L’éternité c’est long, surtout à la fin.
Pour avoir une idée du parcours de Kamel Daoudi et de sa situation ubuesque, on peut se référer à une vidéo d’Amnesty International :
Entrée à la cour d’appel de Riom
Une vaste salle d’audience, avec des moulures au plafond. De part et d’autre du box vitré deux tapisseries monumentales font face à six immenses fenêtres encadrées de rideaux de velours.
La cour se compose d’une présidente et deux assesseures, le procureur est à leur droite du côté des fenêtres. Les deux avocats de la défense, Emmanuel Daoud et Hugo Partouche se tiennent prêts et attendent leur client à côté du box.
La salle est sonorisée : la présidente a un micro qui fonctionne, et le box en est également équipé. Pour la plaidoirie et à plus forte raison le réquisitoire, il faudra tendre l’oreille.
Dans la salle il y a la presse, un observateur d’Amnesty International, et bien sûr la famille et des ami-e-s de Kamel Daoudi. Ses trois enfants devront rester dans le couloir. Bienveillante, la présidente préfère « qu’ils ne voient pas leur père dans le box », « c’est des affaires d’adultes » et puis c’est « traumatisant » nous a-t-elle fait dire par un flic plus tôt, alors qu’on attendait. Certes, mais probablement pas autant que la vie que la patrie des droits de l’homme impose à cet homme et à travers lui à cette famille depuis 13 ans.
Un long silence, puis Kamel Daoudi apparaît dans le box encadré de quatre policiers en gilet pare-balles.
La présidente commence : « le 24 septembre vous avez été condamné en première instance à Aurillac, à douze mois de prison, avec mandat de dépôt pour ne pas avoir respecté les conditions de votre assignation à résidence : dépassement d’une demi-heure du couvre-feu, vous vous êtes abstenu de rechercher un pays d’accueil suite à votre obligation de quitter le territoire français, et il y a eu quelques incidents de pointage au commissariat. Pourquoi avez-vous souhaité faire appel ?
« J’ai trouvé que le verdict était disproportionné au regard de ce qu’on me reproche », répond Kamel.
« Vous avez le droit de faire des déclarations, de répondre aux questions ou de garder de silence », l’informe-t-elle.
Il s’enquiert de la possibilité de retirer le masque, ce ne sera pas possible, à cause de la proximité de ses gardes dans le box vitré. « D’ailleurs chacun est masqué », précise-t-elle.
L’avocat de la défense, Me Emmanuel Daoud commence, et il y va fort :
« Je ne sais plus comment je dois plaider pour M. Daoudi. Cet homme a été condamné à un an ferme pour un dépassement de quelques minutes, alors même qu’il était dans un lieu parfaitement identifié. Il y a comme une hystérie sécuritaire qui fait qu’on ne comprend plus très bien si on lui reproche des actes ou un passé ? Plaider la clémence ? Plaider avec virulence ? C’est une mascarade judiciaire, on ne croit pas aux nullités soulevées... ».
Effectivement, il va surtout plaider l’exception d’illégalité [1] pour amener la cour à déclarer les arrêtés du ministère de l’intérieur illégaux. Ce qui ferait tomber l’ensemble de la procédure pour « non-respect d’assignation à résidence. »
« Nous sommes convaincus que les trois arrêtés [2] sont illégaux et que vous allez entrer en voie de relaxe » lance M. Daoud.