Trois mois de couverture médiatique des mobilisations contre la « Loi Travail »

L’observatoire des média Acrimed revient sur trois mois de couverture médiatique de la mobilisation qui a vu tout ce que les « experts » et autres « grands journalistes » savent mettre en œuvre en terme de désinformation, de morgue et de manipulation contre un mouvement qu’au-delà de ne pas comprendre, ils combattent avec acharnement.

Voilà désormais trois mois que dure la mobilisation contre la « Loi Travail », une mobilisation qui ne semble pas faiblir malgré les pronostics formulés, au cours des dernières semaines, par les « experts » et autres éditorialistes.

L’occasion pour nous de revenir sur la couverture médiatique de la mobilisation qui, comme on pouvait malheureusement s’y attendre, est une nouvelle démonstration de la capacité des « grands » médias, des « grands » journalistes politiques et des « grands » éditorialistes – avec des nuances et des spécificités – à entonner un refrain bien connu : nécessité de la « réforme », « archaïsme » de la contestation, stigmatisation de la mobilisation, morgue, mépris – voire haine de classe à peine voilée.

Une indispensable « réforme »

Le terrain avait été soigneusement préparé. Ils étaient en effet nombreux, dès la rentrée 2015, à soutenir la démarche entreprise par le gouvernement consistant à diffuser l’idée que le Code du travail était un « mastodonte » qu’il fallait nécessairement « alléger ».

Florilège :

  • « Bien sûr, on pourrait garder notre bon vieux Code du travail, avec ses règles et ses protections, qui dissuadent parfois la création d’emploi, mais à quoi cela sert de protéger de plus en plus des emplois qui ne sont pas créés ? » (François Lenglet, France 2, 9 septembre 2015).
  • « Parmi les dossiers les plus brûlants, la refonte d’un mastodonte, devenu tabou à gauche : le Code du travail et ses 3 600 pages, 11 000 articles… à écrémer d’urgence. » (Voix off d’un sujet de « C dans l’air », 4 septembre 2015).
  • « Ce sont l’entreprise et les représentants des salariés qui décideraient et non plus une loi tombée d’en haut imposant un même standard à tous, y compris en matière de temps de travail. Donner plus de liberté aux acteurs de terrain, quitte à malmener tabous et totems. » (Vincent Giret, France Info, 31 août 2015).
  • « Le Code du travail n’est pas une vache sacrée. C’est un outil de régulation indispensable pour assurer un socle minimal de protection des salariés. Mais il ne doit pas devenir imperméable aux mutations de la société et du salariat. La CGT et FO jouent les gardiens du temple, veillant à ce qu’on ne touche pas à une virgule du Code [...]. » (Éditorial du Monde, 2 septembre 2015).
  • « Le gouvernement sera-t-il suffisamment audacieux pour déverrouiller vraiment le Code du travail, pour s’en remettre davantage aux accords d’entreprise qu’à la loi afin d’assouplir le droit social ? Aura-t-il confiance dans la démocratie de terrain, et osera-t-il affronter tous les conservatismes de gauche, ceux des syndicats et d’une partie de la majorité, déjà postés en tenue de guérilla, prêts à en découdre ? » (Nicolas Beytout, L’Opinion, 9 septembre 2015).
  • « Comme souvent, nous nous sommes mis à espérer. Avec le rapport Combrexelle, la France socialiste va s’attaquer au Code du travail. Enfin un mouvement pour combattre cette préférence nationale qu’est le chômage ! [...] La France s’attaque, veut-on espérer, au sujet comme l’ont fait toutes les social-démocraties apaisées de la vieille Europe. En passant en force. Courageusement. » (Arnaud Leparmentier, Le Monde, 9 septembre 2015).

On pourra compléter cette revue de citations révélatrices d’un désarmant pluralisme en visionnant la vidéo réalisée par le collectif Nada, publiée le 12 février sur notre site : « La meute versus le Code du travail ».

Lire la suite sur le site acrimed.org.

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