Commémoraction des victimes des politiques migratoires aux frontières - mardi 6 février

Commémoraction des personnes décédées, disparues ou victimes de disparition forcée sur les routes migratoires, et les familles des victimes. Rendez-vous mardi 6 février à 18h, place Edmond Michelet (Paris 4e).
Commémorer les victimes et dénoncer le régime de morts aux frontières ! Migrer pour vivre, pas pour mourir ! Ce sont des personnes, pas des chiffres ! Liberté de mouvement pour tous et toutes !

Leur vie, notre lumière. Leur destin, notre colère. Ouvrez les frontières !

Journée mondiale de lutte contre le régime de mort aux frontières et pour exiger la vérité, la justice et la réparation pour les victimes de la migration et leurs familles

Le 6 février 2014, plus de 200 personnes, parties des côtes marocaines, ont tenté d’accéder à la nage à la plage du Tarajal, dans l’enclave espagnole de Ceuta. Pour les empêcher d’arriver en « terre espagnole », la Guardia civil a utilisé du matériel anti-émeute et les militaires marocains présents n’ont pas porté secours aux personnes qui se noyaient devant eux. Quinze corps ont été retrouvés côté espagnol, des dizaines d’autres ont disparu, les survivants ont été refoulés, certains ont péri côté marocain.

Dix ans sont passés depuis le massacre de Tarajal.

Dix ans pendant lesquels le nombre de morts et de disparus n’a cessé d’augmenter, dans la Méditerranée et sur la route des Canaries, dans les frontières internes de l’UE, dans la Manche, aux frontières orientales, le long de la route des Balkans, et encore dans le désert du Sahara et le long de toute autre trajectoire de mobilité. Le régime de frontière a montré encore en 2023 son visage cynique de manière totalement décomplexé, lors du naufrage de Cutro, quand la nuit du 25 février 94 personnes sont décédées et au moins 11 autres ont disparu à quelques mètres des côtes italiennes, sous les regards immobiles de Frontex et des autorités italiennes, encore le 14 juin quand plus de 600 personnes ont disparu à jamais au large de Pylos, en Grèce et tout comme le 23 avril 2022, quand un bateau avec 90 personnes à son bord a coulé au large des côtes libanaises.

Dix ans pendant lesquels les associations, les familles, et tous celles et ceux qui luttent pour le droit à la mobilité pour toutes et tous n’ont cessé de réclamer vérité et justice pour ces victimes, de surligner les responsabilités directes et indirectes du régime des frontières, de travailler pour prouver ces responsabilités et pour soutenir les familles et les proches dans des douloureux parcours de recherche des disparus et d’identification des victimes.

À l’occasion du dixième anniversaire du massacre de Tarajal nous réitérons ici l’appel lancé l’année dernière, avec l’espoir qu’encore plus d’organisations, d’associations, de familles, d’activistes s’associent à ce processus de CommémorActions décentralisées réalisé chaque année le 6 février, pour que cette mobilisation transnationale prenne plus d’ampleur, soit de plus en plus visible dans l’espace public et arrive à fédérer de plus en plus de personnes.

Nous demandons à toutes les organisations sociales et politiques, laïques et religieuses, aux groupes et collectifs des familles des victimes de la migration, aux citoyens et citoyennes de tous les pays du monde d’organiser des actions de protestation et de sensibilisation à cette situation le 6 février 2024.

Nous vous invitons à utiliser le logo ci-dessus, ainsi que vos propres logos, comme élément pour souligner le lien entre toutes les différentes initiatives. Tous les événements qui auront lieu peuvent être publiés sur le groupe et sur la page Facebook « Commemor-Action ».

Pour adhérer à l’appel, vous pouvez écrire à : globalcommemoraction@gmail.com

Informations sur le rassemblement à Paris en français, anglais, arabe, pachto et dari/farsi :

Version française
Version anglaise
النسخة العربية
پښتو ژباړه
نسخه فارسی/ دری

Qui organise les commémoractions ?

Nous sommes parents, amis et amies de personnes décédées, portées disparues et/ou victimes de disparitions forcées le long des frontières terrestres ou maritimes, en Europe, en Afrique, en Amérique.

Nous sommes des personnes qui ont survécu à la tentative de traverser les frontières à la recherche d’un avenir meilleur.

Nous sommes des citoyen.e.s solidaires qui aident les immigré.e.s durant leur voyage en fournissant une aide médicale, de la nourriture, des vêtements et un soutien lorsqu’ils se trouvent dans des situations dangereuses pour que leur voyage ait une bonne fin.

Nous sommes des activistes qui ont recueilli les voix de ces immigrés et de ces immigrées avant leur disparition, qui s’efforcent d’identifier les corps anonymes dans les zones frontalières et qui leur donnent une sépulture digne.

Nous sommes une grande famille qui n’a ni frontière ni nationalité, une grande famille qui lutte contre les régimes de mort imposés à toutes les frontières du monde et qui se bat pour affirmer le droit de migrer, la liberté de circulation et la justice globale pour tous et toutes.

Que sont les commémoractions

Depuis le massacre de Tarajal, les CommémorActions visent à relayer les revendications, à mettre fin au déni de justice, à rendre hommage à l’ensemble des victimes d’un régime des frontières dangereux et immoral, pour se rappeler leur nom, au-delà des chiffres déshumanisants et largement en-deçà de la réalité, sans oublier les nombreuses personnes qui disparaissent aussi dans l’anonymat.

Les CommémorActions sont des actions qui commémorent les personnes migrantes décédées, disparues ou victimes de disparition forcée au cours de leur voyage à travers les frontières du monde.

Le processus est né de la collaboration entre les amis et les familles des personnes disparues, notamment en Méditerranée, et les militants qui recueillent leurs témoignages et reproduisent leurs revendications. Cette collaboration s’est consolidée et renforcée autour de la création de la page web Missing at the Borders (https://missingattheborders.org) née pour donner une voix aux familles de migrants et une occasion de faire entendre leur histoire.

Les CommémorActions sont à la fois des commémorations et des protestations qui visent à construire collectivement des processus qui peuvent soutenir les familles dans leurs revendications pour avoir vérité et justice concernant le sort des êtres chers.

Le processus de la CommémorAction consiste en deux événements : les commémoractions décentralisées et les grandes commémoractions.

Nous avons choisi la date du 6 février, jour du massacre de Tarajal, comme date symbolique pour organiser chaque année des CommémorActions décentralisées dans tous les pays du monde pour unifier toutes les luttes que de nombreuses organisations mènent chaque jour pour dénoncer la violence mortelle des régimes frontaliers du monde et pour exiger vérité, justice et réparation pour les victimes de la migration et leurs familles.

En février 2020, familles et militants se sont réunis à Oujda en Maroc pour organiser la première Grande CommémorAction et le 6 septembre 2022 à Zarzis en Tunisie pour la deuxième afin de continuer le processus de construction du réseau international des proches des migrants décédés, disparus et victimes de disparitions forcées et pour continuer la lutte pour le droit à la liberté de circulation pour tous et toutes. Les Grandes CommémorActions ont lieu tous les deux ans le 6 septembre, jour où on se souvient du naufrage du 2012 survenu à quelques kilomètres de Lampedusa dans lequel plus de 50 personnes ont disparu.

Mots-clefs : sans-papiers | migrants | Frontex
Localisation : Paris 4e

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