À Fresnes et l’Hay les Roses : souriez, vous êtes filmé-es !

Analyse d’un habitant de Fresnes sur le marché juteux de la vidéosurveillance.

En décembre dernier, la mairie PS de l’Haÿ-les-Roses annonçait le déploiement d’une vingtaine de caméras de vidéosurveillance (source : gazette locale).
Le Parisien précise que la ville prévoit un budget initial de 300 000 euros pour financer l’opération.
La commune de l’Haÿ-les-Roses a demandé une subvention à l’État pour ce déploiement de caméras, subvention qui peut aller jusqu’à 40%. Il faut savoir que les subventions sont attribuées en priorité aux nouvelles ZSP ( Zones de Sécurité Prioritaire).

En effet, le Ministère de l’Intérieur, a pour volonté de renforcer le déploiement de la vidéo surveillance, comme il l’indique dans son « document de politique transversale » pour la prévention de la délinquance de 2013 (section autres documents) :

Le développement de la vidéoprotection
Il s’agit d’une priorité réaffirmée par le plan national de prévention de la délinquance et d’aide aux victimes 2010-2012.
La vidéoprotection constitue ainsi un outil majeur de prévention de dissuasion, et d’élucidation des faits de délinquance.

Le même document indique que l’aide de l’État à la vidéoprotection (vidéosurveillance) est passée de 17 millions d’euros en 2007 à 30 millions d’euros en 2011. Ce sont ces fonds qui peuvent venir financer une partie des subventions accordées aux collectivités territoriales.

On aimerait croire, comme l’affirme comme une évidence le document du ministère, que « la vidéoprotection constitue ainsi un outil majeur de prévention de dissuasion, et d’élucidation des faits de délinquance » . Malheureusement vient ne rien étayer cette affirmation, bien au contraire.

Ainsi, un rapport de la cour des Comptes de 2011 [1] révèle :

Malgré un usage désormais plus répandu, la proportion des faits de délinquance élucidés grâce à la vidéosurveillance de la voie publique est relativement faible.[...] il aurait été souhaitable, notamment du fait de l’importance des sommes en jeu [subventions], qu’une évaluation de l’ efficacité de la vidéosurveillance accompagne, sinon précède, la mise en oeuvre, de ce plan de développement accéléré.

La France se caractérise par la quasi-absence d’enquête scientifique sur le sujet. Une seule étude a été menée par le Ministère de l’Intérieur essentiellement à partir des statistiques de la délinquance enregistrées à l’état 4001. Cependant, ses résultats contradictoires autant que sa méthode ne permettent pas d’en tirer des enseignements fiables.
Les études menées à l’étranger ne permettent pas globalement de conclure à l’efficacité de la vidéosurveillance de la voie publique.

On pourra sur ce dernier point citer le policier responsable de la vidéosurveillance de la métropole de Londres (qui compte plus de 500 000 caméras) : le déploiement massif de la surveillance sur la voie publique a échoué à faire baisser la criminalité [2].

La cour des comptes donne également des éléments de coûts pour la mise en place et l’exploitation d’un système de vidéosurveillance :

* en moyenne, 36 600 euros par caméra pour l’installation (ceci comprend les frais de personnel, les études amont, l’installation d’un réseau de fibre optique, …)
* en moyenne, 7 400 euros par caméra par an, en exploitation

Revenons à nos préoccupations locales. Il faut savoir que la décision de l’Häy-les-Roses fait suite à une étude du CISPD (source : gazette locale) , instance créée à l’initiative des villes de Fresnes et l’Häy-les-Roses en 2010 :

Conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance (CISPD) [...]
Cette instance, présidée par les maires des deux communes, réunit une soixantaine d’acteurs – élus, représentants de l’État, de la justice, de la police, de l’éducation nationale, des bailleurs sociaux, des services municipaux –[...]

Ce dispositif de conseils locaux pour la sécurité et la prévention de la délinquance est prévu dans le dispositif plus global institué par l’État.

L’étude du CISPD (également annoncée dans le panorama fresnois), qui a conduit à ce déploiement de caméras, et engage les communes et leurs contribuables à des dépenses de l’ordre de grandeur du million d’euros pour un dispositif dont l’efficacité est à prouver, n’a pas été publiée.

On ne sait pas à ce jour les intentions de l’équipe municipale en place à Fresnes à propos de la vidéosurveillance, la rubrique « programme » du site de campagne est aujourd’hui vide. D’ores et déjà, le candidat de l’UMP, l’a inscrite à son programme. (site du candidat, rubrique « mes priorités »).

Note

Lire sur le blog : http://fresnes2014.wordpress.com/2014/02/16/fresnes-municipales-la-videosurveillance/

A consulter également le site Sous-Surveillance qui propose notamment une cartographie des caméras de surveillance à partir d’une plate-forme participative, collaborative et accessible au plus grand nombre ainsi que des articles critiques.

Mots-clefs : vidéosurveillances
Localisation : Fresnes

À lire également...