Gloire soit rendue par ces quelques vers
À l’ouvrier qui ne sachant que faire
À la nuit tombée, du sac de pavés
Que tout’ la journée, il avait vidé
Décida lucide, harassé sans doute
De l’abandonner et tracer sa route
Av’nue des Gob’lins, il le laissa choir
Devant une banque, au bord du trottoir
Il pensait bien sûr et avec raison
Que nul ne voudrait de sa cargaison
Et qu’au petit jour, prêt à en baver
Il retrouverait ces maudits pavés
Que le dos courbé il transporterait
Ces pierres de chagrin toute la journée
C’était sans compter sur le défilé
Plein de bonne humeur, de joyeuseté
Qui déjà partait de la faculté,
À l’assaut des rues pour tout saboter
Au petit matin revenant trimer
L’ouvrier trouv’ra la rue décimée,
Réclames arrachées, vitrines éclatées
Et tous les banquiers la mine dépitée
Fini l’esclavage, fini le turbin
Elles ont volé, ces pierres de chagrin
Les pavés sont faits et c’est bien connu
Pour planer très haut et vers l’inconnu
Pour détruire ce monde, de verre et d’argent
Qui détruit les bras et le coeur des gens
Gloire soit rendue, par ces bris de verre
À l’ouvrier qui, ne sachant que faire
Un soir de printemps et tout en silence
Lança le mouv’ment, vers la convergence
Donnez les pavés, nous les lancerons
Contre toutes ces banques, ces institutions
Bloquez vos usines, faites désertion
Pour qu’enfin finisse, cette aberration
Ouvriers, chômeuses, étudiantes, vauriens
Avançons ensemble, pour le monde ou rien.