Bidonvilles vs La Défense – Acte 2

Halte aux expulsions sans solution ! Pour la dignité et une réponse sociale aux habitants du Nouveau Bidonville de Nanterre !

Nouveaux rendez-vous :

  • Rassemblement à l’Audience, Jeudi 3 juillet, 11h, Annexe du tribunal de grande instance, 6 rue Pablo Neruda (RER Nanterre Préfecture)
  • Conférence « Bidonvilles d’hier à aujourd’hui » avec Eric Fassin, sociologue. En présence de Monique Hervo (sous réserve), Cherif Cherfi, Cheikh Djemaï, Mogniss Abdallah
    Lundi 7 juillet -19h – Maison du chemin de l’île, 61 Bd du Général Leclerc (RER Nanterre Université)

Depuis maintenant un peu plus de deux mois, alors que l’histoire de l’immigration et des cités de transit est à l’honneur dans la ville de Nanterre, un petit bidonville s’est édifié à quelques pas de l’ancienne « cité blanche ». Abritant au départ quelques familles et désormais une centaine de personnes, les baraques ont été construites sur des terrains en friche depuis des décennies et appartenant à l’aménageur de la Défense (l’EPADESA), terrains par ailleurs ouverts bien avant l’arrivée de ces nouveaux occupants.

Déplacés de force ou partis volontairement de bidonvilles de Seine-Saint-Denis, les habitants se sont construits des habitats de fortune dans lesquels ils vivent sans eau ni électricité, sans douche ni WC, dans l’indifférence générale. Malgré ces conditions, ils maintiennent au mieux cet espace de vie, propre et convivial. Et si certains associatifs voisins ont prêté eau (Ferme du Bonheur) et douches (Arènes de Nanterre), les besoins élémentaires sont loin d’être assurés. A l’inverse, les habitants n’ont reçu pour le moment des pouvoirs publics que le silence et du propriétaire la procédure d’expulsion, extrêmement rapide, mise en jugement le 24 juin prochain.

A la suite d’une première audience le 3 juin, un collectif de soutien aux habitants a obtenu rendez-vous avec le directeur juridique de l’EPADESA. Soldé par un échec, ce dernier privilégiant l’urgence sécuritaire et immobilière à l’urgence sociale et n’envisageant aucune alternative à l’expulsion des familles ni mesure d’accompagnement. De même, la délégation reçue par le directeur de cabinet du maire n’a obtenu pour le moment aucune réponse sur cette urgence sociale, ce dernier renvoyant à leur responsabilité l’État, les villes de droite et le propriétaire du terrain.

Quelques jours après la seconde audience, alors que le directeur juridique avait assuré le collectif de l’absence de projet de construction à court terme sur la friche (dite parcelle 5 et 6), des camions de chantier accompagnés de nombreux policiers ont versé des tonnes de sable à quelques mètres du bidonville. L’EPADESA simulerait-il un chantier imminent pour favoriser l’expulsion ?

Exploitant les plaintes de voisins et le silence pesant de la municipalité, l’UMP – dans un communiqué irresponsable – demande quant à elle à la municipalité d’en finir avec le retour « indigne » des bidonvilles. Assassinant une seconde fois la mémoire et la dignité des habitants des bidonvilles et cités de transit, ce communiqué bafoue l’histoire des conditions d’installation, de vie et de voisinage difficiles, oublie le faible soutien des pouvoirs publics, en particulier de l’État, à agir pour ces Nanterriens. Aujourd’hui, à droite, la leçon de l’histoire consisterait à empêcher qu’elle se répète, quitte à faire d’habitants en danger des personnes plus précaires encore, vouées à un éternel dégagement.

A l’inverse, nous connaissons l’attachement de la municipalité de Nanterre aux valeurs sociales et humaines, à l’histoire des bidonvilles et de l’immigration, portées depuis de nombreuses années, parfois contre l’avis de la préfecture, comme l’inauguration du boulevard à la mémoire des victimes du massacre du 17 octobre 1961. Aujourd’hui encore, l’hommage à Abdennbi Guemiah, jeune habitant de la cité de transit Gutenberg tué d’un coup de fusil à l’automne 1982, témoigne de cette histoire plurielle mise en avant par le conseil municipal et qui fait la richesse de cette ville solidaire.

Qu’en sera-t-il pour ces nouveaux migrants, européens venus de l’Est – souvent désignés comme « Roms » - et désormais installés à Nanterre. Faut-il rappeler que ces populations sont l’objet de discriminations flagrantes depuis des années ? Cette hostilité, provenant des plus hautes autorités de l’État, a d’ailleurs fait l’objet d’une condamnation par le Conseil Municipal de Nanterre à travers le vœu de novembre 2010, dont voici un extrait :

« Dans une ville comme Nanterre, qui est une terre d’accueil des populations et de brassage des cultures depuis plusieurs générations, il est de notre devoir de dénoncer le caractère raciste de cette politique gouvernementale, et de contribuer, par des actes, à permettre à tous nos concitoyens de vivre dignement ensemble. »

Après la condamnation légitime, le Conseil Municipal a annoncé la mise en place, dans un délai maximum d’un an, « d’une aire d’accueil des Gens du Voyage, conformément à la loi du 5 juillet 2000 et au PLU [Plan Local d’Urbanisme] ». Mais qu’en est-il de cette construction quatre ans après ? Ces engagements ne concernent d’ailleurs que les « gens du voyage » quand la majeure partie des migrants actuels, à commencer par les habitants du nouveau bidonville de Nanterre, sont en réalité des sédentaires. Alors, à quand un espace de vie et/ou des relogements décents ?

Face à la réponse policière, face aussi, au lynchage terrible dont vient d’être victime un jeune habitants d’un bidonville en Seine-Saint-Denis, nous, habitants de Nanterre, citoyens, militants associatifs ou syndicaux de cette ville, étudiants et chercheurs de l’université, souhaitons alerter élu(e)s, citoyen(ne)s et militant(e)s de Nanterre sur la situation dramatique, socialement et humainement, pour les familles vivant sur le nouveau bidonville de Nanterre.

Nous appelons la Ville de Nanterre et ses habitants à une réponse sociale, une réponse qui poursuive le « vivre ensemble » qui fait la richesse d’un Nanterre dont une partie, comme au conseil municipal, a vécu cette histoire des bidonvilles et des cités de transit.

Nous sollicitons d’urgence le soutien de toutes et tous, en particulier associations et militants de Nanterre, pour s’opposer à la seule procédure d’expulsion-destruction lancée à l’encontre des habitants, familles, enfants du bidonville.

A l’urgence sociale et politique, s’ajoute l’urgence scolaire. En cette période d’inscription pour la rentrée, nous alertons en particulier les premiers responsables municipaux. Leur vigilance sur la « question Rom » par le passé, leurs responsabilités actuelles au sein des comités de pilotage interministériel pour la scolarisation des « Roms » au ministère de l’Éducation nationale ne peuvent que favoriser l’effort pour la dignité de ces nouveaux Nanterriens.

Quarante ans après la destruction des derniers grands bidonvilles de Nanterre, trente ans après celle des cités de transit, agissons en urgence pour ces nouveaux habitants des bidonvilles.

Opposons la dignité humaine, l’urgence scolaire et les relogements aux expulsions et aux destructions.

Les demandes concrètes de ces habitants sont :

  • La mise en place de services sanitaires sur les lieux : toilettes, douches, poubelles, etc. ainsi que d’un suivi médical organisé,
  • La réalisation d’un réel diagnostic sanitaire permettant l’évaluation des besoins sanitaires, sociaux et les propositions de solution de relogement conformément à la circulaire interministérielle du 26 août 2012,
  • La scolarisation des enfants pour la rentrée 2014-2015,
  • Une proposition sérieuse de relogement et/ou un espace viable en fonction des volontés des occupants.

Rassemblement demain jeudi 19 juin, à 14h, Parvis de la mairie de Nanterre, suivi d’une visite au bidonville
Audience mardi 24 juin à 10h30, TGI de Nanterre, 6 rue Pablo Neruda, Nanterre préfecture.
Le soir même, conseil municipal de Nanterre.

Contact :
Comité de soutien BidonvilleVsLaDéfense
06 95 43 31 74
bidonvillevsladefense@yahoo.fr

Localisation : Nanterre

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