[Lille] Expulsion de la Mangouste, maison occupée dans le quartier de Lille-Grand-Palais

On savait que le squat de la Mangouste déplaisait à la police locale et à la mairie socialiste de Lille. Jeudi 26 février, cela s’est confirmé par une triste nouvelle : expulsion en plein hiver !

La Mangouste était notre maison pendant deux mois et demi. Nous avons ouvert ce lieu à huit pour y vivre ensemble et organiser des activités. Entre autre : des projections de films, des repas collectifs, des bars, et notamment un concert de soutien à la caisse anti-carcérale qui est en train de se monter à Lille. En peu de temps, la Mangouste a rassemblé plein de motivations et de gens différents. Il faut dire qu’on s’est donné à fond pour rendre cette baraque, vide depuis 6 ans, vivante et accueillante.

Dans un quartier où on chasse les pauvres pour installer les riches et jeunes branchés, à deux pas des lieux de culture officiels que sont la gare Saint-Sauveur et la maison du hip-hop, la Mangouste faisait tâche. Une énorme banderole sur laquelle on pouvait lire « Vide depuis trop longtemps, occupée maintenant » était déployée pile à la sortie du périph, en plein cœur du « centre administratif » et juste en face de la gendarmerie. Ça la fout mal quand on se prétend la « ville de la solidarité ». On a fait le choix d’être particulièrement visibles et d’essayer de tisser des liens avec les habitants du quartier, notamment des cités alentours, probablement futures cibles de la gentrification en cours. On ne s’attendait donc pas vraiment à ce qu’ils nous laissent tranquilles. D’autant que le proprio de notre baraque est l’Institut Pasteur dont le président, Jacques Richir, est adjoint au maire, administrateur de l’Opéra de Lille, de la fac catho et des hôpitaux universitaires. Autrement dit quelqu’un qui a le bras très très long.

On n’a pas été déçu : deux déploiements de keufs aussi disproportionnés qu’inconséquents jusqu’ici. Le premier a rassemblé huissiers, RG, BAC et tout le toutim mais n’a apparemment pas obtenu l’autorisation d’essayer d’entrer. Les mêmes charognards sont revenus quelques semaines plus tard, accompagnés cette fois de serruriers et du sésame leur permettant de passer à l’action : utiliser la force pour obtenir nos identités. Sauf que ces bouffons ont été tenus en échec par nos barricades, la solidarité des copains et des habitants du tiéquar. Pour le dire vite, ils se sont acharnés pendant plus de 2 heures pour ne réussir finalement qu’à se prendre de la pisse sur la tronche. Petite victoire bien savoureuse. On a aussi vu passer 5 ou 6 fois les huissiers plus quelques RG qui zonaient ces derniers jours.

Aujourd’hui ils sont revenus pour l’expulsion. Cette fois ils n’ont pas lésiné sur les moyens et n’ont pas trouvé plus glorieux que de se pointer à 6h du mat’ à 150, en mode GIPN, débarquement par la fenêtre du 1er étage, gros guns braqués sur nos tronches endormies et « montrez vos mains bien en évidence ». Le quartier était bouclé pendant 1 heure, pas moyen au moindre badaud de passer sa tête pour voir ce qui se tramait.

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Mots-clefs : expulsions

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