À nos sœurs et familles assassinées, nous ne vous oublierons jamais.
Nous, organisations féministes, afroféministes, transféministes, LGBTQIA+, antiracistes, antivalidistes, et antigrossophobie appelons à manifester le 25 novembre 2023, dans toute la France, à l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes et aux minorités de genre.
Nous ne voulons plus compter nos mortes.
Les femmes et les minorités de genre subissent au quotidien des violences sexistes et sexuelles : au travail, dans la rue, dans le foyer, dans les services de santé, nous sommes harceléEs, insultéEs, exploitéEs discriminéEs, violéEs, tuéEs.
850 femmes ont été assassinées sous les mandatures d’Emmanuel Macron. Ce sont 850 féminicides, dont 75% dans le couple, et plus de 1000 enfants orphelins. Ce sont 220 000 femmes victimes des violences de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année, et des centaines de milliers d’enfants co-victimes de ces violences. Ce sont 250 viols ou tentatives de viol chaque jour, et une justice qui refuse toujours de croire la parole des victimes.
Le 25 novembre nous serons dans la rue pour rappeler qu’en 2023 être une femme, et d’autant plus une femme noire, racisée, trans, non valide, ou une personne LGBTQIA+, c’est vivre en étant partout exposéE aux violences.
Nous serons dans la rue pour rappeler que les enfants sont les premières victimes des violences sexuelles, et qu’iels ne sont pas protégéEs. Tous les jours, 450 enfants sont victimes de violences sexuelles. La moitié des enfants victimes d’inceste ne sont pas pris en charge lorsqu’iels appellent à l’aide. Les enfants parlent, mais iels ne sont pas écoutéEs. Leur parole est remise en cause.
Nous serons dans la rue pour dénoncer l’absence sidérante de politiques publiques pour lutter efficacement contre les violences faites à toutes les femmes, aux enfants et aux minorités de genre. La réduction drastique des financements des hébergements d’urgence pour les femmes victimes de violences montre que la “grande cause” est une imposture. Les associations féministes et afroféministes de terrain, abandonnées par l’État, ne peuvent plus accompagner les victimes dans de bonnes conditions, certaines sont contraintes de mettre la clef sous la porte.
Ces violences de genre s’inscrivent dans un contexte social et politique d’inégalités d’injustices et de racismes. Nous ne pouvons pas fuir un père, un conjoint, un employeur, un système violent si notre survie matérielle n’est pas assurée. Nous nous mobilisons pour l’émancipation de touTEs, en particulier pour celles des plus précaires d’entre nous.
Le 25 novembre, nous serons dans la rue pour dénoncer les violences sociales et policières orchestrées par Emmanuel Macron, son gouvernement, le patronat, l’ensemble de la classe politique. Nous refusons la perte de nos conquis sociaux, la casse de nos services publics et de notre protection sociale. Les récentes réformes des retraites, du chômage et du RSA nous pénalisent particulièrement, car nous menons des carrières hachées, dans des emplois sous-payés. Les métiers féminisés, notamment ceux du soin, sont les plus dévalorisés, les plus précarisés et les plus pénibles. Ils sont majoritairement assurés par des femmes noires et/ou racisées.
L’explosion des loyers et l’inflation accentuent encore notre précarité. Les expulsions locatives et le mal-logement touchent en majorité les mères seules avec enfants, les femmes et les minorités de genre. 45 % des mères isolées et trois millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Au moins 2000 enfants et leur famille dorment dans la rue en France aujourd’hui.
Le mouvement social contre la réforme des retraites, le plus massif que la France a connu depuis 50 ans, nous confirme que c’est par la grève que nous allons pouvoir gagner le rapport de force.
Le gouvernement ne se cantonne pas à l’inaction face aux violences basées sur le genre. Il les génère et les accentue, par son application de politiques répressives : traque et humiliation des adolescentes musulmanes dans leurs établissements scolaires, discrimination et meurtres par la police des populations noires et racisées dans les quartiers populaires et en Outre-Mer, pénalisation des clients des travailleurEUSes du sexe, chasse aux usagerEs de drogues, expulsion des migrantEs et exiléEs… C’est le même État qui réquisitionne les grévistes, qui réprime les mouvements sociaux et les écologistes, et qui tente de mettre fin à nos luttes. Nous ne nous tairons pas.
Dès demain, organisons-nous dans nos quartiers, sur nos lieux de travail et d’études pour construire un monde libéré de l’exploitation, des oppressions et de discriminations. Nous appelons les associations, organisations politiques, syndicats, et toute la société à nous rejoindre pour un mouvement de masse. Soyons nombreuxSES le 25 novembre 2023.