Mairie du 9e : les mal-logés rendent visite à Delphine Bürkli

Retour sur l’action du collectif Mal-logés en Colère la semaine dernière à la marie du 9e.

Le 9e arrondissement a une nouvelle maire Delphine Bürkli, mais garde ses 2 120 demandeurs de logement, ce qui n’est pas négligeable pour un petit arrondissement.

Pour le moins inquiets de certaines déclarations faites pendant la campagne , les mal-logés se sont invités à la mairie en nombre pour réfuter les affirmations selon lesquelles à Paris on relogerait seulement les plus pauvres au détriment des classes moyennes : cette contre-vérité dans une ville où salariés modestes, demandeurs d’emploi, retraités et jeunes ménages vivent une situation insupportable n’a aucun sens.

Nous venions aussi faire part de notre colère face aux déclarations faites par Mme Bürkli sur un projet de logements sociaux dans un hôtel particulier laissé à l’abandon depuis les années 90, et qui, selon elle, constitue une « destruction du patrimoine architectural et culturel parisien ».

Les demandeurs de logement parisiens ne décident pas des projets de la Ville et demandent simplement un logement décent : mais nous ne pouvons accepter une telle stigmatisation du logement social, et des personnes qui y vivent. Nous avons déjà subi treize ans de débats en Conseil de Paris entre Mr Delanoë et les maires des arrondissements de l’Ouest de la capitale , treize ans de polémiques politiques dont les mal-logés sont les otages perpétuels. Nous sommes venus dire à Mme Bürkli qu’elle avait naturellement le droit de contester certains projets, mais pas sans proposer des alternatives, et pas en présentant le logement social comme un problème alors que c’est une solution pour la majorité des Parisiens qui y sont éligibles.

Mme Bürkli nous a reçus immédiatement avec ses collaborateurs, et nous a assuré qu’elle n’était pas anti-logement social, qu’elle avait conscience des difficultés des Parisiens, et qu’elle ne comptait stigmatiser aucune partie de ses administrés.

Nous prenons acte de ces déclarations et espérons qu’elles seront suivies d’effets.

Dans le 9e comme ailleurs le logement est un droit pour tous.

Repris du site des Mal-LogéEs en Colère

Le tract diffusé sur place :

LE LOGEMENT SOCIAL EST UN DROIT POUR TOUS , PAS UNE « DESTRUCTION DE PATRIMOINE »

Les demandeurs de logement social s’invitent aujourd’hui à la mairie du 9e arrondissement, pour rencontrer la toute nouvelle Maire Mme Delphine Brukli et lui faire part des réalités rencontrées aussi par les habitants modestes du 9e.

En effet pendant la campagne précédant son élection, l’actuelle maire du 9e a beaucoup opposé logement social et logement intermédiaire, et dit notamment qu’à Paris, seuls les plus riches et « les plus pauvres » pouvaient se loger.

C’est une absurdité : il est bien évident que les personnes aux revenus modestes ne peuvent pas se loger à Paris, ailleurs que dans le logement social, et que les logements sociaux manquent cruellement : en témoignent les 2120 demandeurs en attente dans le 9e arrondissement, qui, au passage ne compte que 1695 logements sociaux, soit 5% du parc total de logements de l’arrondissement. Le 9e arrondissement est aussi un arrondissement très vivant en termes d’emploi, puisque 125 000 personnes y travaillent, pour 60 000 habitants. Parmi ces salariés, beaucoup ont des salaires très modestes, dans la restauration, le commerce, l’aide à la personne, ils font vivre l’arrondissement et pourtant sont souvent logés très loin de la capitale, et ce même lorsque leurs horaires de travail sont très extensibles.

La présentation faussée ,faite pendant la campagne ,de la réalité des difficultés à se loger des revenus modestes a de quoi inquiéter les habitants et les travailleurs de l’arrondissement qui sont dans cette situation, et qui peuvent légitimement craindre d’être délaissés voire montrés du doigt lors des années qui viennent.

Crainte renforcée par les déclarations de la nouvelle maire sur certains projets de logements sociaux , par exemple à l’Hôtel Cromot. A propos d’un projet de la Ville destiné à y construire 22 logements, Mme Burkli a déclaré qu’il s’agissait là d’un « sacrifice d’un édifice exceptionnel » et de « destruction du patrimoine historique de la Ville ». Présenter ainsi le projet, c’est une stigmatisation inacceptable des demandeurs de logement, dont l’accès au droit est traité comme une menace et un mal pour les autres habitants du 9e et pour Paris. Cet immeuble est dans le patrimoine de la Ville depuis les années 90, inutilisé et dégradé depuis cette date, s’il n’a pas été réhabilité avant, ce n’est certes pas la responsabilité des mal-logés, sa transformation en logements sociaux n’entrave aucun projet culturel ou patrimonial existant.

Surtout un bâtiment n’est pas « dégradé » ou « sacrifié » parce que des Parisiens modestes y vivent.

En tout état de cause, les Parisiens modestes ont simplement besoin et droit à un logement, et il faut bien en faire quelque part, dans le 9e arrondissement ou ailleurs. Or, si Mme Burkli défend l’idée d’ « un logement social pour un logement intermédiaire », elle n’a pas dit pendant la campagne où elle comptait les construire, et ne propose pas de solution alternative , par exemple, au projet de l’Hôtel Cromot.

En ce début de mandature, nous sommes venus collectivement lui dire que nous n’accepterons pas que l’accès légitime au droit au logement des habitants et des salariés modestes de la capitale soit présenté comme un « problème », ni que les demandeurs de logement social de l’arrondissement soient les otages sans cesse stigmatisés des affrontements entre politiques sur chaque projet de nouveaux logements. Les mal-logés sont des administrés comme les autres, qui ont droit à l’attention et au respect de leur nouvelle maire concernant leur situation.

Une petite vidéo de l’action

Localisation : Paris 9e

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