Hier, lundi 23 décembre 2013, à 16h13 un train transportant un wagon de déchets radioactifs a déraillé en gare de triage du Bourget, sur la commune de Drancy. Le train allait à faible allure et ne s’est pas renversé, mais le wagon est en partie sorti des rails. D’après la préfecture de Seine-Saint-Denis, « tous les relevés de radioactivité effectués par les pompiers sont négatifs ». Aucune fuite radioactive n’aurait été constatée.
Selon Greenpeace, le wagon qui a déraillé contenait tout de même 6 tonnes de combustible nucléaire. Il venait de la centrale de Nogent-sur-Seine, et avait pour destination l’usine de retraitement de la Hague, via le terminal ferroviaire de Valognes.
Des trains comme celui-là (appelés « châteaux » ou « Castor »), il y en a près de deux cents qui circulent chaque année en France, des dires mêmes d’Areva. Mais en tout, on compte environ 500 trains par an qui transportent des matières radioactives : « il peut y avoir aussi de simples wagons plats bâchés ou des wagons-citernes » nous précisait un tract du Collectif contre l’ordre atomique il y a deux ans.
Après le déraillement, seuls les voisins de la gare ont pu entendre hurler les sirènes, prévenant simplement qu’un accident avait eu lieu, sans plus de précision. Il a fallu plusieurs heures à la presse pour qu’elle commence à se faire écho de la nouvelle et qu’elle relaie (un peu) l’information. Tout comme il semblerait, d’après le député-maire de Drancy que les pompiers n’aient pu intervenir qu’au bout de deux heures faute d’être équipés.
On n’est pas passé, hier, très loin d’un accident majeur. N’en déplaise à Areva, les déraillements de train ont beau être « très rares », ils arrivent régulièrement. Et comme nous le montre cette histoire, ils n’épargnent pas les wagons radioactifs. Cette fois-ci, le wagon ne s’est pas renversé et, d’après les discours officiels, aucune fuite n’a eu lieu. Mais, avec plus d’un train nucléaire qui circule par jour en France, le risque que l’un d’entre eux déraille un jour et provoque un épilogue plus sinistre est bien réel. Le réseau Sortir du Nucléaire précise d’ailleurs que « de nombreux problèmes ont déjà été enregistrés sur ces transports. Ainsi, en janvier 2013, un convoi d’uranium appauvri et de combustible usé a déraillé à Saint-Rambert, dans la Drôme, alors que le personnel SNCF de cette gare n’est pas formé à intervenir sur ces convois, ni informé des risques. »
Le déraillement d’hier nous apprend aussi que l’énorme gare de triage du Bourget accueille chaque année treize mille wagons de matières dangereuses. Une véritable bombe à retardement. Et comme le raconte une dépêche AFP, ce qui n’a pas pour effet de nous rassurer, dans cette même gare, « le 11 décembre, un wagon de transport d’acide chlorhydrique vide avait déjà déraillé, sans qu’aucune fuite ne fut constatée. »
Comme d’habitude avec le nucléaire, l’opacité est la règle et les communiqués d’Areva et de la préfecture parlent « d’incident technique sans conséquence », minimisant outrageusement ce que signifie le déraillement d’un train de déchets radioactifs. Sur tout le territoire, tous les jours, ces trains de la mort circulent et laissent planer le risque d’un accident. Arrêt immédiat du nucléaire !