Un vent de fascisme souffle sur la France mais il n’emportera pas la détermination des amis de la Palestine.
Dimanche 20 juillet, ma mère âgée de 60 ans, Latifa M., fait partie de la centaine de personnes, indignées par la violence de l’opération militaire israëlienne, qui se rassemblent à la place du Trocadéro vers 16h. Bien que l’organisateur ait prévenu les autorités et se soit même présenté aux RG présents sur les lieux, les forces de police arrivent et les somment de quitter les lieux. Une dizaine d’entre eux,
Il n’y a plus de doute sur le fait que la solidarité envers la Palestine est criminalisée
complètement pacifiques, refusent de se plier à cet ordre illégitime et s’asseoient en signifiant aux policiers qu’ils ne font qu’exercer un droit garanti par la Constitution.
Un cordon de CRS les encercle et les menace. Ils sont embarqués et placés abusivement en garde à vue au commissariat du XVIe arr. rue des Faisandiers.
Le soir venu, alors que les militants sont dans leur cellule, des pro-Israeliens passent devant le commissariat et lancent des insultes racistes « sale arabe » et autres noms d’oiseaux aux quelques camarades, debout sur le trottoir, venus réclamer la libération des gardés à vue. Les agents de police n’interviennent pas pour mettre fin à ce harcèlement. Pire même, à l’intérieur, les insultes volent aussi : un inspecteur fait outrage à sa fonction en lançant à plusieurs reprises à ma mère « vous êtes une conne ! ».
Après 24h de garde à vue dans des conditions scandaleuses (2 matelas souillés d’urine pour 4 femmes, une petite brique de jus d’orange pour seul repas, des policiers qui leur imposent le bruit de vidéos toute la nuit, etc.), la plupart d’entre eux sortent.
Ma mère et une autre pro-palestinienne, elles, voient leur GAV prolongée. Pourquoi ? à l’expiration du délai de 24h, lorsque le moment est venu de se prêter à l’exercice de la photo qui précède leur sortie, ces 2 femmes, qui portent un voile islamique simple, demandent à être prises en photo avec la chevelure découverte par une agent de police femme. Les policiers refusent de respecter leur besoin de pudeur. Ils le signalent au procureur qui décide de prolonger la GAV devant un acte que ce dernier interprète comme de l’insubordination.
Ma mère, ainsi que l’autre femme, subissent donc une garde à vue de 48h qui se solde par un rappel à la Loi assorti d’un délai de prescription de 3 ans prononcé par un délégué du Procureur de la Cour d’appel de Paris. Il est motivé en ces termes : « participation sans arme à un attroupement après sommation de se disperser par une personne dissimulant volontairement son visage ».
Ma mère n’est pas la seule à subir ce traitement. D’autres amis de la Palestine sont poursuivis. Il n’y a plus de doute sur le fait que la solidarité envers la Palestine est criminalisée. Mais s’attaquer à des femmes d’âge mûr est porteur de sens, celui de se rendre à l’évidence que nos adversaires sont capables de tout.
Si ma mère, au parcours irréprochable, a été touchée, pourquoi pas la vôtre ? A quand votre tour ? ... J’ai retrouvé ma mère éprouvée par 48 h d’absence de sommeil et de sous-alimentation, mais sa combativité est sans faille.
Ma mère vient de me donner une leçon : si à 60 ans, on n’a pas fait une garde à vue pour ses convictions, c’est qu’on a raté sa vie !"