Affaire « machine à expulser » : dernier acte !

Vendredi 12 juin à 9h se tiendra à la chambre 4/11 de la cour d’appel du tribunal de Paris (métro Cité) le dernier appel des deux procès sur lesquels a fini par aboutir la mascarade policiaro-judiciaire qui avait pour but de mettre un coup d’arrêt aux luttes et aux sabotages contre la machine à expulser qui avaient eu lieu depuis l’incendie de la plus grande prison pour étranger d’Europe : le CRA de Vincennes, entièrement réduit en cendres en 2008. C’est à la solidarité avec les sans-papiers en lutte et les prisonniers en révolte que la justice cherche à mettre un coup d’arrêt avec ce dossier à la fois gigantesque et mal bricolé depuis 2010.

Vendredi 12 juin à 9h se tiendra à la chambre 4/11 de la cour d’appel du tribunal de Paris (métro Cité) le dernier appel des deux procès sur lesquels a fini par aboutir la mascarade policiaro-judiciaire qui avait pour but de mettre un coup d’arrêt aux luttes et aux sabotages contre la machine à expulser qui avaient eu lieu depuis l’incendie de la plus grande prison pour étranger d’Europe : Le CRA de Vincennes, entièrement réduit en cendres en 2008. C’est à la solidarité avec les sans-papiers en lutte et les prisonniers en révolte que la justice cherche à mettre un coup d’arrêt avec ce dossier à la fois gigantesque et mal bricolé depuis 2010.
Pour plus d’éléments la phase de lutte réprimée par l’instruction dont ce procès est le dernier acte, on peut lire la brochure Le Vaisseau des morts a brûlé , éditée en juin 2017 à l’occasion du procès de cette affaire en première instance.

En juin 2017, après sept ans et demi d’instruction, des milliers de pages de dossier, une quinzaine de personnes perquisitionnées, arrêtées, filaturées, écoutées, filmées, mises en examen, quatre d’entre elles incarcérées dont deux pour plusieurs mois, plusieurs assignées à résidence, maintenues sous des contrôles judiciaires variés pendant plus de sept ans ; après des pages et des pages d’enquête foireuse maintenue à des fins de répression et de surveillance, d’abord menée par la section antiterroriste de la brigade criminelle puis par une succession de juges d’instruction dont aucun ne voulait finir par clore le dossier, après avoir agité l’épouvantail de l’ennemi intérieur et du « terrorisme d’ultra gauche » (et profité des moyens d’enquête, de filature et d’enfermement que cette qualification permet) et mis sur le dos de quelques-uns des dizaines d’attaques dont certaines incendiaires, l’État et sa justice ne se retrouvent finalement en mesure d’organiser que deux procès sur des incriminations relativement mineures, le premier concernant quatre personnes et le deuxième (aujourd’hui déjà jugé en première instance et en appel) avec sept inculpés.

Sur les quatre concernés par la première affaire qui a été jugée en première instance le 23 juin 2017, l’un a été relaxé au vu de la prescription de ce qui lui était reproché. Les trois autres, qui ne sont plus inculpés que pour des tags en solidarité avec les émeutes au Maghreb à l’occasion desquels ils se sont fait arrêter et incarcérer en 2011, ont pris les peines, finalement lourdes au vu des incriminations, de 4 mois avec sursis et 500 euros d’amende. Deux d’entre eux ont fait appel, et se retrouvent donc devant la justice aujourd’hui.

Pourquoi est-il important de saisir l’occasion de montrer, par tous les moyens que les uns ou les autres jugeront opportuns, et entre autres en nous rendant nombreux à cette audience inactuelle, notre solidarité ?

D’abord parce que nous avons de la mémoire. Cette affaire concerne une phase de lutte qui nous importe et dont nous avons besoin de garder la flamme vivante, sans céder aux injonctions de la répression et sans laisser œuvrer l’usure du temps qui passe et les aléas des histoires anecdotiques, qui ne font que jouer contre les révoltés et les révolutionnaires. Des incendiaires de Vincennes de 2008, aux émeutiers d’ici et d’ailleurs aujourd’hui, en passant par les destructeurs de DAB et les manifestants d’alors, ou par les révoltés des « printemps arabes » et tous ceux qui leur ont signifié, en mots comme en actes, leur solidarité, c’est le même fil qui court, et que nous voulons poursuivre, le fil d’un refus sans appel de ce monde de flics, de frontières, de répression, de racisme, d’exploitation et de domination. Ce même refus qui depuis l’assassinat de George Floyd à Minneapolis allume des feux de révolte aux quatre coins des États-Unis.

Ensuite parce que nous ne sommes pas nés de la dernière pluie. Nous savons bien que nous pouvons tous nous retrouver sous la menace de ce type de constructions policiaro-judiciaires, face à des instructions qu’on pourrait dire menées par la DGSI, qui ont d’autant plus éclos à une époque où la « circulaire Dati » a brièvement donné des ailes à la toute puissance policière en demandant que tous les actes, de quelque nature qu’ils soient, imputables à des individus fichés comme appartenant à ladite « mouvance anarcho-autonome » inventée pour l’occasion, soient considérés et réprimés en tant qu’actes terroristes. Cette circulaire est désormais caduque et a montré toute son inanité. Mais elle a sévi suffisamment longtemps pour que des dizaines de compagnons et camarades subissent des formes de surveillances et de contraintes parfois irrespirables. De plus, la logique répressive qui a présidé à ce délire-là est toujours à l’œuvre, des montages judiciaires pouvant toujours servir, même s’ils sont construits sur du vent et ne débouchent le plus souvent sur presque rien, à maintenir sous main de justice avec des contraintes diverses (bracelets électroniques, pointages et contrôles judiciaires, assignations à résidences, interdictions de manifester, incarcérations) les indésirables du moment. C’est la procédure elle-même, quelle que soit son issue, qui est déjà, en soi, une mesure punitive effective.

Enfin parce que, tant que certains seront enfermés, expulsés, ballottés de cellules de détention en zones d’exploitation, tant qu’on sera triés et autorisés ou pas à se déplacer en fonction de notre rentabilité, la lutte pour la liberté de toutes et tous n’aura pas de fin. La gestion étatique de la pandémie l’a bien montré, partout dans le monde : bloqués aux frontières, enfermés dans des bateaux-prisons, triés dans des camps innommables, condamnés à errer en méditerranée sans secours, amenés en charters pour travailler sur les exploitations agricoles puis expulsés dans d’autres charters, maintenus en quarantaines sur leur lieu de travail, les migrants sont les premiers à subir les conséquences de la rentabilisation maximale recherchée par le capitalisme et gérée par les États. Et la lutte contre ce monde qui vient de montrer toute sa capacité au cynisme mortifère, passe par la solidarité avec tous ceux et celles qui luttent aussi, et en particulier ceux et celles qui se retrouvent ciblés par la répression, particulièrement à un moment où la justice se prétend « au ralenti », énième froid mensonge de l’État. C’est cette solidarité qui peut battre en brèche les tentatives d’éteindre les feux d’une révolte que nous sommes tous et toutes en mesure de contribuer à rallumer.

Alors, gardons cette solidarité vivante, par tous les moyens
Et venons nombreux au tribunal de Paris (métro Cité) le 12 juin à 9h pour cette dernière audience d’une affaire qui nous concerne tous.

De Vincennes à Minneapolis, en passant par les émeutes du « printemps arabe », solidarité avec tous les révoltés et émeutiers !
Ne nous laissons pas juger en silence !
Liberté pour tous et toutes, avec ou sans papiers !
Feu aux centres de rétention !

Le 6 juin 2020
Pafledab


Contact : pafledab@canaglie.net

Note

Le tract maquetté :

En première instance, l’un des deux inculpés qui ont fait appel a distribué aux personnes présentes dans la salle d’audience une déclaration, désormais versée au dossier, intitulée ça ne va pas se passer comme ça, qui revient sur l’ensemble de l’affaire et explicite son refus de répondre aux questions des juges.

Localisation : Paris 1er

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