Ça fait un mois qu’on doit envoyer un retour sur la situation des 80 migrants exilés au centre pour sans abri de Nanterre (le CHAPSA) et pour les 40 autres, à quelques centaines de mètres de là, dans un foyer Adoma du Petit Colombes.
Mais, depuis un peu plus d’un mois et l’expulsion de la caserne, le collectif de soutien à Nanterre patine, les infos ont été dures à glaner. Et puis, il y a les expulsions de Roumains à côté… qui, après expulsion, ont déjà trouvé une maison. Tant mieux, La lutte continue.
Bref, pour les nombreux exilés envoyés en banlieue ouest afin d’être oubliés, la situation est très différente. A Colombes, le centre social du Petit Colombes et de nombreuses associations ont lancé un mouvement d’aide, pallient en grande partie les carences de départ, organisent des traductions et des réunions qui marchent. Les migrants commencent à prendre leurs habitudes, revendiquent d’autant plus cours de français, célérité de leurs dossiers, etc. Et surtout ont des bons repas chaque jour qui les rendent plus indépendant, une cagnotte collective conservée par le centre mais répartie à leur vouloir. Le collectif met la pression sur le CADA en charge des dossiers, gentiment, pour qu’ils soient envoyés en temps et en heure et dans les formes. Même si les revendications et les problèmes demeurent évidemment (voir communiqué)
A Nanterre, à l’inverse, haro sur l’info et les liens. Il y a bien eu une tentative de réunions entre associations il y a un moins mais depuis plus rien. Le CASH, structure départementale, bien fermée, ne laisse rien passer ou presque. Et ça craint à l’intérieur. Après avoir été dans le bâtiment des sans-abris les premiers soirs avec impossibilité de sortir ou presque (et impossibilité de rompre le jeûne le premier jour du ramadan, la fois où on est passé), un bâtiment plus ouvert leur a été octroyé depuis. Pourtant fermé depuis des années, mais la tension montait avec ceux qui avaient d’ordinaire des places et n’en avaient plus. Bref, quand le bruit se fait entendre, à nouveau apaiser et cacher.
Depuis, plus rien. Jusqu’à hier, où plusieurs des migrants nous ont appelé pour exprimer de nombreux et assez graves problèmes, à commencer par la nourriture, toujours, et l’imposition de plats non hallal et leur envie d’autonomie. Grâce à la réu et aux traductions d’aujourd’hui, infos et revendications précises ont pu être listées. Ça donne ça :
- Depuis la fin du Ramadan, la mosquée ne distribue plus de repas, et contraint à se nourrir exclusivement de repas distribués par le centre, non-halal et trop différents de l’alimentation habituelle.
- Plusieurs repas ont provoqué des indigestions à de nombreux migrants présents et problème de santé. Ces repas sont distribués 3 fois par jours et chaque personne doit, sur une carte, prouver la prise du repas par une croix.
- Durant 4 jours, la plupart des réfugiés ont refusé de recevoir les repas. Seuls vingt d’entre eux, le quatrième jour, ont craqué.
- La protestation-grève de la faim, a abouti aujourd’hui à obtenir un rendez vous avec le directeur du CHAPSA et une promesse : des repas halal (du poisson a été servi hier et aujourd’hui. Ils ont également obtenu une salle, anciennement de réunions « abandonnée », comme lieu de convivialité avec télé.
- Conditions d’hygiène au CHAPSA : Malgré l’ouverture du nouveau bâtiment, beaucoup de problèmes d’hygiène demeurent : sanitaires pas assez nombreux et insalubres, 4 douches pour 80 personnes (deux étages et deux douches par étage, nombre très important par chambre.
- Conséquence : de nombreux problèmes sont survenus et perdurent. Malgré le passage de médecin, aucun prise en charge réelle ne semble avoir été lancée. La présence des réfugiés semble visiblement plus un problème pour eux et les dérange. Certaines réflexions comme « vous les réfugiés, vous nous faites chier » ont été entendus par l’un d’eux parlant bien français.
- Il y a un mois, nous avions apporté pour le premier soir du Ramadan des vêtements. Notre entrée a été limité, une seule a pu passer sans pouvoir donner les affaires en mains propres mais au personnel du CHAPSA. Les vêtements en question ne sont jamais parvenus aux migrants depuis.
- Le manque de respect à de nombreuses reprises, l’absence d’écoute sur leurs revendications a été accompagné depuis d’un dispositif de surveillance informel avec plusieurs personnes. Chaque revendication est parvenue à la direction avant même qu’elle ait été formulée par les migrants officiellement.
- Enfin, sur les dossiers : la prise en charge est clairement problématique. France Terre d’asile a pris en main les dossiers très vite et entre dix et quinze des présents sont partis une fois pris en charge par l’OFPRA. Mais, dans l’ensemble, un seul des réfugiés a dû assurer la traduction de tous les récits pour les demande d’asile, en l’absence de traducteur assermenté. On est très loin de la situation à Colombes, pourtant encore problématique (avec des traducteurs par téléphone).
L’objectif est de venir rencontrer les migrants demain, face à l’hôpital, à partir de 15h.
En particulier car une « journée de solidarité » à l’appel de différentes structures sociales et associatives du quartier, de représentants du Cash et de la mairie de Nanterre s’y tiendra pour une collecte de produits en tous genres. Les migrants sont déjà au courant et y viendront.
Un moment parfait pour les rencontrer et discuter avec tous les présents des moyens urgents de rendre la vie ici moins insupportable.
La Chapelle – Nanterre – Colombes : Même combat !
Soutien – discussion – revendication mercredi 22 juillet 15h, face à l’hôpital de Nanterre - Max Fourestier.
RER A Nanterre Université puis bus 304 (direction Asnières Gennevilliers) - T2 arrêt Victor Bash puis bus 304, 378 ou cinq minutes à pied.