Boycott du tourisme en Grèce !

Pour montrer au gouvernement grec que la solidarité envers ceux qu’ils répriment n’a pas de frontière, une banderole a été déployée devant l’ambassade de Grèce à Paris : « Le gouvernement fasciste grec construit des camps fermés pour les réfugiés, torture les activistes et expulse les squats. Solidarité sans frontières et boycott du tourisme en Grèce ! »

Μποϊκοτάζ στην Ελληνικo τουρισμού ! Boycott du tourisme en Grèce !

Depuis l’élection de Kyriakos Mitsotakis en juillet 2019, à Athènes, le nouveau gouvernement de droite met en place une offensive contre Exarcheia, quartier antiautoritaire et solidaire de la capitale. Les « anarchistes » et les « cagoulés » seraient soi-disant responsables du trafic de drogues et du trafic d’armes dans la capitale. « Les migrants » sont également mis en cause par les chaînes de télé, plus précisément « employés par les antiautoritaires » dans une sorte de « mafia libertaire et internationale au centre-ville ».

Le gouvernement réactive progressivement les lois scélérates déjà mises en place durant les années 1920, qui visaient alors le parti communiste grec et les antiautoritaires. Le but est, tout d’abord, d’entraver la propagande anarchiste par le biais d’une censure, non pas de la propagande anarchiste en tant que telle, mais en tant que « parole menaçante » à chaque fois qu’elle représentera un « danger pour l’ordre social et la paix civile ». Il s’agit également, notamment dans le cas précis de Rouvikonas, de classer ses actions directes dans la catégorie des « actions terroristes » (article 187A du Code pénal en Grèce), avec de graves conséquences juridiques pour tous les membres du groupe.
Non seulement le Code pénal est en train de changer pour durcir cette offensive, mais les moyens répressifs de l’État se sont également renforcés.

2 000 voltigeurs — des couples de policiers sur des motos — ont été directement recrutés (ces brigades sont donc remises en circulation après avoir été supprimées par le gouvernement d’Alexis Tsipras) ou réaffectés depuis une autre fonction dans la police (500) pour participer à des opérations de répression puis de surveillance des fameuses zones à reconquérir par l’État, à commencer par le quartier rebelle et solidaire d’Athènes. Du matériel de renseignement made in France serait également en train d’être mis à disposition des services grecs.

Mais ces gesticulations sécuritaires masquent à peine les appétits aiguisés des promoteurs de tout poil après l’arrivée au pouvoir de la droite. Située en plein centre de la capitale grecque, à proximité du musée archéologique et de l’université polytechnique, Exarcheia pourrait devenir un nouveau terrain de chasse pour la gentrification. Pareil pour les universités qui, une fois vidées de tout foyer de contestation, constitueraient de beaux lots à livrer aux marchés via une privatisation. Ainsi, la zone de repli qu’est l’École polytechnique, à l’ouest d’Exarcheia, connue pour son rôle historique dans l’insurrection contre la dictature des colonels en 1973 [1] et à plusieurs reprises depuis (notamment en 2008 et 2014) va passer sous contrôle policier avec la promulgation de la fin de l’asile universitaire et le début de travaux pharaoniques pour transformer les lieux en musée antique, en annexe du musée voisin.

La mobilisation internationale qui témoigne son soutien à Exarcheia rend visible la répression et complexifie la bonne marche de l’opération « Loi et ordre », tant en apportant des forces matérielles aux camarades grecs qu’en faisant pression sur le gouvernement en révélant ses agissements criminels au grand jour. Nous appelons à multiplier les actions de soutien pour montrer qu’on ne peut pas évacuer un mouvement !

Notes

[1En 1973 en pleine dictature des colonels (1967 -1974) 1 500 étudiants de l’École polytechnique d’Exarcheia deviennent le fer de lance de la résistance contre la dictature des colonels. Ils occupent Polytechnique en signe de protestation contre le régime et lancent une radio pirate dont le célèbre « ego polytechnia », « ici polytechnique » allait devenir le cri de ralliement et le début de la fin pour la dictature grecque. Les étudiants recevront les chars du gouvernement en guise de réponse : à peu près 44 personnes perdent la vie cette nuit-là. Depuis lors, il est interdit aux forces de l’ordre d’entrer dans une université.

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