Adresse à celles et ceux qui prennent les usagers en otage, gênent le commerce et gâchent la magie de Noël

Nous ne le lisons pas que dans les résultats des sondages du Figaro, nous le vérifions dans la rue à chaque manifestation du mouvement en cours : il a la sympathie d’une bonne part de la population. Article initialement publié sur Lundi Matin

On l’a constaté par exemple à Paris, que ce soit quand « On est là » résonnait sous la canopée des Halles et qu’on ne rencontrait que des visages hilares et des sourires approbateurs, ou dans la manif des cheminots des Gares du Nord et de l’Est qui allait rejoindre les Invalides, sous les applaudissements aussi bien des ouvriers des chantiers que des employées de chez Dior (et même d’un flic à la fenêtre d’un commissariat !). Pour qu’il soit si généralement approuvé par ceux-là même qui ne manifestent pas, il faut bien que les motivations du mouvement soient partagées par beaucoup. A l’évidence, il ne s’agit pas que des retraites, même si sur ce sujet-là, l’ampleur du mauvais coup et les sordides ruses gouvernementales visant à le dissimuler soulèvent un dégoût général. Il s’agit d’un rejet profond de la manière dont nous sommes traités depuis des décennies par un personnel politique qui s’obstine, toutes étiquettes confondues et avec un acharnement sans pareil, dans l’entreprise de destruction de la planète et d’avilissement de ses habitants. Un sentiment confus qu’il faut en finir s’est répandu partout et si le moyen d’en finir n’est pas clair, ce qui doit finir, au fond, l’est. Mais cela est si énorme et si lourd et pèse tant sur nos vies qu’on a du mal même à le nommer.

Ce que peut ce mouvement, c’est d’abord ça : en posant la question de la dernière partie de la vie, poser celle des parties qui le précèdent, et ainsi contribuer à donner un nom au ver rongeur de l’inquiétude générale, particulière, perpétuelle de chacun de nous, sur notre sort du lendemain, du mois, de l’année suivante, de notre vieillesse, de nos enfants et de leurs enfants. Expulser le ver de nos vies est le rêve du mouvement, le projet qui l’anime et lui donne sa puissance de colère et de joie.

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