Depuis le vendredi 20 septembre, les prisonniers du centre de rétention administrative (CRA) de Plaisir (dans le 78) sont en grève de la faim, pour protester contre l’interruption arbitraire des visites et des soins.
Les conditions de vie à l’intérieur sont pourries et les prisonniers subissent un fort isolement, mais les luttes à l’intérieur ont été nombreuses et continuent.
Pour casser la grève de la faim, pendant la nuit de samedi une équipe de la BAC avec des chiens est rentrée dans le CRA en menaçant et en tapant les prisonniers en lutte. Une personne a été mise en cellule d’isolement toute la nuit, une autre ramenée en GAV et ensuite reconduite au CRA. Mais ils restent déters, la grève continue.
À ceux·elles qui sont à l’extérieur de les soutenir au maximum !
Voici leur communiqué sorti dimanche 22 :
Ça fait trois jours qu’on fait grève de la faim.
Ici, les policiers font plein d’abus, ils abusent trop. Ils traitent les gens comme des chiens.
Ils font les visites comme ils veulent, et des fois ils prennent des gens qui ont rien fait et ils les menottent pour les mettre en cellule d’isolement toute la nuit. Même avec le médecin c’est compliqué, ils refusent tout. Il y en a un parmi nous qui a le pied déboîté et ils les ramènent même pas à l’hôpital.
Des fois, ils arrêtent les caméras pour taper les gens. Hier soir (samedi 21) à minuit ils ont ramené au moins trente policiers avec les matraques et des gazeuses pour nous faire rentrer de force dans notre chambre.
On a pas le droit de fumer, ni traîner dans les couloirs, ni regarder la télé après minuit.
Les déjeuners aussi, tous les jours ils nous réveillent à 7h obligé, comme si on était à l’armée.
Les tondeuses et les lames ils refusent de nous passer, les fenêtres sont bloquées h24.
Les lits ne sont pas bien, ça fait du bruit toute la nuit, on n’arrive pas à dormir.
Et dans la nuit ils passent toutes les 30 minutes, ça réveille les gens parce que les portes font du bruit. On n’a pas de coussins.C’est pas normal, franchement l’état du centre est crade, très dégueulasse.
Et souvent quand les policiers arrivent ils nous disent des paroles très racistes.Et il y a d’autres parmi nous souvent qu’ils les attachent pied à la tête et des casques à la tête, scotch à la bouche et te font montrer dans l’avion comme un colis de voyage.
Et l’accusation aussi, quand on leur donne nos dossiers ils envoient pas tout au juge ni à nos avocats. Ça aussi c’est pas normal.
Il y a de gens aussi qui viennent au centre, passé un jour ils voient même pas le juge et ils sont libérés, alors que d’autres n’ont même pas le droit de passer devant le juge administratif et c’est pas normal aussi.
Pas de liberté, pas d’égalité, pas de fraternité avec nous. C’est la vérité. »
En parallèle, depuis samedi 21 septembre il y a de nouveau une lutte dans la prison pour sans-papier de Palaiseau. Toujours les mêmes problèmes : en plus de l’enfermement et de la possibilité de se faire déporter à tout moment, c’est aussi une équipe de keuf particulièrement violente et méprisante.
Déjà en juillet une grève de la faim avait éclaté au même endroit.
Force et solidarité avec eux !
On relaye ici le communiqué des prisonniers du CRA de Palaiseau :
Les problèmes viennent toujours de la même équipe.
Hier y a un gars qui était en train de manger. Eux ils le regardaient, ils se parlaient entre eux. Y en a un qui a dit à son collègue : « Regarde-le, il mange comme un chien ».
Eux ils sont toujours comme ça : les regards, les coups de pressions. Ça va jusqu’à la violence physique tout ça. Y en a un il est tatoué, il fait encore plus des manières, des fois il rentre dans le réfectoire et il va crier sur un gars qui a pas encore mangé : « Ouais toi t’as déjà mangé, dégage ! » C’est la même équipe qui a tapé un renvoi y a pas longtemps.
L’autre équipe est plus tranquille.
Hier, on est rentré pour manger. Les fixes nous fixaient comme des chiens. On leur demande pourquoi ils nous regardent comme ça, ils ont mal parlé. Et tout le monde a jeté son plateau et voilà grève de la faim. Ce soir encore, personne n’a mangé.
Maintenant pour l’État on est plus des humains, on est des quotas. Il leur faut des chiffres pour faire leurs politiques et montrer « aux Français » qu’ils font des choses. Maintenant voilà.
Y en a beaucoup qui dès le premier avion sont attachés, c’est important il faut le dire. Y a un gars qui au 89e jour, et au premier vol ils l’ont attaché et ramené au bled.
Les 3 mois ils sont faits pour la torture psychologique, 45 jours c’étaient déjà difficile, mais là… Ici on peut pas travailler, on a aucun revenu. On bouffe que de la nourriture industrielle réchauffée et dégueulasse.
Quand y a cette équipe rien ne va, même le médical déconne encore plus.
À tous les niveaux, y a des problèmes : même la machine au café marche quasiment jamais. Et après y a plus rien. Quand il fait chaud, y a pas d’eau froide. Y a rien.
L’OFII parfois ils sont pas là du jeudi au dimanche. Donc on est tous en galère : pas de cigarettes, pas de gâteaux pendant 4 jours.
Ici on nous met la pression. Certains font des aller-retour CRA-Prison-CRA parce qu’ils arrivent pas à les expulser.
Pendant qu’on écrit le communiqué y en a un qui s’est évanoui.
On sait qu’au centre de Plaisir aussi y a une grève. C’est bien. »