ZAD : Prise de parole commune du 8 octobre 2016

Suite à la gigantesque manifestation de samedi, une prise de parole a eu lieu. Voici ce qui s’est dit.

Tout d’abord un très grand merci à vous tous d’avoir répondu si nombreux à l’appel de l’ensemble du mouvement anti-aéroport à venir ici ce 8 octobre sur la zad pour qu’y “résonnent les chants de nos bâtons”. Cette mobilisation, dont la date a été annoncée dès le rassemblement de l’été dernier a été préparée de la manière la plus collective. Des dizaines de cars, de tracteurs, des milliers de vélos, voitures, piétons nous ont rejoint. Merci à tous.

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Nous avons vécu toute cette année de nombreux épisodes qui n’ont entamé ni la cohésion ni la détermination de notre mouvement.

Il y a presqu’un un an, à l’occasion de la COP21 à Paris, le mouvement a dit combien le projet d’aéroport était climaticide, destructeur de terres vivrières, de biodiversité... En montant jusqu’à Versailles en convoi, puis en se rassemblant ici à notre Bourget 44. Avant même la fin de cette COP, la réactivation des procédures d’expulsions vis à vis des personnes ’historiques’ vivant et cultivant sur la Zad a été l’élément déclencheur de très fortes mobilisations devant le tribunal en décembre, puis le 9 janvier sur le périphérique de Nantes. Nous ne sommes pas près d’oublier les images des centaines de tracteurs-fourmis sur le Pont de Cheviré... Devant la persistance de la menace, nous avons organisé une mobilisation nationale le 27 février. Du jamais vu ! les deux côtés de la double-voie Nantes-Vannes envahies sur des kilomètres, la construction de la Vigie... A chaque étape vous avez répondu à nos appels, , toujours bien au delà de nos attentes...

Ces manifestations ridiculisant les tentatives du pouvoir d’accréditer le caractère “minoritaire groupusculaire” du mouvement, le gouvernement a dégainé une arme nouvelle, qu’il nous espérait fatale : un impossible ’référendum’, aussitôt requalifié en ’consultation’, pour le mois de juin. Très vite après son annonce, le mouvement dans son ensemble a dénoncé cette opération d’enfumage. Certains ont tenu des dizaines de réunions d’information, actualisé des argumentaires, réalisé des outils de campagne, et convaincu un nouveau public, comme l’ont prouvé le vote de Nantes, et celui des bourgs proches de Notre Dame. Une autre partie du mouvement a poursuivi, pendant cette période, sans s’impliquer dans la campagne, de nombreux chantiers pour l’avenir de la zad. Les constructions ont fleuri, les projets agricoles ont pris encore plus d’ampleur. Certains ont participé aux manifestations contre la loi travail, avec présence de tracteurs le 31 mars, ont ravitaillé des occupations, des piquets de grève, comme à la raffinerie de Donges. Tout ceci a renforcé les liens avec les salariés en lutte et avec la jeunesse de Nantes. Le 26 juin au soir, face au résultat de la consultation, nous nous sommes retrouvés tous ensemble, pour réaffirmer que nous ne pouvions nous sentir engagés par les résultats de ce non événement, que toutes nos raisons de poursuivre la lutte étaient intactes. Se croyant malgré tout forts du résultat de cette mascarade, les pro-aéroport et le premier ministre ont confirmé leur intention de procéder cet automne à l’évacuation et à la destruction de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

Ces déclarations font fi de la situation juridique du dossier puisqu’entre autres les autorisations de travaux ne sont toujours pas accordées, les recours auprès de la Cour administrative d’appel concernant la loi sur l’eau, et les espèces protégées sont toujours en attente. La plupart des personnes habitant la zad ne sont pas juridiquement expulsables. La procédure de précontentieux, engagée vis à vis de la France par la Commission Européenne n’est pas close. Elle concerne le “saucissonnage” du dossier. La France doit fournir ses réponses par le biais d’un document annexé au Scot Nantes St-Nazaire, dont l’enquète publique est en cours (jusqu’au 21 octobre). Un point d’info spécial dans le rassemblement vous permettra d’en savoir plus.

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Ce mois d’octobre nous remémore des moments de résistance, mais aussi des moments difficiles : ceux du 16 octobre 2012 et des semaines suivantes, ici, ceux du 26 octobre 2014 à Sivens, avec la mort de Rémi Fraisse, tué d’un tir dans le dos par une arme de la police, mort sur laquelle ses parents essaient encore aujourd’hui de faire la lumière...

Ce mois d’octobre-ci commence par un moment heureux : nous avons vécu ce matin trois magnifiques déambulations sur la zone. Ces 2000 ha de bocage et ce qui s’y vit sont aujourd’hui porteurs d’espoirs indéracinables de défense du vivant, des terres agricoles et de lutte contre la marchandisation du monde. Pour nous il est impensable que tout cela disparaisse.

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Mots-clefs : manifestation | ZAD

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