Pour que vivent les mondes d’après

Pas de retour à l’anormal, pause générale, construisons les mondes d’après, le leur on le connaît, on n’en veut pas !
Faisons de ces refuges des gares à partir desquelles partent les trains pour les mondes d’après et dans lesquelles on s’y forme, on construit et on s’y prépare.

Pour que vivent les mondes « d’après »
contribution au mouvement social en préparation

Partout on entend les révoltes frémir,
Celles qui commençaient à rissoler,
Celles qui s’embrasaient,
Celles qui commençaient à caraméliser,
Celles issues des injustices sociales d’hier exacerbées aujourd’hui avec le virus et ses conséquences.
Celles, silencieuses, issues du sentiment global d’injustice vécu, subi et dont l’arrêt forcé ou la mise au ralenti force à la prise de conscience ou oblige à y penser.
Celles, grandissantes, issues du dérèglement climatique et de l’effet d’un ralentissement sur la qualité du monde.
Celles, enfin, issues des conséquences de l’action de cette petite élite mondiale surpuissante à la fois responsable des injustices sociales et du dérèglement climatique et dont les victimes, par millions, sont les mêmes.

Le confinement a forcé à baisser le feu et recouvert les marmites temporairement, mais tout mijote…

On entend ici et là dans les sphères au pouvoir que les choses vont changer :
« Qu’il y aura un avant et un après » ;
Qu’il faudra « tirer toutes les conséquences de cette période » ;
Qu’il faudra un « capitalisme à visage humain » ;
Qu’il « faudra changer l’ordre de nos priorités »…

On entend ici et là dans les braisières militantes et politiques, qui s’impatientent en raison du déconfinement sanitaire, une volonté d’un déconfinement des droits et des libertés.
On entend susurrer qu’il faut « penser le monde d’après », « demander des comptes », « faire valoir nos droits », « réclamer ce qui nous est dû », « créer une plateforme de revendications » et bien d’autres choses..

Le monde médiatique aussi endosse les couleurs du Nouveau Monde, du Figaro à Médiapart] en passant par Closer, tout le monde veut « le Nouveau Monde »… le même ?

Non nous ne voulons pas de leur « monde d’après ».

* Pas le « monde d’après » du système. Le microcosme politico-économique au pouvoir a déjà mis en place les conditions de son monde d’après à savoir le même qu’avant en pire.
On remet en cause le droit du travail, les congés, la réglementation actuelle déjà bien attaquée. Sans aucun doute, car il faut « redresser le pays », se « serrer la ceinture », faire un « effort » collectif et individuel pour que la nation reprenne son rythme de croisière, sa croissance, son dynamisme économique, son exploitation des sols, des ressources, des humains, des êtres vivants. Faisons pire et acceptons-le tou·te·s pour le bien… d’une minorité ! et s’il faut mettre en place un gouvernement d’union nationale pour y arriver, soit ! Tant que la croissance va ! Et si diable quelques rebelles extrémistes ne rentrent pas dans l’union, les stocks de lacrymogènes, LBD et autres armes de répressions physiques, judiciaires ou économiques sont prêtes.

* pas le « monde d’après » des réformistes doux. En pleine ébullition (et c’est le moment c’est certain) : « il faut construire le monde d’après », celui qui se fera en gardant le système, mais en arrangeant un peu les choses au moins de façade pour faire vaciller les électeurs du bon côté, le leur. Celui qui vantera le nouveau monde faussement pour de vrai comme l’avait fait véritablement pour de faux le président actuel avant eux pour se faire élire… Tant que les bons amis sont préservés et que l’élite ne tombe pas, pourquoi pas même lâcher quelques réelles miettes, pas simplement des bons pour des miettes…

Le monde d’après, le nôtre, est multiple, diversifié, rebelle, auto-organisé et sérieux.

N’attendons plus rien de l’élite politique et économique en place, organisons-nous pour créer les mondes d’après !

Les mondes d’après ne seront pas un.
Certain·e·s voudront créer et fédérer des communes libres
d’autres chercheront à renverser la vieille cocotte du vieux monde par différents moyens révolutionnaires violents ou non-violents
d’autres encore plébisciteront le communalisme, l’écosocialisme ou la démocratie radicale,
d’autres encore inventeront d’autres chemins.

Ces mondes peuvent coexister demain et peuvent se fédérer aujourd’hui dans le mouvement qu’il nous reste à construire pour qu’ils puissent vivre et exister.

Rallumons le feu sous toutes les marmites !
Faisons-le en même temps et embrasons la cuisine, la maison et le quartier !

Rallumons-les toutes tant qu’elles ont en commun l’idée de créer en co-existence ces mondes de demain et qu’elles partagent quelques ingrédients de base non négociables comme le féminisme, l’anti-autoritarisme, la solidarité, l’antiracisme, la remise en question du fonctionnement économique et politique actuel et la volonté de vivre en harmonie sur une planète préservée tant au niveau de son environnement, de ses êtres vivants et de la justice sociale et climatique qu’elle propose à ses habitants humains.
Tant qu’elles saupoudrent dans leur mixture une pincée de créativité et d’ouverture, qu’elles acceptent d’y rajouter un soupçon non négligeable de tolérance entre les différents moyens d’action afin de pousser dans le même sens de la manière que l’on trouve la plus appropriée sans imposer à l’autre sa finalité ni sa façon d’y parvenir.

Rallumons toutes ces révoltes simultanément et créons, facilitons et construisons les mondes de demain !

Tout est bon à inventer, et à décider collectivement, mais voici quelques pistes :

  • Réinvestissons les places, les ronds-points, l’espace public et faisons-en des refuges.
    Refuges pour celles et ceux qui souhaitent sortir durablement ou temporairement de leur quotidien subi.
    Refuges pour celles et ceux qui vont lutter et qui luttent déjà de la manière qui leur semble la plus appropriée.
    Refuges pour toutes celles et tous ceux qui subissent en premier lieu les effets du système et quelques soit la forme de précarité ou de pauvreté qu’elles rencontrent.
    Refuges à défendre, lieux de transition et de formation pour les mondes d’après !
  • Faisons de ces refuges des gares à partir desquelles partent les trains pour les mondes d’après et dans lesquelles on s’y forme, on construit et on s’y prépare.

Faisons de ces gares des lieux de transition où le système s’arrête et où la créativité, l’amour et la vie reprennent.

  • Pas de retour à l’anormal, pause générale, construisons les mondes d’après, le leur on le connaît, on n’en veut pas !

« Les pas de noms », membre du collectif le monde d’après

À lire également...