Marche blanche en mémoire d’Amadou Koumé à Saint-Quentin

Une manif a rassemblé près de 1 000 personnes à Saint-Quentin, dans l’Aisne, pour exiger la vérité sur la mort d’Amadou Koumé dans un commissariat du 10e arrondissement. Le collectif de photographes Our Eye Is Life en a publié un compte-rendu.

C’est dans la nuit du 5 au 6 mars 2015 qu’Amadou Koumé a trouvé la mort.

En réalité, c’est la mort qui l’a trouvée. Alors qu’il se faisait interpeller, il est mort quelques minutes plus tard, en compagnie de la police nationale au commissariat du Xe arrondissement de Paris. Lorsque la police prévient la famille Koumé, les causes du décès restent floues ; trop floues pour sa sœur Haby qui ne compte pas en rester là. Son frère n’ayant aucun problème de santé, elle exige aujourd’hui toute la vérité et la justice sur ce drame. À ce jour, la famille n’a aucun contact avec les autorités, ils sont seuls depuis l’annonce du décès. Les blessures sur le corps d’Amadou laissent très fortement penser qu’il est mort lors d’une clé d’étranglement, méthode d’interpellation dénoncée depuis des années par différentes associations, mais qui continue d’être légale malgré les multiples cas de décès et son interdiction dans une grande partie des pays européens.

Explications par le collectif « Police Personne ne Bouge : « Lors de contrôles d’identité, ou d’interpellations, la Police applique une méthode d’immobilisation qui dans sa pratique peut provoquer la mort : cette méthode “au corps-à-corps” consiste à ce qu’un fonctionnaire de police étrangle la personne qui se trouve au sol, pendant qu’un autre lui comprime la cage thoracique en appuyant fortement son genou dans le dos. Cette pratique appelée aussi “clé d’étranglement” entraîne l’immobilité, la suffocation, de graves lésions qui peuvent provoquer alors des conséquences irréversibles quand ce n’est pas la mort. Dans d’autres affaires, similaires, plusieurs interpellations ont conduit à la mort, notamment celle de Sydney Mamoka (Tourcoing, 1998), Lamine Dieng (Paris XXe, 2007), et plus récemment Hakim Ajimi (Grasse, 2008) ( »Extrait de l’appel de la campagne « Police Personne ne Bouge »)

Dans le but de créer un rapport de forces, de se faire entendre et surtout d’obtenir la vérité et la justice, la famille d’Amadou a organisé avec l’aide du quartier, une marche blanche le samedi 30 mai 2015. Traversant la ville de Saint Quentin, près de 1.000 personnes ont marché avec courage et dignité. La marche s’est terminée devant une grande fresque réalisée par un habitant du quartier sur laquelle on peut lire « RIP AMADOU ». C’est ici qu’Amadou a vécu avant que sa tour soit démolie il y a plusieurs années. La fin de cette marche a été marquée par une minute de silence, des prises de paroles et des invocations pour qu’Amadou puisse reposer en Paix. La famille et les proches annoncent qu’ils vont créer une association dans le but de fédérer et de venir en aide aux autres familles qui seraient amenées à vivre un drame similaire, mais également de travailler avec les plus jeunes pour qu’ils puissent connaître leurs droits et leurs devoir de citoyens.

Repris du site Oureyeislife qui publie également des photos prises lors de la marche.

Note

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Mots-clefs : meurtres de la police

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