Selon un schéma malheureusement habituel, la justice s’est abattue sur des proches de Curtis, donnant plein crédit à la version policière malgré les contradictions manifestes de l’accusation. La police tue, la justice brise les proches de la victime.
Le site l’Autre Quotidien dresse le compte-rendu de ces audiences :
Vendredi dernier (le 26/05) le tribunal de grande instance d’Evry jugeait cinq jeunes de Massy (Essonne) en comparution immédiate. Ils étaient accusés d’avoir caillassé des policiers après l’accident qui a coûté la vie à Curtis, 17 ans, décédé d’un accident de quad, après une course-poursuite avec des policiers.
De la prison ferme. C’est le verdict du tribunal de grande instance d’Evry, qui jugeait, vendredi dernier, cinq jeunes habitants de Massy (Essonne) en comparution immédiate. Agés de 18 à 20 ans, ils sont accusés d’avoir lancé des pierres en direction des policiers, sans les atteindre, aucun policier ne s’étant vu signifier le moindre jour d’ITT (interdiction temporaire de travail). Des incidents qui se sont produits lors de la nuit du 22 au 23 mai, à la suite de la mort de Curtis, jeune lycéen âgé de 17 ans, décédé le 5 mai au volant d’un quad dans des circonstances encore non élucidées. G. écope de 8 mois de prison, S. de six mois et les trois autres de quatre mois. Des peines qui vont au-delà des réquisitions du parquet qui avait demandé des peines de six, quatre et trois mois. Le tribunal n’a pas requis de mandat de dépôt. Ils devraient donc être convoqués chez le juge d’application des peines qui pourra éventuellement proposer des alternatives à l’incarcération : bracelet électronique ou semi-liberté. La non-inscription au casier judiciaire B2 est rejetée par le tribunal qui les condamne également à verser 400 € à chaque policier au titre du préjudice moral. Des peines disproportionnées par rapport à la faiblesse du dossier de l’accusation, selon les avocats des prévenus, pour qui les faits retenus méritaient la relaxe pure et simple.
Une construction policière
Pour Me Raphaël Kempf, l’avocat de S., 19 ans, le dossier est une « construction policière » en vue de cibler des jeunes désignés comme « leaders de la contestation sur la commune de Massy » par les policiers. Quant à Me Antoine Lebon, avocat de permanence au barreau d’Evry, qui défendait trois des jeunes accusés, il explique avoir très logiquement plaidé la relaxe, au vu des « éléments purement factuels du dossiers qui ne justifiaient en aucun cas une condamnation ». De fait, le dossier est bien mince. Depuis la mort de Curtis, des incidents sporadiques ont éclaté avec la police. Dès la nuit de sa mort, mais aussi les soirs qui ont suivi, les jeunes contestant la version policière du drame. Dans la nuit du 22 au 23 mai, quelques échauffourées sans gravité auraient opposé une quinzaine de jeunes, visage dissimulé, et des policiers. Or, seuls les cinq jeunes Massicois présents dans le box seront déférés devant le tribunal. Où sont les dix autres, s’époumone Me Lebon ? Les accusés auraient été filmés, mais les caméras de vidéo-surveillance n’ont enregistré aucun jet de pierres...