Le 13 janvier dernier avait lieu à la Parole errante une aprèm-soirée de soutien à la coord antirep de Paris - IDF et la legal team. La journée a été un succès, a réuni et réjoui un très grand nombre de personnes.
Tout le monde s’en félicitait, MAIS...
Quelques jours après cette belle soirée ce sentiment de fête réussie a été gâché lorsque nous avons appris que plusieurs personnes ont vu leur soirée tourner au cauchemar à cause de substances versées à leur insu dans leurs boissons. Elles ont été prises de malaises, vomissements, maux de tête, et globalement de blackout/trous de mémoire sur la fin de soirée/nuit pour les témoignages qui nous sont parvenus, et pour l’une d’elles, les pompiers sont intervenus.
Cela nous met toustes dans une profonde colère.
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Tu ne te souviens pas trop de la soirée ou tu t’es senti.e mal de manière inexpliquée ? Tu n’avais jamais eu de trous noirs ou pas comme celui-ci, et là, ça t’est arrivé ?
Tu n’as pas bu d’alcool / ou pas au point de / ou pas tant que cela, et tu as pourtant fait un malaise, ressenti une fatigue intense ou tu ne te souviens pas de toute ou une partie de ta soirée ou de la nuit ?
Tu as pensé qu’un-e de tes proches avait un comportement anormal mais parce qu’iel avait un peu trop bu, ou pris volontairement une drogue, sans s’inquiéter plus que ça ? Demande-lui si cela a été par la suite.
Chaque personne réagit différemment à la prise de drogue, donc si tu ne te reconnais pas dans ces symptômes mais que tu t’es senti.e dans un état étrange, différent de tes habitudes, n’hésite pas à nous écrire : stoprepression@riseup.net
Ce type de mauvaise expérience s’accompagne souvent de honte et de culpabilité, prenons soin de nous toustes et ne nous laissons pas silencier.
Les témoignages nous seront utiles pour améliorer la prise en compte de ces risques, la prévention (comment cela se fait, quels sont les effets), et aider les personnes concernées si elles en ressentent le besoin.
Le type de pratiques qui consiste à droguer à son insu une personne, pour pouvoir ensuite profiter de sa détresse, de sa difficulté à se défendre, la manipuler ou l’agresser, est inacceptable et continue pourtant à être bien trop répandu dans les soirées, les lieux de fête, ici et ailleurs.
Et s’il faut le rappeler, faire prendre sans son consentement explicite de la drogue à une personne, quel que soit le but, et quel que soit le genre et les habitudes de consommation de cette personne, est une agression.
Ce n’est pas un comportement festif, ce n’est pas drôle.
Cela met en danger les personnes, les rend vulnérables et même si ce n’est pas suivi d’une violence, sexuelle ou autre, cela peut aussi avoir des conséquences physiques et psychologiques graves. C’est traumatisant de ne pas savoir ce qui nous arrive et pourquoi.
Prendre soin les un.es des autres, refuser les agressions
Faisons attention, partout, aux personnes autour de nous. Si on a l’impression que quelqu’un.e ne se sent pas bien, a trop bu, n’hésitons pas à aller la voir, lui parler, voir si elle est entourée et pourra bien rentrer chez elle. Faisons attention à nos verres, à ceux des autres. Prenons connaissance des comportements entraînés par les drogues, pour savoir les identifier. Communiquons sur les malaises, les trous noirs, les moyens de savoir si on a ingéré de la drogue. Prenons en compte tout ceci dans toutes les soirées où nous nous rendons.
Nous savons très bien qu’aucune « safe place » n’existe, et notre milieu n’en est pas exempt.
Même quand nous nous retrouvons dans des soirées militantes, dans des lieux connus, entouré.es de personnes avec qui nous partageons des idées, des causes, qui à première vue exclueraient ces comportements malveillants, force est de constater que des agressions ont lieu.
La domination patriarcale est une oppression systémique et structure tous les espaces.
Alors oui, nous attendons mieux de nos compagnon.ne.s de route et nous redoublerons d’efforts pour empêcher ces agressions et les traquer partout.
À défaut d’avoir les yeux grands ouverts sur les agresseurs pour les clouer au pilori, nous ouvrons grand notre gueule pour hurler que non, ces agissements ne passeront pas, jamais ! Que nous aurons toujours la solidarité pour prendre en charge les personnes qui ont subi ces comportements malveillants mais aussi que nous les dénoncerons sans relâche, alors qu’ils viennent ternir nos mémoires festives et nos idéaux.
Dans notre lutte contre la répression, le fascisme et toutes ces pensées mortifères, nous n’oublions jamais que le patriarcat est une des facettes essentielle au fonctionnement du pouvoir capitaliste qui nous oppresse et nous ne lui céderons rien.
Les luttes se mènent conjointement ou ce ne sont pas les nôtres.
Alors faisons le ménage dans les comportements virilistes, mascu et agresseurs qui continuent de nous entourer et de pourrir nos vies et nos combats.
Et merci à toustes celleux qui, au contraire, ont su faire de cette journée, un moment heureux.
Merci aux proches des personnes qui ont su les entourer et en prendre soin.
Vive l’autodéfense et l’adelphité [1], mort au patriarcat et à toutes ses formes.
Révolté.es à jamais contre les agresseurs.
La coordination antirépression Paris-IDF, La Parole errante demain, le Barcredi