Un mort et ce même défilé. Celui des experts en sécurité globale, des politicards, des syndicats de police, des préfets, en bref un défilé de tout ces gens qui expliqueront en long et en large que la police est exemplaire, que la justice fera son travail, que la loi c’est la loi. Ils continueront à dire leurs immondices dans les médias et en conférence de presse. Par ce flot de paroles, ils cherchent à cacher la vérité qui est pourtant simple : la police tue. Le tir d’un policier n’est que la conséquence des lois légitimant les tirs en situation de refus d’obtempérer, de tout ces experts qui promeuvent des armes de plus en plus violentes et sophistiquées pour que le ministère de l’intérieur en achète toujours plus, de ces hommes politiques qui stigmatisent toujours les mêmes franges de la population, les dangereux, les radicalisés, les non-républicains, l’ennemi intérieur. Ils construisent un discours raciste et par leur propos ils justifient et préparent le terrain. De Sarkozy à Darmanin, une même rhétorique qui cherche à justifier la mort d’un homme par la fatigue d’un policier ou parce que, finalement, l’homme qui refuse d’obtempérer sait ce qui l’attend.
Dès lors, il est impossible de rester calme. Nul ne combattra mieux les violences de la police que ceux qui la vivent au quotidien, qui la subissent, qui la connaissent, celle qui gangrène nos quartiers. Déjà en 2005, nos frères s’étaient soulevés en s’opposant avec honneur à ceux qui les avaient fait souffrir eux et leurs familles pendant tant d’années. Alors, pour répondre au groupe la Rumeur qui se demandait il y a quelques années « jusqu’à quand, combien de temps le ghetto restera-t-il aussi patient ? », nous répondons qu’en ce soir du 27 juin, certains refusent de se soumettre, agissent, et ne se tairont pas.
Pas de justice pas de paix. Aujourd’hui et dans les jours qui viennent, l’enjeu est de se tenir aux côtés des personnes qui se révoltent, de tisser des liens, de fournir de l’aide juridique et antirep si nécessaire (et sans se poser en professeur), d’écrire des textes, de les distribuer, faire des pancartes, des banderoles. Si la jonction se fait comme cela a pu être le cas par le passé dans une certaine mesure (affaire Théo, Adama, etc.), nous pourrons réellement prétendre à l’intersectionnalité, du moins à ce que nos tirades antiracistes ne soient pas exclusivement des paroles dénuées d’acte.