Ana est doctorante à Paris VII, au département de sociologie. Elle a obtenu un contrat doctoral pour financer ses années de recherche ainsi qu’une charge de cours, qu’elle a commencé à effectuer en septembre.
Mais son contrat va être brutalement rompu par l’université. Cette décision, exceptionnelle par ses conséquences pour l’avenir professionnel d’une étudiante, et sa gravité comme signal envoyé à l’ensemble des personnels de l’enseignement supérieur, prend pour prétexte le casier judiciaire de Ana.
Rappelons qu’une mention judiciaire n’implique pas automatiquement l’interdiction de devenir agent de la fonction publique - c’est au contraire une exception qui doit être justifiée, au nom d’une « incompatibilité avec la fonction » exercée : cette règle permet d’éviter que des enfants se retrouvent par exemple sous l’autorité d’une personne condamnée pour des faits de pédocriminalité. Elle doit être appliquée avec d’autant plus de mesure qu’elle réduit les possibilités de réinsertion et de réhabilitation de personnes ayant déjà répondu de leurs actes devant la justice.
En l’occurrence, l’inscription au casier porte sur des faits minimes - le jet d’un gobelet de café froid sur des militants d’extrême droite bousculant une syndicaliste étudiante.
L’université elle-même ne croit pas à la dangerosité de la doctorante, puisqu’elle lui a demandé d’entreprendre les démarches d’effacement au casier avant le 15 octobre pour ne pas rompre le contrat. L’administration formule cette demande sous la forme d’un ultimatum, alors que les délais d’effacement ne dépendent pas de la chercheuse, mais du tribunal saisi.
Cet excès de zèle administratif, confinant à l’absurde, s’inscrit dans un contexte de répression croissante contre l’engagement dans nos universités - répression d’autant plus inquiétante qu’elle vient des instances universitaires elles-mêmes, garantes traditionnelles contre toute répression politique.
Comité de soutien à Ana