Mais le 8 mai 1945 c’est aussi en Algérie le début d’un terrible massacre perpétré par le pouvoir colonial français dans les environs de Sétif, Guelma et Kherrat. Celui-ci débute avec l’assassinat par la police de Bouzid Sâal, jeune scout portant un drapeau algérien, lors de manifestation réclamant l’indépendance, la liberté et la fin du régime colonial tout en célébrant la défaite du nazisme. Les émeutes déclenchées par cet assassinat sont le prétexte d’une répression sanglante par l’armée française appuyé par des milices de colons, répression qui fait plusieurs dizaines de milliers de morts (45 000 selon les militant·e·s algérien·ne·s et le consulat américain à l’époque).
Ce massacre est l’expression d’un système raciste qui reste intact dans la sphère coloniale et que seules les luttes anticoloniales viendront remettre en question. Du côté de l’État français et de la majorité des partis politiques français, la défaite du nazisme n’a abouti à aucune remise en cause du statu quo raciste dans les colonies. Jusqu’au Parti communiste, les insurgé·e·s algérien·ne·s sont même qualifié·e·s de provocateur·rice·s hitlériens. Du côté des Algérien·ne·s, la victoire contre le nazisme appelle naturellement la fin du colonialisme.
À cette occasion, nous tenons à rappeler la mémoire de José et Henri Aboulker, juifs algériens et résistants, qui furent parmi les rares voix françaises à dénoncer ce massacre aux côtés des militant·e·s algérien·ne·s. Face à celles et ceux qui veulent opposer lutte contre l’antisémitisme et contre le colonialisme, le 8 mai 1945 nous rappelle que les combats antiracistes, antifascistes, anticolonialistes, et contre l’antisémitisme vont forcément de pair.