Depuis le 9 juin au soir et la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, les élections législatives à venir sont au coeur de l’actualité.
Mais l’urgence de la séquence politique en cours ne doit pas nous faire oublier quelques points.
S’il est clair qu’il est nécessaire d’empêcher le Rassemblement National, et par extension le bloc raciste, d’obtenir la majorité absolue à l’Assemblée, il est certain que la seule réponse électoraliste est une erreur. Nous, militant·es antifascistes autonomes, nous nous devons d’apporter un regard critique sur la période en cours, d’autant plus quand le Nouveau Front Populaire sonne un peu trop Union sacrée.
Nous n’attendons rien des partis, aujourd’hui comme hier.
Combien d’entre nous dénoncent la fascisation du pays depuis des années sans que ces partis, qui demandent aujourd’hui nos votes, ne daignent se saisir de ce constat de peur d’être ostracisés dans le débat public ?
Combien de leurs représentant·es sont allé·es et vont toujours régulièrement dans les médias grandement responsables de cette fascisation car appartenant à des milliardaires qui œuvrent à "l’union des droites" les plus extrêmes depuis des années ?
Combien de fois ces partis ont détourné le regard et répondu absents lors des mobilisations antifascistes populaires pour des « raisons d’agenda » ?
Comment oublier, côté Parti Socialiste, la loi Travail et la normalisation de la répression qui s’en est suivie, la loi Cazeneuve dite "permis de tuer", l’instauration de l’état d’urgence, la proposition de déchéance de nationalité, les expulsions de personnes migrantes ou les privatisations à tout va, le tout sous la présidence de François Hollande, aujourd’hui investi par le Nouveau Front Populaire en Corrèze ?
Comment oublier, du côté de La France Insoumise et affilié·es, les absences et les silences de François Ruffin (qui n’a plus trop foot depuis peu) et de certain·es autres aux manifestations contre les violences policières, contre le racisme ou contre l’islamophobie ? Comment oublier leur soutien aux soignant·es antivax et leur validisme crasse ?
Comment oublier, du côté du Parti Communiste Français, Fabien Roussel qui manifeste avec les fascistes du syndicat policier Alliance mais ne vient pas à une marche contre l’islamophobie, ou juge bon de discuter avec l’éborgneur Edouard Philippe à la fête de l’Humanité ?
Comment oublier, d’un bout à l’autre du Nouveau Front Populaire, les sorties islamophobes des un·es et antisémites des autres, loin d’être "résiduelles" ?
Alors que le Rassemblement National est aux portes du pouvoir, que les macronistes continuent de lui paver le chemin et que Les Républicains et Reconquête les suivent, il est aisé aujourd’hui de se déclarer antifasciste et en résistance contre l’extrême-droite. Mais ce "sursaut" antifasciste manque de profondeur.
Il aurait fallu ne pas marginaliser l’antifascisme de terrain, ni le réduire à sa seule violence physique. Il aurait fallu apporter un soutien réel et pérenne aux intiatives antifascistes populaires, et ne pas s’y greffer dans les derniers instants pour faire acte de présence et se donner bonne conscience. Il aurait été sain et salutaire de porter haut et fort ces positions avant qu’il ne soit peut-être trop tard.
Il est peut-être déjà trop tard, et le Nouveau Front Populaire ne fait pas envie. Même, il a de quoi faire gerber. Chacun·e se fera son idée et fera ses choix en âme et conscience.
Bien sûr, pour nos survies, pour nos proches, nos ami·es et les inconnu·es racisé·es, LGBT+, musulman·es, juifs & juives, en situation de handicap et pour toustes les autres, mobilisons-nous massivement dans la rue les 30 juin et 7 juillet prochains, quels que soient les résultats.
Face aux fascistes, renforçons nos collectifs et les initiatives locales, renforçons nos liens, investissons les assemblées de quartier, oeuvrons à l’émergence et au développement de lieux autonomes désirables, reprenons la rue et les espaces communs en multipliant les initiaves, du simple collage à une cantine en passant par une assemblée sauvage ou un tournoi de football. Notre antifascisme s’exprime au quotidien et n’attend pas les échéances électorales.
Face aux fascistes, notre riposte se doit d’être offensive et populaire, loin des tractations politiciennes dont l’objectif premier est de sauver les quelques meubles restants de la démocratie bourgeoise et les postes des arrivistes.
Section Antifasciste Montreuil Bagnolet et Alentours
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