[Vidéo] Chronique de l’arbitraire policier dans le 19e arrondissement

Une passante filme un contrôle policier rue Lauzin, près de la rue Rébeval (19e).

« Hé, ils m’ont frappé et tout madame hein ! » « Oui, c’est pour ça que je filme ! »

La scène a été filmée en ce début janvier, dans la rue Lauzin aux abords d’un hall d’immeuble, près de la cité Rébeval dans le 19e arrondissement de Paris.


Dès les premières secondes de la vidéo, on entend les jeunes alignés le long du mur du bâtiment, se plaindre des coups des policiers. On comprend alors rapidement que la présence de la caméra refrène les pulsions de ces derniers.

Apercevant qu’il est filmé, le plus blond des policiers fait alors un petit tour inutile sur lui même (9« ) et hagard, accompagne vers le camion un collègue qui vient d’interpeller un des jeunes. Prenant à cœur son rôle de »gardien de la paix« , notre »blondinet«  [1] hausse de suite le ton et menace de gazer un individu jugé trop près du véhicule où se trouve son copain interpellé (28 »).

L’acolyte qui passait les menottes au jeune est visé par une insulte à caractère homophobe. « Grande tapette va ! » lui répète-t-on. Vexé (!), il est piqué au vif.

Imaginez une seule seconde : se faire insulter de « grande tapette » quand on porte la tenue de la police républicaine (mais pas seulement...), c’est impensable et mérite forcément de montrer les muscles ! Il faut alors prouver à tout prix qu’on est un « bonhomme » bourré de force ! Notre fonctionnaire d’État a vu sa fierté de coq (ou de poulet) en prendre un coup. « T’as dit quoi ?! » grogne-t-il. Il s’empresse alors d’aller interpeller le jeune en enroulant son bras autour du cou, puis, avec son comparse blondinet, le menotte auprès du camion (48« à 1’03 »).

Deux interpellations en une minute. Bingo...

La reste de la vidéo continue avec un dialogue de sourds entre plusieurs jeunes et passants face à deux autres policiers.

« C’est vous arrêtez ! » dit un jeune. « Justement on est à un contrôle, c’est clair ? » s’énerve un flic. « Mais contrôle de quoi ? Vous n’avez pas le droit de taper les gens ! » lui rétorque-t-on. « Mais arrêtez donc... » répond le flic d’un air blasé.

Un contrôle, mais pour quoi ? Bien sûr, la vidéo saisit un court instant mais les policiers ne savent justifier leur contrôle...injustifiable. De toute évidence, c’est une nouvelle fois un fameux contrôle au faciès que rien ne motive (sauf avoir la mauvaise gueule et/ou le mauvais look aux yeux de la police). Par ailleurs, des violences policières ont semble-t-il eu lieu avant que la passante ne filme la scène. En plus des accusations des jeunes et passants, on entend une voix (celle de la même passante qui filme ?) affirmer que c’est suite aux violences qu’elle s’est « arrêtée » (2’20").

Pour les habitantEs des quartiers populaires, les contrôles au faciès sont très réguliers et il ne fallait pas compter sur les résolutions de la maison Poulaga de l’année 2016 pour que cela cesse. Même si c’est illégal.

Rappelons qu’effectuer des contrôles (violents ou non), et donc de façon totalement arbitraire, permet très facilement aux policiers de « coller » des outrages et rebellions aux individus interpellés (ce qui semble être le cas pour les deux jeunes aperçus dans la vidéo). Une moindre remarque sur le caractère injuste du contrôle et très vite, direction la garde-à-vue. Et ça, c’est un sacré business que la police a très bien assimilé comme dans le 19e arrondissement parisien ou bien encore à Tours par exemple.

Notes

[1Ce qualificatif sert juste à différencier les policiers.

Mots-clefs : répression | police
Localisation : Paris 19e

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