Nous sommes des enfants de trois à cinq ans, menant la lutte contre les ignominies de ce monde au cœur des différentes écoles maternelles du territoire français où nous étudions.
Nous avons l’habitude de ne pas être pris entièrement au sérieux, pout autant nous le sommes. Nous n’écrivons pas ceci dans le seul but de faire sourire.
Nous sommes celles et ceux qui, au lycée, se mobiliseront, lutteront et se révolteront contre le monde qu’ils nous construisent.
Nous sommes celles et ceux qui, luttant au lycée, se forgeront un profil contraire aux attendus d’une société de parvenus.
Nous sommes celles et ceux qui ne pourront jamais aller à l’université.
Il est dès lors nécessaire pour nous, et ce nous regroupe toutes celles et ceux que les enjeux de nos luttes concernent, que la loi Vidal ne passe pas. Pour que la lutte soit encore possible, au lycée et à l’université – et chacun sait que ce sont des poudrières –, il faut que ceux-ci soient accessibles à tout.e.s.
La mobilisation ne cesse de grossir, depuis plusieurs mois, au sein des universités. Plus de 44% des universités sont aujourd’hui occupées. Le calendrier universitaire suit pourtant son cours, et mène tout droit face au mur des partiels : ils ne doivent pas avoir lieu.
Déjà parce que c’est une nécessité tactique, les examens sont l’épée de Damocles qui décourage beaucoup à rejoindre la lutte : parce que choisir de lutter revient à renoncer à ses révisions, et que la tenue des partiels mettrait un coup d’arrêt à la mobilisation. Libérer les étudiant.e.s de cette contrainte, c’est les rendre disponibles à la lutte.
Ensuite parce que c’est un enjeu stratégique majeur. Depuis quelques semaines, Vidal répète dans les médias qu’il ne faut pas s’inquiéter, que les partiels auront bien lieu – elle ne prendrait pas la peine de dire cela si elle ne s’en inquiétait pas. Macron a tenu à dire, en préméditant sa formule, qu’il n’y aura pas d’examen en chocolat – c’est qu’il entrevoit déjà cette possibilité de diplôme accordé par le blocage des examens plutôt que par le bachotage, et qu’il la craint.
S’ils répètent partout qu’il ne faut pas avoir peur de l’annulation des partiels, c’est qu’ils ont bien peur que ces partiels soient annulés. Si l’on nous dit que les examens ne sont pas au chocolat, c’est que montent au nez des saveurs plus goûteuses, qui ne s’obtiennent pas en grattant un papier. Les partiels ne doivent pas avoir lieu, aussi parce que c’est le cas de figure qu’ils souhaitent absolument éviter.
L’université de Nanterre – il n’est pas la peine de rappeler tout ce qu’elle symbolise - sera l’une des premières à mettre en place ses partiels. Son président, Jean-François Balaudé, incarne parfaitement le technocrate macroniste – des bruits de couloirs disent qu’il aurait souhaité être ministre de l’enseignement supérieur. Carriériste, il cherche à s’attirer les faveurs de Vidal dont il est un sbire, et traduit à l’échelle de l’université ce qu’est Macron à celle de la France.
L’université de Nanterre est celle où Macron a lui-même fait une partie de ses études.
Nanterre est l’université qui, tout en commémorant mai 68, orne la carte de ses étudiant.e.s des tours de la Défense, et envoie les CRS matraquer et arrêter des étudiant.e.s réuni.e.s en assemblée générale.
Nanterre doit être la première université où les partiels sont annulés, où l’année universitaire soit accordée aux étudiant.e.s grâce à la non-tenue des partiels ; il se trouve par ailleurs que c’est dans celle-ci que les professeurs mobilisés réclament la validation de l’année avec un 20/20.
Les étudiant.e.s de Nanterre, avec qui le MIMI entretient quelques liens, se sont donnés l’objectif ambitieux de bloquer l’intégralité de l’université lundi 16 avril, premier jour de tenue des partiels. Objectif ambitieux parce que c’est probablement l’une des universités les plus difficiles à bloquer : il y a plus d’une quinzaine de bâtiments répartis sur un très grand campus, chacun comportant plusieurs entrées. Autrement dit, la partie ne sera pas facile.
Pour autant, l’agression policière sur les étudiant.e.s, professeurs et personnels lundi dernier a provoqué une révolte au sein de la « communauté universitaire », très nombreu.x.ses sont les étudiant.e.s, personnels et les professeurs à prendre acte que, dans ces conditions, les partiels ne peuvent pas décemment se tenir, et à s’organiser en conséquent. L’idée de blocage est partagée et approuvée par une part presque surprenante des étudiant.es, professeur et personnel - même par certains vigiles -, alors même qu’il est plus délicat de bloquer des partiels que des cours : elle fait sens pour tout le monde, s’impose comme nécessité, et se propage contagieusement. Les conditions semblent plus que favorables, tout porte à être optimiste.
Cet optimisme qui porte les étudiant.es de Nanterre à cette audace salutaire ne doit pas masquer la réalité, qui est que bloquer les partiels conduira inévitablement à des réactions hostiles de la part de certain.es, soit pour le stress que représentent les examens mêlée à l’incertitude ouverte par leur annulation, soit pour des positions politiques réactionnaires. Il faut avoir la finesse de ne pas confondre les deux, en sachant que la stratégie des seconds est d’entraîner derrière eux les premiers. Il nous faudra convaincre les angoissés, ne pas les laisser aux mains de quelques vermines, donc aussi chercher à ne pas les brusquer. A ce titre, de nombreux professeurs mobilisés ont signalé leur volonté de participer eux-mêmes au blocage ! L’objectif est bien d’empêcher les partiels, mais tout en entrainant les indécis dans la lutte, il faut alors faire comprendre que l’action de blocage n’est pas contre, mais dans l’intérêt des étudiant.e.s.
15 bâtiments ne se bloquent pas comme cela, même avec la meilleure volonté du monde, et il sera nécessaire d’être nombreu.x.ses. C’est pour cela que le MIMI apportera toutes ses forces lundi aux étudiant.e.s de Nanterre, pour bloquer l’intégralité de l’université, et donc anéantir la possibilité que s’y tiennent les examens. Nous appelons chacun.e à en faire de même. Nous insistons, il y a un enjeu réel à annuler les examens : parvenir à les empêcher à Nanterre, compte tenu de la symbolique de cette université, de son calendrier en avance sur les autres universités, mais aussi de la difficulté technique de cette opération, pourrait donner en cas de réussite un élan qui manque encore aux mouvements en cours. Nanterre doit montrer la voie. Si les partiels n’ont pas lieu à Nanterre, ils n’auront lieu nulle part. Si les partiels n’ont pas lieu à Nanterre, les diplômes auront une saveur chocolatée.
Rendez-vous dès 6h00, devant la gare de Nanterre, pour le blocage historique et inédit de l’intégralité de l’université de Nanterre ! Un rassemblement devant le bâtiment B aura également lieu à 10h, pour le pot de départ du président Balaudé, ayant fait l’erreur grossière d’envoyer les CRS matraquer et arrêter ses étudiants.
On compte sur vous, chaque personne présente à 6 heures pourra changer la donne. Le délai est cours, c’est pour demain, faites tourner le message, ce sera une journée historique !
Le MIMI, réuni en congrès exceptionnel ce dimanche 15 avril 2018 à Paris.