Vendredi 26 mai 2023, un retenu du CRA [1] de Vincennes a été retrouvé mort au petit matin par son compagnon de cellule. Il s’était fait tabasser la veille et l’avant veille par une quinzaine de flics.
Les flics ont ensuite pris ses affaires et son téléphone puis répandu la rumeur, à l’intérieur, qu’il était mort d’une overdose. Le lendemain le parquet de Paris indiquait que l’autopsie concluait à « une cause naturelle ou toxique ». La famille n’a nullement été informée de la mort de M. ni par la police, ni par l’administration du CRA. Ce sont des retenus proches de M. qui ont averti sa famille et pris contact avec le consulat. Pour le moment, le lieu où repose le corps n’a pas été révélé et l’accès au corps n’est toujours pas possible.
Quant à l’Assfam (liée au Groupe SOS), l’association payée par l’État pour assurer un semblant d’accès au droit dans le CRA tout en cautionnant l’enfermement, elle a d’abord caché le décès en n’étant comme d’hab’"au courant de rien". Même rengaine du côté de l’infirmerie du CRA, qui refuse régulièrement l’accès aux soins.
La nouvelle de cette mort s’est rapidement propagée dans tout le CRA. Après ceux du bâtiment 1, les retenus des bâtiments 2A et 2B se sont remis en grève de la faim et des affrontements ont eu lieu avec les keufs, faisant plusieurs blessés parmi les retenus. Par ailleurs, le lendemain de la mort de M. un de ses proches a été expulsé.
Depuis, les flics mettent une grosse pression : ils fouillent en permanence les cellules, menacent les retenus qui osent parler de ce qu’il s’est passé et en ont tabassé plusieurs qui accusaient la police de la mort de M. À l’extérieur plusieurs actions en solidarité ont eu lieu : rassemblements et feux d’artifice aux abords du CRA pour donner de la force aux personnes enfermées ; manifs ; banderoles ; tags... Des assemblées publiques se sont aussi tenues pour tenter de s’organiser.
Malheureusement, M. n’est pas le premier à tomber sous les coups des matons... Dans les CRA comme dans les autres taules (maisons d’arrêt, centres de détention, HP, etc) les assassinats déguisés par les autorités pénitentiaires en suicides ou morts naturelles sont monnaie courante... Sans compter toutes celleux qui sont tué·e·s à petit feu par la violence physique et psychologique que constitue l’enfermement. C’est là un des objectifs de l’État : faire disparaitre dans ses taules toutes celleux qu’il considère comme irrécupérables, quitte à ce qu’iels finissent par en crever...
Malheureusement, M. n’est pas non plus le premier à se faire tuer à cause des frontières. Partout où les États veulent les imposer des gens tentent de s’en affranchir, souvent au péril de leur vie, que ce soit en traversant des mers ou des montagnes, en résistant à des contrôles de keufs dans les rues ou les transports, ou en se confrontant à la violence des matons dans les CRA ou autres prisons pour étranger·e·s...
Lorsqu’elles ne tuent pas, les frontières empêchent toutes les personnes qui n’ont pas les bons papiers de vivre comme elles le souhaitent, où elles le décident. Tout ça parcequ’elles n’auraient « pas le droit d’être là »… À Montreuil la mairie se vante actuellement de la rénovation des foyers de travailleurs migrants. Pourtant elle oublie de préciser que ces chantiers s’accompagnent de l’expulsion des habitants « sans titres », c’est à dire toutes celleux qui, faute de papiers en règle, sont hébergé·e·s dans les foyers sans contrat officiel à leur nom. Ce fut le cas au foyer Bara (Voir : La mairie de Montreuil est fière d’avoir expulsé tou.te.s les « habitant.e.s sans contrat » du foyer Bara…), c’est désormais ce qu’il se passe au foyer Rochebrune ainsi qu’au foyer Branly où les résidents luttent pour que tout le monde soit relogé après les travaux de rénovation.
Face à toutes ces réalités, une manifestation partira de la Croix de Chavaux à Montreuil samedi 24 juin à 18h30, pour refuser ce monde de barreaux et de frontières, et exprimer de la solidarité avec toutes celleux qui tentent de s’y opposer, notamment dans les foyers, les CRA et les prisons.
On se voit le 24 peut-être !!
Vengeance pour M !
Que brûlent les CRA, les frontières et la PAF avec.
Multiplions les actions de solidarité, attaquons la machine à enfermer où qu’elle se trouve !
