Présenté mensongèrement aux français-e-s comme une amélioration du dispositif déjà existant depuis octobre 2012 et axé, selon les propres mots du gouvernement saucialiste, sur les candidats au Jihad désireux de combattre en Syrie et en Libye, la loi s’attaque tous azimuts aux principes mêmes de liberté individuelle.
Les élu-e-s UMP et PS, effrayé-e-s par une contestation sociale par trop visible qui risque rapidement de remettre en cause, dans la rue plutôt que dans les urnes, leur incompétence notoire, leur corruption endémique, leur servitude au grand capital, et leur hégémonie à bout de souffle sur la scène politique française, viennent de mettre en place un dispositif sécuritaire liberticide de censure du net accompagné d’une restriction drastique de la vie privée, de la liberté de circulation et d’expression.
La prévention du terrorisme, grande cause nationale de l’oligarchie cleptocratique capitaliste, soucieuse de préserver le plus longtemps possible ses privilèges sur le dos des masses laborieuses, permet en effet à nos représentant-e-s démo-crasse-ic-ement de mettre un peu tout et n’importe quoi dans un dispositif législatif fourre tout, sous couvert de « trouble à l’ordre public ».
Dans son préambule, le projet de loi parle de la diffusion de « messages appelant au terrorisme ou le glorifiant. Ces messages participent du conditionnement idéologique et sont de nature à conduire à la commission d’actes de terrorisme. » Difficile de faire plus flou. Quels messages et sur quels sujets ? A l’appréciation de la DGSI ?
Renforcer les moyens de contrôle des populations...
Plus loin le texte parle d’acte terroristes commis « au nom d’une idéologie », sans qu’il n’y ait plus aucune référence aux jihadistes… contre la liberté d’expression.
Ce torchon fasciste se targue de « renforcer les moyens de lutte contre la propagande terroriste, tant sur le plan de la procédure pénale qu’en matière de police administrative » sans bien-sûr vouloir « réprimer des abus de la liberté d’expression, mais de sanctionner des faits qui sont directement à l’origine des actes terroristes et qui participent d’une stratégie médiatique élaborée par des groupes criminels. »
Nous y sommes, toute diffusion d’une idéologie qui n’a pas les bonnes grâces du pouvoir en place devient de fait un complot ourdi par de dangereux assassins. Fin du préambule. Amen !
Les articles de loi :
- L’article 1 limite drastiquement la liberté de circulation de toute personne « susceptible de la conduire à porter atteinte à la sécurité publique ». Plus flou comme concept tu meurs. « Le fait de quitter le territoire national ou de tenter de le quitter en violation d’une décision d’interdiction d’en sortir est puni d’une peine de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. » En clair, cela veut dire que le gouvernement s’autorise à dire qui est légitime de quitter le territoire français et qui ne l’est pas. A moins d’être aussi teubé qu’Estrosi n’importe qui est en mesure de comprendre qu’il s’agit d’une atteinte dramatique à la liberté de circulation dans et en dehors de l’espace de Schengen. Voyez plutôt : « Les personnes qui seront sorties du territoire, en dépit d’une interdiction dûment notifiée, pourront faire l’objet d’un mandat d’arrêt européen, qui sera diffusé dans le fichier du Système d’information Schengen et par INTERPOL. »
- L’article 2 limite le droit des étrangers placés sous surveillance de téléphoner à qui illes l’entendent.
- L’article 3 définit les actes de terrorisme à l’aune du matériel appréhendé susceptible de fabriquer des engins incendiaires. Camarades, diluez vos pinceaux dans du lait de chèvre pour éviter d’aller au gnouf et emportez des trousses à outil en pastique !
- L’article 4 s’attache à « lutter contre le développement, sans cesse plus important, de la propagande terroriste qui provoque ou glorifie les actes de terrorisme. » Il s’agit bien sûr de « sanctionner des faits qui sont directement à l’origine des actes terroristes ». La peine comme définie par la loi sur la liberté de la presse de 1881 passe de 5 à 7 années de réclusion. Cette loi scélérate, de plus généralise la comparution immédiate, ce qui permet à la justice de classe d’enfiler les condamnations comme des perles sans laisser le temps à la défense de se préparer.
Résistance, Sabotage & Terrorisme, bonnet blanc et blanc bonnet
L’article 5 met en exergue la notion « d’entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ». La consultation de sites internet susceptibles, toujours selon l’appréciation arbitraire de la DGSI, de faire l’apologie du terrorisme devient de fait un délit. La destruction (de quoi, on ne sait pas) par des engins explosifs devient en soit un acte de terrorisme. Si les guignols de la DGSI qui manipulent déjà les instructions de nos camarades arrêté-e-s suite à la manif du 22 février à Nantes (comme l’a montré un article de Médiapart (1) paru le 22 juillet), et qui se trouveraient donc avec cette loi inique en situation de charger le plus possible les dossiers de futures inculpé-e-s en requalifiant les faits reprochés, montés de toutes pièces tant qu’à faire, en actes de terrorisme.
Nous avons vu les conséquences d’une telle loi pour les activistes de tous poils qui se battent contre ce monde de merde. 4 de nos camarades italiens ont fait les frais de cette politique européenne du "tou-te-s terroristes". La destruction d’un engin de chantier dans le Val de Susa a valu à Chiara, Claudio, Mattia et Niccolo une condamnation à 20 années de réclusion criminelle pour terrorisme.
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