Qui a dit que le cortège de tête était fini ?

Nous sommes les fils de Molotov et nous ne lâcherons rien
Molotov lui, balance sans compter, généralement sans y penser.

Un texte de loi tombe dans le désert et le géant construit sept, huit récits explosifs

Des récits sans escales. Doit-on objecter que par-là il progresse ?

Oui et non. Il esquinte sa ration d’ombre à force de cracher par terre
Mais quelque part, la cendre a raison :

le tissu cesse d’exister dès la naissance si l’on considère les choses à rebours.

Alors autant brûler le ciel

et avec sauvagerie.

Comprenons que Molotov rechigne puisqu’il s’agit de sortir. Alors il s’avance masqué.

Une véritable expérience part des objets eux-mêmes. Lisez l’aventure du caillou :

pas de matière qui n’aie au commencement un statut d’éminence.

En matière d’amour révolutionnaire, Molotov refuse l’amas des secondes éraillées.

Une hâte s’exténue si elle ne dit plus achève.

La dissipation encore humide conglobe le pas des cœurs vivants. Lorsque la nuit éboule le réel, il faut lancer ses projectiles, viser le Lion et l’écureuil, casser toute Assurance

un heurt d’exultation déborde son être géométrique et la fouille à l’entrée fait souche avec la langue. Se taire surtout.

Molotov sera rendu comme les autres à ceux qui scintillent sous les barreaux.

Surseoir ne sert de rien : voyez l’épaisseur du noir en avant du cortège ! Molotov resserre ce qui ne peut pas se niveler mais s’imagine

(la hampe ou le récit contre-nature d’un cimetière de banques).

Ce qui frappe est là sous les yeux. La cime cachée et l’horizontalité plus chaude.

Excédant les volumes turbulents, la peau troue l’inabouti en coffre.

Luit la plaie par où la braise crie. Nous sommes les enfants de Mandelstam et de Molotov, blessés, enragés, incontrôlables.
L’éclat tenaille ce granit qui ne parvient pas à tomber en poudre et déplace la fin de son souffle. L’éraflure diagonale elle, comprend les mots du cortège.

Pointe ténue de la vie improductive, Molotov s’oriente charnellement vers la nasse

avec la hardiesse des mal notés en entreprise.

Le sommeil lancé et l’échine en paume de sang,

il baigne par bouffées dans la tiède panique du verbe être,

décline en piégeant son corps-mirage et se brise en dentelles.

Noces sacrilèges pour lui et sa moitié d’ombre. S’étant étendu aux tenailles de cet emplacement, Molotov assèche le front qui l’avait à haute voix délivré.

En fin de compte qu’est-ce qu’un torrent qui arrache le ciel ? Roulement du silex déboîté. Le canon à eau, un jour, sera renversé !

et ce n’est pas une métaphore
Courbet nous a montré la voie : même les colonnes les plus lourdes se renversent

Tonne le sentier autant qu’il peut, la parole de Molotov abrite l’infini raclé.

Le courage de perdre espoir est le seul possible sans destination.

C’est pourquoi la pensée de Molotov construit une tanière tout près de la foudre. Au cas où, pied à pied, l’alignement des heures irait en s’immobilisant.

Peine perdue, le craquement de la terre gagne progressivement ses mains usées

camarade, il faut casser l’idée brusque qui ne répond pas.

Mais où trouver un espace double ?

Une poire pour la soif suprême de l’ange noir

qui saisisse l’écriture diminuée, la jauge sans mollir, l’endure, trahisse l’envers et l’endroit afin de rendre le texte moins séparé.

Molotov percé de palmes et de courants électriques, pourra alors par un escalier dissemblable rejoindre une quiétude sans bacqueux

La quiétude d’une privation supportable où simple et multipliée, profuse et cependant réfléchie, la différence de Molotov avec ses pulsions ne lui tiendra plus lieu d’attaque étrangère.

La lutte continue.

Sylphe en cavale

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