Le dimanche 29 novembre fera date dans l’histoire de la répression des manifestations. Jamais on n’avait vu autant de personnes embarquées et mises en garde à vue pour cette seule raison qu’elles participaient à une manifestation. Si l’État a annoncé plus de 300 gardes à vue, seulement 4 personnes sont finalement passées en comparution immédiate. Ces gardes à vue, de même que les assignations à résidence qui ont précédé la COP 21 apparaissent donc pour ce qu’elles sont vraiment : des sanctions extra-judiciaires. L’enfermement dans une nasse, les traitements humiliants lors des arrestations par les flics, le parcage pendant des heures dans des bétaillères, la nuit au poste, tout ceci est fait pour intimider et faire payer aux manifestant-e-s leur volonté de s’opposer à la politique et au discours du gouvernement. Il s’agit aussi, bien évidemment, d’alimenter les fichiers de police.
La préfecture a aussi utilisé d’autres sanctions à sa disposition : le placement des étranger-e-s ressortissant-e-s de l’Union Européenne ou de l’espace Schengen en Centre de Rétention Administrative (CRA) sous le prétexte qu’ils et elles troubleraient l’ordre public. Si la majorité des personnes dans ce cas là ont pu ressortir après un passage devant le tribunal administratif, l’une d’entre elles est restée enfermée et a été expulsée aujourd’hui vers la Belgique. Le déroulé rocambolesque de l’audience, loin d’apparaitre comme une irrégularité, reflète le traitement quotidien réservé aux sans-papiers. Alors qu’elle ne parle pas français, elle a été jugée sans interprète et donc sans la possibilité de s’exprimer. Son profil d’ennemi de l’ordre public a été établi à l’aide du seul compte-rendu policier, alors même que les éléments du dossier étaient trop fragiles pour que les flics soient certains que cette personne soit condamnée en comparution immédiate. Cette personne possédait même un billet de retour pour rentrer chez elle, ce qui rend d’autant plus absurde son maintien en rétention avant son expulsion aujourd’hui.
Les audiences de comparution immédiate ont aussi reflété l’acharnement de l’État pour punir celles et ceux qui ont manifesté. Ce dimanche-là, mieux valait ne pas être saisonnier, ou conserver un couteau sur soi pour se nourrir. Plus largement, « l’ambiance générale » de cette manifestation semble être le seul critère pour justifier de ces condamnations, et excuser les innombrables irrégularités lors des interpellations et des gardes à vue. « Ambiance générale » décrite par les procès verbaux des flics qui ont été lu à l’audience, ou encore par les « images que nous avons pu voir » à la télé, selon une des procureurs. On reproche aux quatre prévenu-e-s d’être resté-e-s à République après des sommations de la police que personne n’a jamais entendues, et alors que la place était progressivement bouclée par les barrages des flics. Une manifestante s’est vue reprocher d’avoir refusé de donner son nom et ses empreintes. Elle voulait dénoncer ses conditions d’arrestation. Les flics, ne pouvant la soumettre à leur fichage systématique, ont saisi cette occasion pour la présenter au juge.
Á l’heure actuelle, aucun-e manifestant-e n’est en prison, puisque la seule peine de prison ferme prononcée n’a pas été assortie d’un mandat de dépôt mais le parquet a fait appel de cette décision. Affaire à suivre.
Malgré la tentative pour réprimer les manifestant-e-s, la contestation continue. Le Collectif de soutien aux manifestants interpellés pendant la COP 21 sera joignable en journée par téléphone au 33(0)7.53.39.35.45 et assurera une permanence tous les jours entre 16h et 18h.
Rappel des communiqués antérieurs :
Infos sur la répression après la manif de dimanche contre la COP21
La police se lance dans le tri sélectif des manifestants
Communiqué du Collectif de soutien des manifestants pendant la COP21