement mobiles et ne dépendent pas des transports publics, qui peuvent être facilement surveillés, bloqués et redirigés vers les zones métropolitaines, paralysant les capacités de l’émeute de s’étendre. Les données du recensement indiquent que 79,8 % des travailleurs de la ville rejoignent leur travail avec des véhicules personnels, alors que 9,4 % prennent les transports en commun. Ces véhicules ne sont pas uniquement un moyen de transport facile et rapide, mais servent à amplifier l’énergie dans les différents centres névralgiques de l’émeute. Les photos et vidéos de Ferguson montrent les manifestants utilisant les enceintes de leurs voitures pour balancer, par exemple, Fuck the Police de Lil Boosie face aux policiers.

Finalement, à Ferguson, il n’y a pas de « bons flics ». Ce n’est pas seulement la police municipale qui est quasi entièrement blanche, mais aussi ses représentants politiques, avec un maire blanc, cinq adjoints municipaux blancs et un hispanique qui gouvernent une ville aux deux tiers noirs. Il n’y aucun « leader communautaire » du gabarit de Jumaane Williams qui serait capable de supprimer doucement la colère et de faire renier la jeunesse la plus radicale. Face à ce dilemme, le gouvernement a du rapatrier le bon leader libéral noir de Saint Louis, Al Sharpton. La police a eu pour ordre de marcher avec la manifestation organisée par ces « leaders communautaires », et le gouverneur a transmis les commandes du département au capitaine noir de la police autoroutière, Ronald Johnson, qui a rapidement été pris en photo embrassant les manifestants dans des opérations médiatiques mises en scène.

Ronald Johnson, capitaine de la police autoroutière, faisant l’accolade une manifestante

Toutes ces caractéristiques seront des problèmes à répétition pour l’État dans sa tentative de prévenir et d’écraser les émeutes de banlieue dans la prochaine décennie. Des petites, micro-municipalité ne sont pas encore adaptés à l’arrivée d’habitants pauvres qu’elles ont vu depuis vingt ans. Ces villes sont mal conçues pour la répression des émeutes, la police est sur-armée et sous-entrainée, et aucune contre-insurrection soft telle que les églises noires, les « leaders communautaires », les ONG, n’a été implantée.

Ce qui ressemble assez à ce que prédisait l’anarchiste insurrectionnaliste italien Alfredo Bonanno il y a plus de vingt ans de ça [4] :

La présence de ces ghettos s’accroissant sans fin et le message qu’ils hurlent est la contradiction principale de la nouvelle perspective capitaliste. Il n’y a plus de place pour les réformistes du passé.

À Flatbush, les arrestations massives, soutenues par les politiciens progressistes et les groupes religieux, ont complétement supprimé et détruit l’élan de la révolte. À Ferguson, la nuit après qu’Al Sharpton a été promu, et qu’un jeune homme noir a été inculpé par la police, la jeunesse est sortie et s’est à nouveau battue. Ils ont combattu la police, allumés des feux et expropriés des biens. Alors, les embrassades mises en scène s’écroulent, et le silence de la paix est battue en brèche par le son de la pluie et des vitres brisées. Le gouverneur a été forcé de déclaré l’état d’urgence et pourra bientôt envoyé de nouveaux escadrons de police de tout l’état.

Après la conférence de presse où le gouverneur a annoncé le couvre-feu, certains habitants ont compris que ce n’était que le début :

Je ne pense pas que ce sera beau. La violence rencontrera la violence.

Il semble que, cette nuit, le nouveau ghetto brûle comme l’ancien.

Phil à Neel

Note

Publié par Ultra-com, le 17 août 2014.
Traduit de l’anglais.

Notes

[1Rust Belt, la « ceinture de rouille » désigne l’ancienne région industrielle qui s’étendait de Chicago à la côte atlantique, NdT

[2La gentrification est le remplacement de population pauvres par des populations plus aisées, corolaire de l’expulsion directe ou indirecte des pauvres. Ce terme anglo-saxon est différent de l’embourgeoisement qui n’implique pas le déplacement de population, NdT.

[3Les allocations Section 8, sortent d’APL mais bien moins importantes, ne concernent qu’un certain nombre de logements privés sélectionnés, NdT

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