Ce vendredi 8 avril, les élèves étaient déterminés pour bloquer le lycée Voltaire afin d’attirer l’attention sur le sort réservé à Ryan et d’exiger qu’il soit relaxé.
Dès 6h, nous étions une quinzaine à entasser des poubelles et des barrières afin de bloquer le lycée.
Malheureusement, la proviseure ne l’a pas entendu de cette oreille et s’est interposée alors que nous déplacions une benne à verre. Elle a essayé de nous repousser et est allée jusqu’à mettre un coup de coude en plein visage d’un camarade qui a été légèrement blessé au nez.
Alors que le blocus commençait vraiment à prendre forme, la proviseure a décidé d’appeler la police en expliquant qu’elle se sentait « en danger » face à « un groupe d’individus sans revendications venus bloquer seulement pour ne pas avoir cours ».
Nous lui avons réexpliqué les motivations d’un tel blocage mais elle n’a pas voulu nous écouter.
La police est donc venue et s’est étonnement plutôt bien comportée, nous demandant seulement d’arrêter d’entasser des poubelles mais nous laissant la possibilité de maintenir le blocus. Une porte était alors encore ouverte. Suite à ça, plusieurs voitures de police ont effectué des rondes pour s’assurer que nous arrêtions le blocage.
Ce que nous n’avons évidemment pas fait car notre but était un blocage total du lycée afin de motiver un maximum de personnes pour se rendre au palais de justice à 11h30 pour protester. Nous avons donc essayé tant bien que mal de bloquer entièrement le lycée, ce à quoi s’opposait fortement l’administration, nous menaçant notamment d’importantes sanctions, la principale étant même allé dire à un élève qu’il "allait le regretter".
Nous avons proposé de laisser une porte ouverte mais de mettre en place un barrage filtrant pour parler avec les lycéens qui voulaient aller en cours et les convaincre de ne pas s’y rendre pour nous accompagner au palais de justice, mais l’administration a exprimé un refus catégorique, en effet selon elle nous « n’avions pas à parler aux élèves que nous pourrions intimider ».
Ce qui n’était clairement pas le but, on fait justement toujours attention à respecter les choix de chacun et leurs opinions lors des blocus.
Grâce à des jets d’œufs nous avons enfin pu fermer les portes du lycée vers 8h15 et ainsi empêcher l’entrée des lycéens.
Nous étions à ce moment une cinquantaine.
Nous avons décidé de maintenir le blocus toute la journée et de nous diviser en deux groupes : un pour rester assurer le blocage et un pour se rendre au palais de justice.
Nous étions exactement 23 à nous rendre au palais de justice, soit un nombre dérisoire et ne présentant aucune menace : personne n’était masquée, nous étions les mains dans les poches et marchions en silence. Devant les portes du palais de justice, des CRS sont arrivés au pas de course en nous demandant la raison de notre venue.
Un élève a expliqué que nous venions simplement discuter avec un responsable sur les peines que risquait Ryan et s’il était possible de faire quelque chose.
« Oh putain Michou, Didier, venez vite avec les gars ! »
Apparemment nous avons fait peur aux forces de l’ordre puisque le chef des CRS a saisi sont talkie et a crié je cite « Oh putain Michou, Didier, venez vite avec les gars ! » en moins de 30 secondes nous nous sommes retrouvés pris dans une nasse composée d’environs 15-20 CRS qui nous ont empêché de sortir.
Leur expliquant que puisqu’il n’était pas possible de tous rentrer dans le palais de justice, nous souhaitions envoyer seulement un élève rencontrer un responsable et laisser les autres sortir de la nasse, mais aucun CRS ne nous a répondu.
L’ambiance était bon enfant dans la nasse et malgré ça certains CRS semblaient tendus, l’un allant même jusqu’à qualifier l’un de nous de « fils de pute ».
Ils nous ont d’ailleurs demandé si nous allions à la manifestation de demain et lorsque nous leur avons répondu oui, ils ont ajouté qu’ils nous réservaient une surprise. Cette mascarade de la nasse a duré 45min suite à quoi nous avons été escorté jusqu’au métro.
Aucun lycéen n’aura pu pénétrer dans le palais de justice. Si le gouvernement craint tant une vingtaine d’élèves venus calmement s’exprimer, quand sera-t-il demain ? Faut-il mettre Paris à feu et à sang pour se faire entendre ?