Coup dur pour la préfecture, récit de l’occupation de l’académie du Climat, le 6 février 2024

Contre les expulsions, la loi Darmanin, et le fascisme d’État.

Le 6 février 2024, une cinquantaine de camarades sans papiers à la rue, principalement du collectifs des mineurs de Belleville et leurs soutiens notamment le collectif Paris XXe solidaire avec tou.te.s les migrant.es, s’étaient réunis Place Baudoyer, à proximité de l’hôtel de Ville, pour demander des solutions de logement alors que se tenait le conseil municipal de Paris. Avec la sournoiserie et l’opportunisme de caniveau qui la caractérise, la préfecture de police de Paris a envoyé ses agents, par 10 degrés, des souffles de vents à 30 km/h et alors que la nuit s’annonçait pluvieuse, pour détruire le campement situé au niveau du Pont Neuf où dormaient la majorité des camarades sans papiers présents au rassemblement. Les camarades d’Utopia 56 arrivés du rassemblement sur les lieux furent intimidé.es par la police, mais se débrouilleront plus tard dans l’après-midi pour récupérer une bonne partie des affaires. Voyant l’opération de police se dérouler en live sur le compte de cerveaux non disponibles, les camarades sont clairs : on reste là, on ne bougera pas, une solution d’hébergement maintenant !
L’après-midi avançant, des soutiens convergeant vers la place Baudoyer, et la détermination des camarades sans papiers ne flanchant pas d’un pouce, malgré les petits passages provocateurs de quelques agents d’une compagnie de Brav-M déployée sur la Place de l’Hôtel de Ville et la présence d’une vingtaine d’agents municipaux déployé.es sur la place Baudoyer, des dispositions sont prises pour permettre l’envahissement de l’Académie du Climat, donnant sur la place Baudoyer. La nouvelle se propageant dans d’autres campements des Quais de Seine, dont certains (Pont au Change, Pont Sully) étaient attaqués dans la continuité de l’opération débutée à Pont Neuf, nous ne sommes plus 50, mais 90, puis 110, puis 130, à l’intérieur du lieu. Celui-ci est beau, avec une cour intérieure spacieuse dans laquelle sont disposées des chaises et des tables de terrasses, la température est agréable dans l’ensemble du bâtiment, et quelques soutiens jeunes et déter se foutent de la gueule des bourgeois de l’académie qui nous assurent être intersectionnels, pour l’accueil de tous et très sensible à la question des sans papiers en même temps qu’il nous demande de partir. Des repas sont distribués, et de plus en plus de camarades des divers réseaux de soutien sont arrivés : une délégation se forme et part négocier avec la mairie.
L’occupation s’impose, la mairie n’envisageant pas de faire intervenir la préfecture, et ne pouvant de toute façon pas faire dormir les gens ailleurs qu’ici pour ce soir. 149 camarades sans-papiers dorment au chaud, et il paraît que l’affaire remonte au plus haut niveau (Attal’Seum !), car la mairie pète un cable contre la préfecture, dont les agissements qui consistent concrètement dans le fait de retourner les campements et de virer les gens, ne sont tolérables qu’à condition qu’elle ait donné son accord au préalable. 149 camarades sans-papiers dorment au chaud, mais les agents de la mairie les réveilleront à 6 heures du matin le lendemain pour qu’ils ne songent pas à y prendre goût. 149 camarades sans papiers dorment au chaud, mais ce ne sera pas un de plus, car on leur colle à tous un bracelet avec un QR Code pour être bien sûr de qui est qui. Le lendemain après-midi, des bus sont affrêtés et un gymnase est ouvert par la mairie de Paris, qui allume la préfecture par voie de presse. À ce moment-là, elle résiste encore à héberger les camarades sans papiers qui n’ont pas eu l’info à temps hier, et n’ont pas pu être mis sur les listes. Mais les soutiens, principalement jeunes et déters, restent mobilisés jusqu’au bout, et obtiennent finalement l’hébergement de toutes les personnes présentes, indépendamment des QRCodes.

177 camarades sans-papiers ont été mis à l’abris suite à la réaction spontanée et déterminée de 50 camarades sans papiers principalement mineurs et isolés et de leurs soutiens suite à une descente de police opportuniste. Du début à la fin, nous avons obtenu plus, puis plus, puis plus. Mais si nous devons affirmer une chose ici, c’est qu’il n’y a pas de victoire en politique. La rue bouffe la vie de milliers d’immigrés dans ce pays, mineurs ou majeurs. Il n’y a pas de victoire en politique, il y a seulement des dynamiques de victoires qui se construisent.
La lutte paye, la lutte continue.

Pas de Papiers Pas de JO !
Meublé pour tous, rue pour personne !
Nique les QRCodes !

Paname Anti-impérialiste.

Illu @crayondeluttes

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