Récit d’un contrôle de la CAF

Petit récit d’un contrôle de la CAF à Nantes.
En résumé, si vous utilisez Tor pour votre déclaration trimestrielle ou bien vous la faites depuis l’étranger, vous risquez un contrôle CAF. J’ai pris un peu de temps pour vous raconter le mien.

Je suis bénéficiaire du RSA depuis pas mal d’années.

Dernièrement, j’ai été convoqué à la CAF de Nantes pour un contrôle. Apparemment, une contrôleuse de la CAF m’a pris en chasse. C’est vraiment l’impression que j’ai eue, une impression de prédation. Les contrôleur·euse·s de la CAF font la « chasse aux fraudeur·euse·s ». Leur métier me semble être de radier le plus de bénéficiaires possible. D’abords repérer une proie potentielle, ensuite l’acculer, et enfin chercher une bonne raison de lui enlever ses droits.

J’ai reçu un courrier qui m’indiquait le jour et l’heure de la convocation. Je n’étais pas disponible ce jour-là. J’ai appelé plusieurs fois pour décaler le rendez-vous. J’ai laissé un message et quelques jours après avoir raté le premier rendez-vous, j’ai reçu par la poste une nouvelle convocation, une nouvelle fois un jour où je n’étais pas dispo.

Je trouve important de signifier aux contrôleur·euse·s de la CAF qu’on n’est pas à leur disposition et qu’il ne leur suffit pas de siffler pour nous voir accourir. J’ai donc rappelé et nous avons convenu d’un nouveau rendez-vous. J’aime bien me dire que la contrôleuse n’a pas eu le temps de convoquer quelqu’un·e d’autre au moment où j’ai reporté le rendez-vous et que ça a fait baisser son nombre de rendez-vous.

Bon, un moment, le jour du contrôle est quand même arrivé. La contrôleuse m’a averti que le contrôle avait lieu parce que j’ai validé ma déclaration trimestrielle en ligne avec une adresse IP localisée en Allemagne alors que je suis censé résider en France. Je lui ai dit que j’utilise le proxy Tor et que meme si je paraissais être en Allemagne, j’étais pourtant en France.

Le contrôle a continué. Elle m’a demandé ce que j’avais fait les dernières années comme démarche de réinsertion. Je n’ai pas répondu et elle a insisté pour avoir une réponse. Puis, elle m’a dit qu’elle avait obtenu auprès de ma banque tous mes relevés de compte sur une période de trois ans. Elle m’a fait des remarques sur mes habitudes de vie, sur le fait que je retirais systématiquement mon RSA d’un seul coup au début de chaque mois. Je ne lui ai pas dit que c’était pour me protéger des huissiers. Puis, elle a commencé à énumérer toutes les rentrées d’argent sur mon compte en me demandant à chaque fois de les justifier. Genre, « le 3 septembre 2017, vous avez encaissé un chèque de 60 euros, à quoi correspond cette somme ? » À chaque fois je lui réponds « je ne sais pas, je ne m’en souviens plus ». Elle continue à énumérer les sommes et les dates, elle a trouvé 10 entrées suspectes. Elle regarde aussi les dépenses, même s’il n’y en a pas beaucoup, vu que je retire la plupart de mon argent en liquide. Elle a remarqué un paiement au consulat d’Algérie, elle me demande si je suis parti en Algérie. Le paiement était bien pour un visa, mais pas pour moi, pour une copine. Je le lui dis. Plus tôt, elle avait examiné chaque page de mon passeport pour voir s’il y avait des tampons de voyage.

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Mots-clefs : répression | CAF

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