À l’occasion du festival « italissimo » à Paris, une vingtaine de personnes sont allées perturber deux conférences. À la Sorbonne puis à la maison de la poésie, une banderole a été déployée et un tract lu et distribué au public, interrompant les conférences en cours.
Les passions italiennes pour l’enfermement et la torture
Ah, la culture italienne, on l’aime tellement. Tout le monde est ici pour la célébrer : la littérature, la poésie, le cinéma, la cuisine... Dommage qu’on ne parle pas d’une des autre grande passion italienne (mais pas que) : la passion pour l’enfermement et la torture. Vu qu’on l’a pas trouvée dans le programme du festival, on s’est invité.es aujourd’hui pour en parler un peu/dire deux mots.
L’État italien enferme actuellement plus de 700 personnes dans un régime pénitentiaire particulièrement dégueulasse : le 41 bis. Au nom de la lutte contre la mafia et contre la subversion, les prisonniers et prisonnières au 41 bis doivent rester dans des cellules individuelles 22 heures sur 24 et ont droit à un seul parloir par mois d’une heure. Presque impossible de recevoir des courriers, de la bouffe, pas même de livres.
C’est une prison dans la prison. C’est une torture d’État à la sauce démocratique.
Comme c’est « pour les mafieux et les terroristes », de l’existence du 41 bis tout le monde s’en foutait. Mais le 20 octobre 2022, un prisonnier au 41 bis s’est mis en grève de la faim. On parle d’Alfredo Cospito, un prisonnier anarchiste qui a décidé de lutter contre cette torture. Il a décidé de lutter avec toutes ses forces et d’aller jusqu’au bout, au prix de sa vie si nécessaire et il en est actuellement à plus de 180 jours*, alternant des passages entre l’hôpital et le 41 bis dont on lui refuse la sortie, à tous les niveaux de l’État.
Alors depuis octobre, on a vu des manifs, des actions et des mobilisations contre le 41 bis et en soutien à Alfedo, en Italie et dans le monde.
Maintenant que sa vie est gravement en danger après presque six mois sans manger, on est venu.es ici aujourd’hui pour rappeler que derrière cette belle façade cultivée et savante, l’état italien et ses représentants continuent à torturer et à tuer.Mais l’on est pas dupe avec ou sans le 41 bis, auquel l’État italien n’a pas l’air de vouloir renoncer, il a d’autres moyens d’isoler en prison. Et parfois jusqu’à la mort avec les condamnations à perpétuité, ce que vit aussi Alfredo Cospito condamné à perpétuité. En France aussi, l’État enferme dans des régimes d’isolement comme l’a rappelé une grève de la faim de libre flot l’année dernière.
Fuori Alfredo dal 41 bis
Fuori tutti e tutte dal 41 bis
Fuori tutti tutte dalle galere* À l’oral il a été dit qu’il avait arrêté sa grève de la faim [note pour internet]
On a pu voir que le théâtre de l’odéon accueillant lui aussi le festival a vu une inscription fleurir sur ses colonnes
La veille, la cour constitutionnelle s’est prononcée contre l’automaticité de la perpétuité incompréhensible pour massacre d’état, ouvrant la voie à une autre condamnation à l’encontre d’Alfredo Cospito et d’Anna Beniamino, co-inculpé-es dans le cadre de l’affaire Scripta Manent. La fin de la grève de la faim d’Alfredo n’arrêtera pas notre solidarité alors qu’il est toujours enfermé en 41 bis, la lutte contre ce régime d’isolement continue !
Fuoco alle galere
Fuori tuttx dal 41bis