Le 18 mai dernier, au bout de deux mois de répression, d’interdictions de manifester et d’arrestations, les syndicats de flics organisent un rassemblement « contre la haine des flics » Place de la République, lieu où une partie du mouvement contre la loi travail se retrouve quotidiennement.
Lors d’un contre-rassemblement destiné à protester contre les violences policières de toutes sortes, des manifestants se font violemment déloger par les flics. Ces manifestants partent alors en cortège sauvage en direction du canal Saint-Martin.
Une voiture de police, croisée par hasard, fait les frais de la frustration et de la rage accumulée par des semaines de brutalité policière au cours desquelles les pluies de gaz lacrymogènes, les nasses et les tirs tendus de flash ball sont la seule réponse à la protestation.
Le gouvernement assure que la loi El Khomri, qui renforce la précarité et l’exploitation des salariés, est nécessaire et indiscutable, et envoie des rangées de casqués pour mater ceux à qui cela ne plairait pas, cortège de tête ou pas.
Que des manifestants s’opposent aux flics n’a rien d’étonnant ni de nouveau. Ce n’est pas la première fois d’une voiture de police brûle. Mais l’État voit dans la matinée du 18 mai à la fois un défi et une occasion de réaffirmer son autorité. L’affaire est outrageusement montée en épingle par le gouvernement, les médias et les syndicats de flics. Des arrestations, sur la base de renseignements policiers hâtifs et de fichage politique, ont lieu l’après-midi et le lendemain même pour satisfaire l’appétit des chaines d’info. Des services sont mobilisés pour exploiter des vidéos et chercher à tout prix les auteurs de cet acte spontané. D’autres arrestations ont lieu dans les semaines qui suivent. Au total, six personnes sont mises en examen entre autres pour « tentative d’homicide » et trois sont en détention encore aujourd’hui.
Parmi celles-ci, Kara, jeune femme trans, a déposé par l’intermédiaire de ses avocates un pourvoi en cassation contre la décision de la maintenir en détention, accompagnée d’une question prioritaire de constitutionnalité. Dans la hâte de coffrer Kara pour l’exemple, certains droits de la défense ont été quelque peu bousculés : en particulier la possibilité, pour les avocates, de consulter le dossier sans délais et de s’entretenir avec leur cliente. L’audience devant la chambre criminelle aura lieu ce mois-ci.
Il convient de rester mobilisés pour obtenir, le plus rapidement possible, la libération de toutes les personnes incarcérées.