Communiqué de presse du 12 avril 2023
« Plus aucune ZAD ne s’installera dans notre pays », déclarait samedi 1er avril Gérald Darmanin en interview dans le JDD, annonçant par la même occasion la création d’une “cellule anti-ZAD” au ministère de l’intérieur. Selon la carte révélée par le JDD, la lutte contre la ligne 18 à Saclay figure parmi les 42 « sites sous surveillance » du ministère de l’intérieur « susceptible de se radicaliser à court terme ».
Le collectif contre la ligne 18 et l’artificialisation des terres de Saclay dénonce tout d’abord une opération de communication, destinée à diaboliser les luttes défendant des causes tout à fait légitimes et liées aux enjeux écologiques. Le camp de Zaclay a été créé par des habitant·es, étudiant·es, scientifiques, agriculteur·trices ou paysan·nes, actif·ves ou retraité·es, avant tout soucieux·ses du devenir des espaces naturels, forestiers et agricoles dont 2300 hectares sont aujourd’hui dédiés à l’agriculture. Les sols extrêmement fertiles du plateau de Saclay, d’une qualité et d’un rendement exceptionnels, font l’objet d’une demande de classement au patrimoine mondial de l’Unesco par des personnalités du monde de la culture et de la recherche. Appelées à jouer un rôle vital dans la résilience de la métropole parisienne face aux chocs climatiques, ces terres constituent un bien commun inestimable qu’il convient de sauvegarder à tout prix.
Or, un danger imminent pèse sur ces terres, directement menacées par le tronçon ouest de ligne 18 du Grand Paris Express, vecteur inéluctable d’urbanisation. Les mises en garde, exprimées depuis des décennies par les habitants, associations et collectifs sur le non-sens que constituerait leur artificialisation n’ont jamais été entendues par les décideurs. Si les ZADs existent aujourd’hui, c’est en dernier recours face à l’échec répété des procédures de débat public en France et au déni de démocratie que constituent ces projets imposés et nuisibles.
Mais le gouvernement et M. Darmanin ne font pas que de la communication : très concrètement, il s’agit aujourd’hui de faire disparaître toute trace d’opposition à ces projets. Inventant au passage un nouveau délit d’intention, le gouvernement prépare ainsi les esprits à la répression à venir, partout en France et notamment sur le plateau de Saclay. De fait, depuis bientôt un an, les agriculteurs accueillant le campement de Zaclay font face à des intimidations de la part de la préfecture. Depuis quelques semaines, le phénomène s’est accéléré avec la convocation des propriétaires du terrain ainsi que de plusieurs membres du collectif pour subir des interrogatoires de plusieurs heures à la gendarmerie. Aujourd’hui, le couperet est tombé : si la ZAD de Saclay n’est pas évacuée début juin, le camp sera expulsé par les forces de l’ordre et les agriculteurs se verront administrer des amendes se chiffrant en centaines de milliers d’euros.
Un tel démantèlement de Zaclay constituerait une attaque frontale, sans précédent et d’une agressivité démesurée contre la vie démocratique, alors même qu’aucune menace à l’ordre public n’est avérée. Le camp de Zaclay joue en effet un rôle majeur pour alerter le public sur le devenir d’un territoire exceptionnel mis en péril par des projets de bétonnage d’un autre temps. Zaclay est un lieu de rassemblement, permettant d’organiser et de rendre visible la lutte pour la défense des terres agricoles. Zaclay est aussi un lieu de pédagogie où se tiennent conférences, projections et débats, un lieu où chaque promeneur est invité à s’arrêter, s’abriter du vent, de la pluie ou du soleil, et discuter, trouvant ainsi une information indépendante et fiable.
Le collectif contre la ligne 18 rappelle sa détermination à défendre les terres agricoles du plateau de Saclay et ce, malgré les menaces de répression venant des autorités. Le collectif appelle toutes les personnes attachées à la défense de ces terres à venir en soutien et leur donne rendez-vous les 13 et 14 mai prochains pour fêter les deux ans du camp lors d’un rassemblement “festif et déterminé”.