Jeudi 23 octobre, à 6 heures du matin, les occupants du Transfo, un lieu autogéré depuis 2012 aux frontières de Bagnolet et de Montreuil, ont été expulsés sous l’assaut de pelleteuses et d’unités de CRS. Une expulsion particulièrement violente, réalisée juste avant la trêve hivernale, avec un déploiement de forces ahurissant. Une fois de plus, la justice a privilégié les intérêts financiers des propriétaires, en l’occurrence EDF, engagée dans un vaste projet immobilier sur le secteur : plusieurs tours dont la construction se fera sans concertation avec les habitants. La préfecture a prêté son concours à cette opération lucrative, sans lésiner sur les moyens policiers.
Partis en manifestation le soir même, les expulsés et leurs soutiens ont réussi à atteindre la rue de Paris, à Montreuil. Ils y sont littéralement encerclés par plusieurs unités de CRS, dès 19 heures. Pour une petite centaine de manifestants, toute une portion de la rue est mise sous séquestre par une meute de robocops casqués, bouclier et matraque en main. Les habitants se voient refuser tout accès à la zone, y compris ceux qui y ont leur domicile et veulent rentrer chez eux. Un jeune livreur de pizza prend des coups pour avoir voulu délivrer sa commande derrière la haie de pandores. De sa fenêtre, un homme s’adresse à son amie, bloquée derrière les boucliers. Quelques slogans fusent, mais le sentiment dominant est la consternation, entre colère et stupeur. Une fanfare joue la bella ciao des fenêtres d’un immeuble, pour briser le silence. Les gens applaudissent.
En réaction, les robocops élargissent leur zone d’occupation, bousculant les riverains attroupés avec leurs boucliers, annexant une portion encore plus grande de la voie, déjà envahie par une multitude de fourgons de CRS. Faute de pavés, un riverain en colère balance des croquettes aux pieds des « chiens de garde du capital ». Pendant ce temps, loin du regard de tous, les manifestants sont parqués, certains arrêtés, embarqués dans des camions, d’autres évacués sous escorte policière.
Le blocus durera jusqu’à 22 heures. Cette opération policière démesurée n’est pas sans rappeler les campagnes de rafle de sans-papiers organisées à Paris [1]. Elle s’inscrit dans le climat répressif instauré par le gouvernement Valls, pour mieux imposer sa politique de casse sociale. Elle doit aussi nous alerter. Le capitalisme en crise n’aura de cesse de réduire nos droits les plus élémentaires, de restreindre nos libertés, pour assurer sa survie. Ne le laissons pas faire.