Vendredi 5 novembre, notre camarade, compagnon et ami détenu à Fleury-Mérogis est sorti sous contrôle judiciaire, après onze mois de prison en détention préventive !
Notre joie est immense de le savoir de retour chez lui, auprès de ses proches, après tant de temps passé derrière les barreaux sous statut DPS... Mais cela ne saurait éteindre notre colère.
Colère de voir le gâchis humain, les vies broyées, les espoirs déçus, l’attente, le temps perdu, les humiliations pour les inculpé.e.s et leurs proches venant les visiter au parloir, les privations répétées de droits au cours de leur détention, l’arbitraire de la justice et de l’administration pénitentiaire...
Évidemment nous ne cachons pas notre satisfaction de voir « l’affaire du 8 décembre » se dégonfler inexorablement comme une baudruche, pour laisser paraître son absurdité et son infamie. Mois après mois, l’accusation démontre sa faiblesse et le peu d’éléments en sa possession, laissant apparaître crûment son seul objectif de répression politique.
Mais nos camarades, elleux, ont payé le prix fort pour cette farce montée en épingle par le cirque judiciaire et médiatique !
L’un d’entre-elleux reste toujours détenu à ce jour, à l’isolement. Plus que jamais il a besoin de notre soutien collectif pour l’aider à tenir.
Nous continuerons à donner de la voix inlassablement pour faire connaître le sort qui lui est réservé, lui qui est privé de soins et n’a vu un médecin qu’une seule fois en onze mois de détention à l’isolement !
Cette affaire prend place dans un contexte plus large de criminalisation des luttes, d’usage de l’association de malfaiteurs comme outil de répression politique et de montée de l’extrême-droite dans une ambiance préfasciste.
Depuis 2015 et la mise en accusation systématique des musulman.e.s, la mise sous tutelle et la répression tous azimuts de toute une communauté, jusqu’à ces derniers mois avec les lois liberticides votées l’hiver dernier, les virages sécuritaires des gouvernements successifs ont été particulièrement inquiétants. Les derniers projets de loi et le climat électoral délétère en attestent.
On savait que la justice de la République savait collaborer avec l’exécutif pour tenter d’éteindre certaines flammes trop vigoureuses durant des mouvements sociaux, des soulèvements et des révoltes, et pour essayer de faire peur à celleux qui se laisseraient tenter par l’expérience.
Nous sommes en train de passer un cap. Aujourd’hui, la justice vient exercer une punition préventive. Des personnes sont enfermées pour éviter qu’elles ne posent problème, simplement par leurs affiliations - réelles ou supposées - à des mouvements dits "radicaux".
L’objectif derrière tout cela n’est pas tant de paralyser ces camarades ou leur entourage proche, mais bien toutes celles et ceux qui se reconnaîtraient un tant soi peu en elleux. L’exécutif, les flics et la justice sont tout-puissants, et leur sentence peut s’abattre sur chacun.e d’entre nous, à tout moment, pour n’importe quelle raison. C’est contre cette tentative de pression par la peur que nous devons nous battre.
Plus que jamais nous devons faire front, pour lutter contre la judiciarisation des idées politiques d’émancipation et la criminalisation de l’action politique.
Nous restons déterminés jusqu’à ce que tous soient libres, nous ne lâcherons pas jusqu’à ce que le dernier soit sorti de sa détention à l’isolement !
Ils veulent nous terroriser, nous ne nous laisserons pas antiterroriser !