Le 17 mars au soir à Paris, on s’est tous réunis et avons constaté une forte mobilisation des étudiants. Les médias ont renchéri à grand coup de chiffres invoqués par l’UNEF. Mais ce qui a été moins noté c’est la très forte présence de la CGT à la manifestation dites « jeunes ». Un bon tiers du cortège était composé de militants syndicaux classiques avec, comme à chaque fois, une sur-représentation de la CGT. Si il s’agissait pour beaucoup de la présence des permanents syndicaux il convient tout de même d’analyser cette présence.
Il convient donc de revenir sur l’intervention des directions syndicales à l’heure actuelle.
Une confédération syndicale bousculée par facebook… et par sa base !
C’est très clair. Les directions syndicales (nous parlerons ici surtout de la CGT qui représente la plus grande part du mouvement syndical) ne voulait pas faire grève le 9 mars. Ils ont été obligés à cette grève. Si elle a été un succès, ça a été un désaveu clair pour les directions qui ont prouvé qu’elles ne pouvaient pas tout maîtriser et endormir les volontés combatives de la population. Si la mobilisation pour cette journée du 9 mars fut un grand succès, ce n’est sûrement pas grâce à la détermination de de Philippe Martinez mais bien la faute à une partie des classes populaires qui s’est mobilisée pour pousser à une journée d’action. Si le premier espace de mobilisation a été facebook, il est désormais clair que cette envie d’en découdre avec le gouvernement ne souhaite pas se cantonner à l’espace numérique. Ça n’a d’ailleurs jamais été le cas. En effet facebook a médiatiquement sublimé toutes les autres initiatives, les bases syndicales grondaient depuis longtemps. Beaucoup n’ont pas apprécié la capitulation syndicale sur la question de la loi Macron. De nombreuses sections syndicales ont ainsi poussé, ont appelé à la grève. C’est le cas de l’Union Départementale CGT 75 par exemple, qui appelle à la mobilisation de manière particulièrement véhémente alors même que la direction syndicale est aphone.
Une présence discrète mais continue
Mais ne nous leurrons pas. La CGT est là et surveille ses ouailles. Ils ont assuré une présence permanente sur tous les rassemblements. Ils ont toujours été présents et en nombre plutôt important. La hantise de la CGT, c’est la même depuis 68. C’est de perdre le contrôle du mouvement social. Ils sont donc toujours là. Ils appellent donc à venir manifester, le 17, mais aussi le 24 mars. À noter tout de même, ils appellent à manifester sans grève. Qu’est ce que cela veut bien dire de la part d’un syndicat d’appeler à une manifestation un jeudi après midi sans appeler à la grève ? Quel est le sens de cette manœuvre ? On peut y voir plusieurs choses :
- La vision la plus optimiste c’est qu’une large partie de la CGT (ce qu’on appelle plus ou moins « la base ») est très favorable au bras de fer avec le gouvernement. Du coup ils ont fait remonter leurs envies à la direction qui n’a eu d’autres choix que d’accepter.
- Vision un peu plus sombre, la CGT a choisi d’être présente à minima, afin de ne pas « épuiser les gens en faisant trop de grève » (sic) et assure une présence massive de tous ses permanents. Cela leur permet d’avoir à la fois la légitimité auprès du mouvement (« nous étions là du début à la fin rappelez vous ») et à la fois de maintenir une pression sur le gouvernement à peu de frais.
Vers de nouvelles journées de balade ? Non !
Quoi qu’il en soit les directions appellent à une grande journée d’action le 31. Il y aura énormément de monde dans la rue c’est une évidence tant les syndicats font de la propagande là dessus. Sauf que comme la CGT comme nous le savons très bien : une journée d’action isolée ne suffira pas à faire plier un gouvernement complètement à la botte du MEDEF, qui a déjà reculé (pour la forme et de manière savamment calculée) sur deux ou trois points de cette loi. Or l’intersyndicale est encore en train de nous refaire le coup d’une grande journée sans aucun suivi.
La situation est largement comparable à celle du printemps 2009. Plusieurs mesure d’austérité viennent attaquer frontalement les travailleurs. Parallèlement à ça, les facs sont en proie à une contestation (on appellera ce mouvement LRU2). L’intersyndicale appelle donc à une journée le 29 janvier 2009, qui rassemble un monde fou. Le lendemain, l’intersyndicale nous apprends que la prochaines grève aura lieu le... 19 mars... Pas de chance pour eux, le 19 mars il y a encore énormément de monde dans la rue. Qu’à cela ne tienne, les syndicats appellent à une « journée d’action » sans grève le... 1er mai. Le mouvement s’est donc fini comme ça. Sans véritable défaite puisque le combat n’a jamais été engagé.
Mais cette fois il faut résister. Après le 31 mars, ils vont faire une annonce. Et cette annonce sera sûrement une journée d’action repoussée aux calendes grecques (sans doute début mai car ils trouveront le prétexte des vacances scolaires). Nous devons faire pression afin que les bureaucrates ne nous niquent pas comme d’habitude. Une journée d’action doit avoir lieu début avril. C’est le minimum (syndical) si on veut imaginer la construction d’un mouvement social d’ampleur.
Alors camarades salarié-e-s, syndiqué-e-s ou non ! Étudiant-e-s ou lycéen-ne-s ! Chômeu-se-rs ou au RSA ! Luttons contre ces pantomimes de luttes et créons un vrai rapport de force. Un rapport de force ou les directions syndicales n’auront plus lieux d’être. Un rapport de force où on pourra enfin lutter sans entraves !